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Pourquoi légaliser le cannabis?

La légalisation du cannabis ne se veut pas une déroute, mais bien un encadrement qui permettra de mieux contrôler les effets néfastes possibles auprès des consommateurs et plus notamment auprès des jeunes.
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Si tout va comme prévu dans un peu moins d'un an, le cannabis sera légal au Canada. À partir du 1er juillet 2018, les adultes de 18 ans et plus pourront se procurer du cannabis dans de nouvelles succursales sous la supervision de la Société des alcools du Québec.

Depuis l'annonce de ce nouveau projet de loi par le gouvernement Trudeau, de nombreuses craintes ont surgi dans la population canadienne. Que ce soit concernant la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis, l'âge légal ou les troubles de santé mentale pouvant être associés, cela a créé et continue de créer de vives inquiétudes.

En fait, le gouvernement ne légalise pas le cannabis pour le divertissement ou parce qu'il est bon pour la santé, mais parce que l'actuelle loi prohibitionniste est bien pire et de loin. L'encadrement du cannabis ne rendra pas la marijuana accessible, elle est déjà super accessible.

Depuis plusieurs années, différentes commissions dont la commission mondiale sur la politique des drogues a démontré que les marchés illégaux et violents étaient le résultat incontournable du caractère illégal de la marijuana. Ces groupes ont ajouté que de tels problèmes ne pouvaient pas être résolus par des lois plus sévères. Par exemple au Canada, il coûte sur une base annuelle plus de 1 milliard de dollars pour l'application de la loi par les services policiers et judiciaires pour tenter de freiner l'usage du cannabis. Les études démontrent aussi que la prohibition actuelle n'empêche pas les gens de fumer de la marijuana. Face à cet échec, des spécialistes de la Santé publique tant nationale que partout dans le monde réfléchissent depuis plusieurs années, à la meilleure façon d'encadrer le cannabis. C'est dans cette perspective que l'Uruguay et certains États américains ont mis en place des politiques d'encadrement visant à contrôler la vente de cannabis. D'autres pays comme la France et le Mexique et plusieurs autres États américains réfléchissent quant à la possibilité d'aller de l'avant et d'encadrer à leur tour le cannabis.

La légalisation de la marijuana comporte aussi des risques importants de dramatiser sa consommation ou, à l'inverse, de trop la banaliser.

La légalisation de la marijuana comporte aussi des risques importants de dramatiser sa consommation ou, à l'inverse, de trop la banaliser. Les gouvernements semblent aussi conscients du danger de développer un marché basé sur la promotion à la recherche de profits, qui viserait à promouvoir la consommation du cannabis, alors qu'il peut avoir des effets négatifs sur la santé.

Il importe donc de rappeler que cette nouvelle loi n'a pas été improvisée et qu'elle est plutôt le résultat d'une nouvelle approche visant à mieux encadrer l'usage du cannabis auprès des jeunes et de la population. La légalisation offrira l'occasion de contrôler la qualité et la vente du produit, de réduire les risques pour la santé, de limiter le marché noir et de mieux informer la population.

Les jeunes en danger ?

De nombreux parents sont inquiets à l'idée que leur ado se retrouve dans un contexte où la marijuana circule librement entre amis. Ils ont raison de s'inquiéter. La marijuana est une drogue qui peut causer la dépendance au même titre que l'alcool et la nicotine. Sous cette considération, il serait préférable que les gens s'abstiennent de consommer toutes formes de cannabis.

La crainte que ce nouvel encadrement incite les adolescents à fumer de la marijuana est bien réelle.

Les experts sont clairs : les adolescents ainsi que les jeunes adultes sont les groupes les plus à risque de développer des problèmes liés à la consommation de cannabis. L'un des grands enjeux sera l'impact de la légalisation auprès des jeunes. La crainte que ce nouvel encadrement incite les adolescents à fumer de la marijuana est bien réelle.

