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Hydrocarbures: David Heurtel se fore dans le pied

Disons les choses telles qu'elles sont: ce n'est pas demain la veille qu'on ne consommera plus de pétrole au Québec. Présentement, nous importons 100% de notre consommation. Pourquoi ne pas en produire une partie ici?
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Les consultations publiques sur les évaluations environnementales stratégiques (ÉES) sur l'ensemble de la filière des hydrocarbures et sur l'exploitation potentielle d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti se sont déroulées cette semaine... et d'une bien triste façon.

Le processus bâclé et le sentiment de jouer dans une mauvaise pièce de théâtre écrite à l'avance frustrent les intervenants et risquent fort bien de jeter une ombre non seulement sur les efforts louables du gouvernement, mais sur tout le processus en général.

Soyons réalistes: les groupes qui se sont prononcés lors de ces audiences publiques n'ont en réalité eu que deux semaines pour se préparer et scruter à la loupe une quarantaine d'études scientifiques.

Comble du cynisme: le tiers des études, pourtant commandées par le gouvernement et pour le gouvernement, ne sont même pas disponibles. Ainsi, aucune consultation ne sera offerte sur celles-ci et les Québécois n'auront donc pas l'opportunité de questionner les experts sur leurs conclusions.

Le processus est tellement mal ficelé qu'il serait difficile de blâmer quelqu'un de penser que David Heurtel a agi en toute connaissance de cause dans le seul et unique objectif d'alimenter les frustrations des opposants et de nuire à un projet potentiellement porteur pour le Québec... projet auquel son parti n'a jamais véritablement cru.

Une feuille de route peu reluisante

Visiblement, tout ce que touche David Heurtel est source abondante de controverses. Dois-je rappeler qu'il a accepté, sans broncher, que son collègue Pierre Arcand, ministre de l'Énergie, ait recours à un décret spécial pour enfoncer le tracé de la ligne électrique Chamouchouane-Bout-de-l'Île dans la gorge des municipalités concernées, alors que le BAPE recommandait spécifiquement de revoir le tracé?

Ai-je besoin de rappeler qu'il a jugé bon de légiférer pour contourner le BAPE, afin que les impacts environnementaux de la cimenterie McInnis de Port-Daniel ne soient pas évalués?

Les convictions scientifiques et environnementales du ministre Heurtel sont à géométrie variable: il justifie au nom de la science le déversement de 5 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, mais refuse de commander une étude du BAPE sur le projet le plus polluant de l'histoire du Québec!

Ainsi, après s'être attaqué à la pertinence du BAPE, voilà donc qu'il s'en prend à la crédibilité des ÉES.

Les délais ridiculement courts et l'absence de 18 études majeures dans le cadre des présentes consultations traduisent le mépris du ministre Heurtel pour le processus des ÉES. Ne comprend-il pas que le Québec s'en trouve perdant? Parce qu'en entachant ainsi le processus de consultation, c'est la mise en œuvre même des projets potentiels d'hydrocarbures au Québec qu'il compromet.

Environnement et développement économique vont de pair

Si le gouvernement du Québec souhaite aller de l'avant, il devra répondre à une obligation fondamentale: celle de l'acceptabilité sociale. C'est pour cela que ma formation politique souhaite que la consultation publique liée à ces ÉES soit une réussite.

Nous avons une opportunité exceptionnelle au Québec, soit celle de se pencher sérieusement sur l'exploitation du pétrole.

Évidemment, nous devons nous assurer que toute exploitation se fasse en respectant les meilleures normes environnementales. Toutefois, exploiter notre pétrole pour parvenir à réduire notre dette ne m'apparait pas être une idée farfelue!

Disons les choses telles qu'elles sont: ce n'est pas demain la veille qu'on ne consommera plus de pétrole au Québec. Présentement, nous importons 100% de notre consommation.

Pourquoi ne pas en produire une partie ici? Un tel scénario serait à l'avantage économique du Québec.

Dans ce contexte, les ÉES jouent un rôle primordial: celui de donner l'heure juste sur la faisabilité du projet, sur les retombées économiques potentielles, sur les impacts environnementaux, etc.

Si le ministre Heurtel souhaitait faire diversion, on peut dire que c'est réussi. S'il voulait exclure les citoyens du débat et restreindre les réflexions au minimum, c'est bien joué.

Par contre, s'il souhaitait contribuer au développement de la filière des hydrocarbures au Québec, il vient certainement de se forer dans le pied!

C'est par la mise en place d'une rigoureuse consultation publique, large et approfondie, que le ministre peut convaincre la population des avantages de développer la filière des hydrocarbures chez nous.

Ce débat est des plus sensibles, mais des plus importants également. Il nous concerne tous.

Or, la transparence et la science devraient être au cœur des préoccupations d'un ministre de l'Environnement...

Pour prendre une décision éclairée sur un sujet d'une telle importance pour l'avenir du Québec, nous devrions pouvoir compter sur des avis complets et prendre le temps d'écouter les préoccupations des citoyens. Ce devrait être le rôle des ÉES et du processus de consultation en cours. Au lieu de s'élever à la hauteur de ses fonctions, le ministre trébuche, à nouveau.

Son saccage se poursuit au ministère de l'Environnement. Le ministre Heurtel perd la confiance des Québécois jour après jour. La pente sera abrupte à remonter pour son successeur, qu'on devrait connaître sous peu, j'ose espérer...

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