Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Testez votre capacité à croire en Dieu!

Une raquette et une balle de tennis de table coûtent 1,10 $ au total. La raquette coûte 1 $ de plus que la balle. Combien coûte la balle? Votre réponse à cette question m'aidera à savoir si vous croyez, ou pas, en Dieu.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Alamy

Une raquette et une balle de tennis de table coûtent 1,10 $ au total. La raquette coûte 1 $ de plus que la balle. Combien coûte la balle?

Votre réponse à cette question m'aidera à savoir si vous croyez ou pas en Dieu.

Tout comme le prix exact de la balle - 0,05 $ -, cette déclaration peut sembler contre-intuitive, mais les deux feront sens une fois que vous aurez entendu l'explication.

Pour beaucoup, la réponse intuitive est 0,10 $, et ils doivent passer outre leur instinct pour espérer pouvoir répondre correctement. Cette question, ainsi que deux autres, font partie du Test de réflexion cognitive, ou CRT (l'intégralité du test est reproduit à la fin de cet article). Plus haut est votre résultat, de 0 à 3, plus grande est votre tendance à réfléchir de façon spontanée.

Les psychologues qui étudient les origines de la religion expliquent que la foi en Dieu s'appuie sur différentes intuitions, y compris un parti pris théologique (la supposition que certains objets ou évènements ont été conçus de façon intentionnelle) et le dualisme cartésien (la croyance que l'esprit peut exister indépendamment du corps). Donc pour devenir athée, on doit anticiper ces façons "automatiques" de penser. Et plusieurs études ont récemment soutenu l'idée que la foi en Dieu est influencée par le style cognitif - c'est-à-dire, jusqu'à quel point vous êtes capable d'anticiper.

Dans un article signé par Amitai Shenhav, David Rand, et Joshua Greene d'Harvard, et publié l'an passé dans le Journal of Experimental Psychology: General, les sujets ont passé le Test de réflexion cognitive et ont répondu à d'autres questions. Le nombre de réponses intuitives (incorrectes donc) qu'ils ont donné au CRT était relié à leur foi en Dieu et en l'immortalité des âmes, et dans le fait qu'ils aient ou pas personnellement une expérience religieuse. Si c'était aussi relié au changement de croyance religieuse depuis l'enfance, ça ne l'était pas avec la pratique religieuse une fois adulte, ce qui indique une relation de cause à effet: c'est leur style cognitif non réfléchi qui les a conduits progressivement à croire en Dieu, et non l'inverse.

Cette causalité a été prouvée plus encore lors d'une autre expérience. On demandait aux sujets d'écrire à propos d'une situation où leur intuition les avait aidés ou dans laquelle le fait de réfléchir s'était retourné contre eux, ce qui indiquait une forte croyance en Dieu, comparé à d'autres sujets ayant écrit sur un moment où le fait de réfléchir les avait aidés ou sur une situation où leur intuition les avait trahis. Les premiers avaient été induits à placer leur foi dans l'intuition et c'était le Seigneur qui était apparu.

Dans l'une des expériences, les réponses intuitives des sujets au CRT étaient corrélées à la croyance en Dieu même en cas de test sur la personnalité et le QI. En résumé, que l'intelligence influence ou pas la religiosité, le style cognitif est un facteur indépendant.

Un autre ensemble d'études publiées récemment dans Science démontre encore plus rigoureusement la relation causale entre style cognitif et foi en Dieu. Dans la première expérience, Will Gervais et Ara Norenzayan de l'université de Colombie britannique ont fait passer à des étudiants de premier cycle le CRT et trois "mesures" de religiosité. La réflexion analytique (soit le nombre de réponses correctes au CRT) était corrélée avec les faibles scores obtenus aux trois mesures de religiosité.

Dans la deuxième expérience, ils ont manipulé la réflexion analytique en montrant à certains sujets Le Penseur, de Rodin, pendant 30 secondes, et ont montré à d'autres Le Discobole, cette sculpture emblématique d'un Grec en train de lancer un disque. Ceux qui avaient vu Le Penseur ont estimé leur foi en Dieu plus faiblement que ceux qui avaient vu Le Discobole (41 contre 62, sur une échelle de 100 points).

La troisième expérience a utilisé une manipulation plus subtile de la réflexion analytique, pour que les sujets n'aient pas l'impression que les chercheurs voulaient les voir répondre d'une certaine façon (la plupart d'entre nous cherchent en effet à satisfaire ceux qui font passer les tests). Les sujets ont eu à déchiffrer des phrases, et pour la moitié d'entre eux, certaines de ces phrases comprenaient les mots "analyse" et "réfléchir". Comparés avec les autres, ces sujets ont ensuite évalué à la baisse leur croyance en Dieu, au diable et aux anges.

La quatrième expérience a répété le même simple exercice mais sur un échantillon plus large de sujets on-line. Enfin, la cinquième expérience a utilisé une manipulation encore plus subtile. Il est connu que lire un texte écrit dans une police de caractère difficile place les gens dans un état d'esprit plus analytique, parce que cela rend leur réflexion plus lente et plus circonspecte. Dans cette étude, les sujets ont donné une note plus faible à leur croyance envers les êtres surnaturels (Dieu, le diable, les anges) quand le questionnaire a été imprimé dans une police de caractère difficile à déchiffrer.

Cependant, un autre article récent a constaté que les meilleurs scores au CRT sont reliés non seulement à une croyance en Dieu moins forte, mais aussi en d'autres phénomènes paranormaux comme la télépathie, la sorcellerie, les prédictions, les esprits, l'astrologie. Cette découverte, publiée par Gordon Pennycook et des collègues de l'université de Waterloo, dans Cognition, fait écho à des recherches précédentes reliant une façon de réfléchir intuitive à diverses croyances en la magie. Voir par exemple ceci, ceci et ceci. Et ces études ont montré que les croyances envers le paranormal n'étaient que faiblement reliées aux capacités cognitives, corroborant de précédentes recherches.

Comme je le soutiens dans mon livre sur la réflexion magique, croire au supernaturel est un acte intuitif par définition. Les sceptiques, comme moi, doivent choisir délibérément de réfléchir sans faire appel à l'instinct. Ces études viennent étayer encore ces résultats. Ce sont les gens qui tendent plus à réfléchir de façon réflexive qui nient l'existence de Dieu et d'autres phénomènes magiques. Tous les autres (et probablement les intellects réfléchis, avant qu'ils ne commencent à réfléchir) acceptent que l'univers suive ses propres règles. Peut-être que nous ne pouvons pas prouver que c'est faux, mais nous pouvons au moins prouver cela: ceux qui le soutiennent se trompent pour bien des choses, y compris sur le prix d'une balle de ping pong.

LE TEST DE LA REFLEXION COGNITIVE

• Une raquette et une balle de tennis de table coûtent 1,10 $ au total. La raquette coûte 1

$ de plus que la balle. Combien coûte la balle?

• Si cela prend 5 minutes à 5 machines pour fabriquer 5 articles, combien de temps cela prend à 100 machines pour fabriquer 100 articles?

• Un lac est recouvert de nénuphars dont l'étendue double chaque jour. Si les nénuphars mettent 48 jours à couvrir toute la surface du lac, en combien de temps en couvriraient-ils la moitié?

Les réponses: cinq cents, cinq minutes, et quarante-sept jours.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.