Évidemment, même si la future loi vise à protéger les adolescents, tous savent très bien que si les jeunes veulent fumer de la marijuana, ils trouveront bien une façon de s'en procurer, ils le font déjà aisément. Une fois la loi mise en place, les ados qui décideront soit de s'initier ou de fumer de la marijuana n'auront pas d'autres choix pour s'en procurer que d'aller soit sur le marché noir ou de trouver un adulte pour leur en procurer légalement comme ils le font en ce moment pour l'alcool et les cigarettes. On sait que le marché noir continuera certainement d'exister. On sait également que c'est sur ce marché noir que l'on retrouve des drogues de synthèses risquées à prix abordables comme les amphétamines (speeds), l'ecstasy, les hallucinogènes et d'autres drogues dangereuses qui pourraient être mélangés à des substances comme le fentanyl et qui peuvent être mortels.

La croyance populaire pense que la consommation chez les jeunes et dans la population risque à court terme d'augmenter. Plusieurs voudront ''essayer'' et iront visiter les endroits où la marijuana sera vendue.

Comme le souligne Anne McLellan, l'ancienne ministre de la Justice et de la Santé qui a présidé le groupe de travail fédéral sur la légalisation, l'expérience du Colorado a de quoi rassurer. On constate que depuis la légalisation de la marijuana il y a 5 ans, le département de Santé publique de cet État démontre que la consommation chez les jeunes n'a pas augmenté, mais plutôt stabilisés.

On peut aussi se rassurer grâce aux recherches scientifiques qui démontrent que la marijuana est moins dommageable que le tabac et l'alcool.

On peut aussi se rassurer grâce aux recherches scientifiques qui démontrent que la marijuana est moins dommageable que le tabac et l'alcool. Déjà en 2002, le Rapport du comité spécial du Sénat sur les drogues illicites (rapport Nolin) concluait que l'état des connaissances scientifiques permettait de penser que, pour la vaste majorité des usagers récréatifs, la consommation de cannabis ne présente pas des conséquences néfastes sur leur santé physique, psychologique ou sociale à court ou à long terme.

Aucun décès n'est directement attribué à l'usage de la marijuana. De plus, il a été démontré que la marijuana n'était pas en soi une cause de délinquance, de criminalité ou de violence. Il est de plus établi que la consommation de marijuana ne mène pas nécessairement vers des drogues plus fortes, concluait le rapport.

En terminant...

Il importe de rappeler que la sensibilisation et l'éducation sont des outils puissants et efficaces. On n'a qu'à penser aux campagnes de prévention sur l'abus d'alcool et sur le tabac qui depuis 20 ans, donnent d'excellents résultats. Les experts en santé publique sont clairs quant à l'importance d'investir massivement dans des campagnes d'éducation et de prévention auprès des jeunes, de la population et notamment sur la conduite avec les facultés affaiblies par la marijuana.

Que l'on soit pour ou contre la légalisation, nombreux sont ceux qui pensent qu'il sera préférable qu'un jeune trouve le moyen de se procurer de la marijuana de qualité contrôlée, plutôt que chez un trafiquant.

Que l'on soit pour ou contre la légalisation, nombreux sont ceux qui pensent qu'il sera préférable qu'un jeune trouve le moyen de se procurer de la marijuana de qualité contrôlée, plutôt que chez un trafiquant. Au moins le jeune sera en sécurité et ne s'y fera pas offrir des drogues plus fortes et dangereuses. C'est tout à fait ce que mentionnait le rapport Nolin en soulignant que la marijuana peut parfois servir de «passerelle» lorsque des consommateurs s'approvisionnent auprès d'un trafiquant qui a tout à gagner de les convaincre d'acheter des drogues plus dures.

Le décompte est commencé. La légalisation du cannabis ne se veut pas une déroute, mais bien un encadrement qui permettra de mieux contrôler les effets néfastes possibles auprès des consommateurs et plus notamment auprès des jeunes.

II y aura certainement des ratés. Cependant, cette nouvelle mesure permettra entre autres de diminuer les risques pour les personnes qui achèteront légalement du cannabis, car celles-ci ne se feront plus offrir des drogues ''alléchantes'' non contrôlées et dangereuses.

Ce nouvel encadrement permettra d'avoir à notre avis, un impact réel auprès des jeunes.

L'Uruguay

Quelques exemples de lois sur le cannabis dans le monde

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