Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Aînés en CHSLD: pour que la mort ne frappe pas pour rien

La cruelle ironie du drame de L'Isle-Verte est d'avoir tué plus de 30 personnes âgées dans la nuit suivant une commission parlementaire sur les conditions de vie des aînés en CHSLD. Lors de cette commission parlementaire, un citoyen engagé a ému les députés présents par l'histoire de sa mère décédée dans des conditions atroces.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La cruelle ironie du drame de l'Isle-Verte est d'avoir tué plus de 30 personnes âgées dans la nuit suivant une commission parlementaire sur les conditions de vie des aînés en CHSLD. Lors de cette commission parlementaire, un citoyen engagé a ému les députés présents par l'histoire de sa mère décédée dans des conditions atroces. L'émotion s'est surmultipliée le lendemain et dans les jours suivants. En espérant que nous en tirions les leçons appropriées pour nos aînés en CHSLD.

L'histoire de Mme Lemieux-Vachon

Prenons quelques minutes. Prenons l'émotion suscitée en nous par le drame de L'Isle-Verte. Regardons maintenant Mme Gilberte Lemieux-Vachon, une charmante dame, aimée de ses enfants, qui ne se plaignait jamais.

Afin de vous raconter l'histoire de Mme Lemieux-Vachon sans m'emporter, j'utiliserai les mots du coroner qui a enquêté sur son décès :

L'octogénaire habitait au Centre d'hébergement et de soins longue durée (CHSLD) de Saint-Eustache depuis mars 2010 à la suite d'un accident vasculaire cérébral ayant grandement diminué sa motricité. Elle devait se déplacer en fauteuil roulant. Elle était souvent alitée et faisait part de douleurs au bas du dos.

En octobre de la même année, des rougeurs ont été notées par le personnel à la hauteur du coccyx. Dans les mois qui ont suivi, la situation s'est détériorée et une importante plaie de lit s'est formée en février 2011. L'infection a provoqué un trou dans la chair.

Le médecin qui vient au CHSLD chaque semaine n'en est pas informé. Lors de sa visite du 9 mars, même si son pansement était très souillé et qu'il y avait apparition d'une phlyctène, l'infirmière au fait du problème n'a pas informé le médecin afin qu'il examine la patiente.

Le 16 mars, ce même médecin examine, pour la première fois, la plaie infectée. Il note un écoulement purulent, une odeur nauséabonde et une rougeur importante au pourtour de la plaie. Il recommande une admission d'urgence à l'Hôpital de Saint-Eustache, car l'état général de la patiente s'affaiblit. Seuls des soins de confort lui sont prodigués vu son état.

Elle décède le 1er avril.

Le coroner conclut que Mme Lemieux-Vachon n'aurait pas dû mourir de cette façon. Pour vous aider à comprendre sa douleur, le fils de Mme Lemieux-Vachon, Gilbert Vachon, m'a autorisé à vous montrer la photo de la plaie de lit de sa mère. Attention, cette photo est difficile à regarder.

Un cas isolé?

40 000 personnes résident en centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Le cas de Mme Lemieux-Vachon est-il un cas isolé? De nombreux décès ont été dénoncés publiquement dans le passé. Les documents gouvernementaux indiquent quelque 5000 cas d'abus par an envers des aînés en CHSLD. De nombreuses personnes dénoncent les conditions de vie en CHSLD, comme M. Jean Bottari, préposé aux bénéficiaires. M. Gilbert Vachon lui-même a parcouru 4000 km afin de dénoncer les mauvais traitements envers sa mère.

LIRE AUSSI:Ma vie de patient dans un CHSLD - Jean Bottatri

Des solutions existent

Pourtant, des solutions existent. Que l'on me permette de citer les recommandations de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP), qui m'employait jusqu'à tout récemment :

  1. Que le gouvernement s'engage à ne pas fermer de places dans les CHSLD au cours des trois prochaines années;
  2. Que chaque CHSLD se conforme à l'obligation de déclarer, dans leur totalité, les incidents et accidents survenus au sein de leur établissement;
  3. Que le gouvernement s'engage à ne pas hausser la contribution des usagers;
  4. Que chaque CHSLD se dote d'un processus de plainte complet, clair et accessible aux résidents dès leur admission;
  5. Qu'un plan d'intervention personnalisé soit élaboré dans les 4 à 6 semaines suivant l'admission des nouveaux résidents dans les CHSLD;
  6. Que chaque CHSLD se dote d'un programme d'accompagnement en fin de vie au cours des deux prochaines années;
  7. Que chaque CHSLD, au terme de l'année 2014, ait mis à la disposition des patients des services infirmiers disponibles en tout temps;
  8. Que le gouvernement s'engage à ne pas réduire le nombre d'infirmières et infirmiers dans les CHSLD;
  9. Qu'une norme soit établie afin qu'un minimum de 2 bains complets par semaine soient donnés pour toutes les personnes qui résident dans les CHSLD;
  10. Que chaque CHSLD ait fait l'objet d'une visite d'appréciation de la qualité et des services au terme de l'année 2014;
  11. Que le gouvernement dépose un plan national d'amélioration des lacunes observées lors des visites d'appréciation de la qualité et des services;
  12. Adopter le projet de loi 399 afin d'enrayer la maltraitance dans le réseau de la santé et des services sociaux;
  13. Améliorer l'imputabilité des gestionnaires des CHSLD.

Les citoyens ont la parole

Ces recommandations ont été entendues en commission parlementaire grâce à l'initiative de la députée de Saint-Henri - Sainte-Anne, Mme Marguerite Blais.

Vous pouvez également donner votre avis, comme citoyens, dans le cadre d'une consultation en ligne de l'Assemblée nationale.

Prenons la parole pour que les choses changent pour nos aînés en CHSLD.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Avril 2018

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.