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Le NPD-Québec? Non merci

C'est peut-être surprenant, mais le NPD a encore des capacités très limitées au Québec.
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Je me sens toujours rempli d'un grand malaise lorsque deux idées particulières ressortent de temps à autre sur mes réseaux sociaux. Ce sont des idées usées, poussées par des individus autrement raisonnables, mais qui pensent avoir découvert un concept révolutionnaire qui changera pour toujours le monde tel que nous le connaissons.

La première est le vote électronique en tant qu'outil sécuritaire pour améliorer la participation démocratique. La deuxième est la création d'une aile provinciale du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui viendra sauver la belle province des méchants libéraux et qui nous dirigera vers une nouvelle ère de politiques progressistes sans précédent. Les deux sont profondément erronées, mais après avoir lu certains des commentaires en réaction à mon analyse sur les élections québécoises, j'ai besoin de mettre au défi la notion des fédéralistes selon laquelle le NPD est la réponse progressiste à nos prières laïques.

C'est peut-être surprenant, mais le NPD a encore des capacités très limitées au Québec. Sa base s'est élargie depuis la vague orange, oui, mais elle ne s'est pas encore assez enracinée pour s'entourer d'assez d'organisateurs et candidat(e)s compétent(e)s pour mener une campagne crédible au provincial. Un des plus grands obstacles après la victoire inattendue de 2011 était la nécessité d'embaucher plus de 100 employé(e)s pour soutenir la nouvelle génération de parlementaires dans leurs fonctions. Une maison sans fondation, le parti mérite d'être applaudi pour son coup de génie qui lui a permis de surmonter cette faille de conception fondamentale. La transition d'un loup solitaire se baladant dans les rues d'Outremont à une bande de chiots errants dans des jungles de béton et des paysages grandioses ne fut guère facile, et l'énergie du parti doit être consacrée au développement de leur statut fédéral, et non vers la préparation d'un plongeon fatal dans les eaux nauséabondes provinciales.

Même si le NPD récoltait un gouvernement majoritaire en 2015 - ce qui semble de plus en plus improbable - il devra continuer à consacrer ses ressources vers le maintien de leur première danse dans le siège du gouvernement. On ne quitte pas son propre bal pour se présenter à une autre fête sans invitation. Le seul scénario qui ferait du NPD un parti assez organisé et stable pour tenter de percer au Québec impliquerait deux grandes victoires majoritaires consécutives au fédéral. Ça nous emmène en 2023. Ce n'est ni durable ni réaliste comme alternative politique.

Il y a aussi le fait troublant que dans toutes les situations récentes où le NPD a formé le gouvernement ou l'opposition officielle d'une province quelconque, il n'a pas été le phare de fiscalité progressiste qui devrait être imperturbablement ancré dans son ADN politique. Aucun gouvernement NPD n'a tenté de se démarquer en tant que champion de l'accès universel aux études postsecondaires en abolissant les frais de scolarité, aucun n'a établi de système abordable de garde d'enfants semblable à celui de 7$/jour au Québec, aucun n'a fait d'offre de solutions pour passer au-delà de notre dépendance au pétrole. Le concept d'un revenu minimum garanti est invisible dans le reste du Canada et le NPD-O refuse même d'appuyer un salaire minimum de 14$/heure. Le NPD-NB a publiquement dénoncé des communautés autochtones qui défendaient leurs territoires de la fracturation illégale et le NPD-NE a songé publiquement à fermer les portes de la plus vielle institution de formation artistique au pays. Le NPD-CB a centré leur dernière campagne sur des taux de taxation corporatif extrêmement faible et la privatisation des logements sociaux et le NPD-M semble entamer un processus de privatisation de leurs ressources hydroélectriques.

Ceci va à l'encontre de ce que propose Québec solidaire, un parti résolument gauchiste et anti-colonialiste: l'éducation gratuite, l'assurance médicament publique, et l'abandon de notre dépendance à l'huile et la privatisation de nos ressources naturelles.

Certes, il n'y a aucun doute que le NPD demeure le seul parti organisé et relativement progressiste pour rallier les espoirs électoraux du monde à l'extérieur du Québec. Je suis reconnaissant du travail ingrat de plusieurs de mes ami(e)s qui se consacrent à s'assurer que le parti reste fidèle à ses racines socialistes autant que possible dans un climat politique de plus en plus conservateur. Mais pourquoi est-ce que les progressistes québécois souhaiteraient que le NPD vienne à notre rescousse quand l'alternatif politique le plus radical, organisé et rassembleur est déjà bien établi ici ?

Ah oui, ce maudit mot sacré : fédéralisme.

Québec solidaire sait bien que sa vision pour le Québec n'est pas possible à l'intérieur de la confédération. La souveraineté n'est pas l'objectif, mais bel et bien le moyen d'obtenir un futur plus vert et équitable.

Plusieurs fédéralistes refusent d'appuyer les solidaires pour cette raison. Pour eux, la loyauté à la feuille d'érable est primordiale à leur identité personnelle et ils préfèrent bouder QS en rêvant à un Québec Nouvellement Démocratique.

Malheureusement, le fédéralisme pur et dur est une des raisons principales pour la dérive à droite du PLQ au cours des dernières décennies. Quand un parti sait très bien qu'il a l'appui de dizaines de milliers d'électeur(ice)s grâce a ce seul enjeu, il n'y a aucune raison de proposer rien de plus que le statu quo lâche et prévisible. La même théorie s'applique au PQ et aux souverainistes yoloswag et ça serait la même histoire avec un NPD-Q. Quand le fédéralisme/nationalisme est le facteur décisionnel, rien d'autre à de l'importance, et nos programmes sociaux et nos ressources naturelles en payent le prix.

Heureusement pour les fédéralistes progressistes qui ne veulent pas d'un Québec libre, la souveraineté est plus ou moins le seul enjeu politique sur lequel la population est consultée. Si le 7 avril dernier nous nous étions retrouvés sous un gouvernement péquiste ou solidaire, ils n'auraient pas pu déclarer unilatéralement que le Québec est soudainement souverain.

En tant que fédéraliste, un(e) Québécois(e) a le droit de voter «non» à un Québec indépendant. Il ou elle possède un droit de parole, un droit d'organiser et de contracter ses muscles démocratiques. En tant que progressiste, c'est d'une irresponsabilité accablante de donner feu vert aux libéraux pendant quatre ans parce qu'une consultation qui se fait une fois par génération fait peur. C'est également irresponsable de faire appel un NPD provincial qui n'est ni prêt à se présenter, ni aussi révolutionnaire que Québec solidaire.

L'espoir est meilleur que la peur, mes ami(e)s, toujours, peu importe où vous vous situez sur la question nationale, c'est le temps de retrouver votre esprit solidaire.

Republié avec la permission de matness.ca

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