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La politique pour les nuls, par un nul!

On me reproche de ne pas faire mon « devoir de citoyen » en ne me rendant pas aux urnes.
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À l'occasion de la fête d'Halloween, je me suis déguisé en manifestant pour aller marcher au Centre-ville en guise de protestation contre les mesures d'austérité du gouvernement libéral. C'était une toute première expérience pour moi, qui habituellement, n'accorde peu ou pas d'attention à l'actualité politique. Ce que je connais de la politique se résume à: « On se fait fourrer à grands coups de je t'aime pas tant qu'ça, dans le ça pue! ».

Je n'ai exercé mon droit de vote qu'à une seule reprise, à mes 18 ans, parce qu'on m'avait dit que l'employeur devait nous libérer 4h avant la fermeture des bulletins de vote, un soir où je travaillais jusqu'à 21h. La raison pour laquelle je n'exerce pas mon droit de vote, pour lequel mes ancêtres, hommes de Cro-Magnon, se sont battus avec un gourdin pour l'obtenir, est bien simple. Je ne tiens pas particulièrement à choisir le visage du pantin qui va m'fourrer tout au long de son mandat en coupant dans ceci et dans cela, pour graisser la patte de ses amis à coups de contrats onéreux et d'enveloppes brunes.

On me reproche de ne pas faire mon « devoir de citoyen » en ne me rendant pas aux urnes. On me dit que quelqu'un pourrait usurper mon identité et s'approprier mon vote en l'utilisant pour voter pour un candidat pour lequel je n'aurais probablement pas voté. Ce à quoi je leur réponds que la démocratie n'est qu'une dictature déguisée. Officiellement, on a le choix de décider lequel des partis et candidats nous représentera, mais au Québec, on n'alterne continuellement entre le Parti libéral et le Parti québécois. On ne cesse collectivement de s'en plaindre. Il y a des alternatives qui, bien qu'elles soient intéressantes, n'accèderont malheureusement jamais au pouvoir, faute de budget et de notoriété. Parce qu'avouons-le, tout cela n'est qu'une question de popularité. Peu de gens votent vraiment pour les idéologies d'un parti, ils votent pour un visage populaire qu'ils aiment ou qu'ils détestent moins que les autres.

Les séparatistes frustrés et ceux qui votent stratégiquement votent bien souvent pour le PQ alors que la plupart des immigrants qui ont immigré au « Canada » (et non au « Québec ») votent libéral, de peur que le Québec se sépare un jour du Canada. Ce beau grand pays accueillant dans lequel ils ont choisi d'immigrer.

Quand on alterne entre deux partis qui nous « crossent » depuis la nuit des temps, en oubliant que celui qu'on décide de réélire 4 ans plus tard nous a amèrement déçus lors de son mandat précédent, peut-on réellement parler d'une démocratie? Bien sûr qu'on a le choix, mais, le choix de quoi? Le choix d'élire une personne qui va nous représenter en adoptant plein de mesures allant à l'encontre des valeurs que son parti à mis en avant plan lors de la dernière campagne électorale?

Même s'il y a d'autres alternatives aux partis traditionnels comme : Québec solidaire, le Parti vert, le Bloc Pot, etc. Peut-on vraiment affirmer avoir le choix? Est-ce si plaisant et si utile que ça d'aller perdre son temps au bureau de vote pour élire un parti sur lequel on va chialer pendant 4 ans? Dans le contexte actuel, c'est devenu aussi pertinent que de payer 1$ pour sauver un candidat de téléréalité. Sans compter que la phrase classique des gens indignés de savoir que quelqu'un choisit de ne pas aller voter : « Si tu ne vas pas voter, tu ne peux pas chialer » ne me convaincra certainement pas plus d'aller voter.

Quand on élit un couillon qui décide pour 8 millions de Couillard, on a droit à des prises de décisions qui révoltent les électeurs. Comme dans le cas de l'austérité budgétaire qui vient d'être décrétée par le chef du Parti libéral. C'est drôle hein, mais lorsqu'une décision gouvernementale déplait à la population, il s'en trouve très peu pour avouer qu'ils ont votés pour le parti au pouvoir. À ce que je sache, lorsqu'un parti est élu, c'est qu'une majorité de gens ont voté en sa faveur. Pourtant, cette majorité de gens se fait actuellement très discrète. C'est à croire que le PLQ a été élu par des gens qui sont tous décédés depuis la dernière élection. Il s'en trouvera certainement pour dire que le droit de vote que je n'ai pas exercé a probablement servi à les élire. Avec le niveau de corruption ridicule atteint de nos jours, je n'oserai même aller jusqu'à leur donner raison. Je ne serais même pas étonné que les votes non utilisés soient recyclés à mauvais escient. Ce qui, en cas de confirmation, me rebuterait davantage du système électoral et du beau monde politique.

Les mesures d'austérité proposées... pardons, je voulais dire imposées, sont de couper dans tous les services utiles et accessibles à la population. En plus de nous faire débourser plus de sous pour des services pour lesquels nous payons déjà largement en collectivité. Ces mesures sont prises dans le but de rembourser la dette du Québec afin de s'approcher un jour du déficit zéro.

La dette, parlons-en de l'ostie de dette. À qui exactement le Québec doit-il de l'argent?

« La dette du gouvernement québécois est due aux détenteurs des obligations qu'il a émises, la plupart d'entre eux étant soit des citoyens québécois, soit des institutions d'ici (institutions financières, régimes de retraite, fonds communs de placement, etc.). Par exemple, les campagnes publicitaires d'Épargne Placements Québec incitent les épargnants individuels à acheter des obligations du Québec.

Une partie de la dette du gouvernement est détenue hors du Québec. Toutefois, il n'existe pas véritablement de données sur les détenteurs de la dette québécoise ou sur leur pays de résidence. Dans les comptes publics (les états financiers consolidés du gouvernement du Québec), on apprend néanmoins que sur les 175,6 milliards de dollars d'obligations émises, 83,6 % sont émises en dollars canadiens, le reste étant émis en dollars américains, en yens et en euros, principalement. La dette canadienne, elle, est due à 85 % à des institutions ou des particuliers au Canada, selon le ministère fédéral des Finances. Il est probable que la réalité québécoise soit relativement similaire.

La dette du gouvernement du Québec est aussi constituée en partie d'un passif au titre des régimes de retraite, c'est-à-dire de ce que le gouvernement a promis en prestations de retraite à ses fonctionnaires sans avoir accumulé suffisamment de fonds pour remplir ces promesses. Cette dette du gouvernement n'est pas négociée sur les marchés d'obligations. Il s'agit d'une dette calculée par des actuaires, mais tout de même très réelle. Cette portion de la dette étant due aux retraités du secteur public, ce sont eux qui la « détiennent » en quelque sorte. » (Source)

La dette est grosso modo de l'argent promis par les différents paliers gouvernementaux, aux gens auxquels ceux-ci demandent maintenant de couper dans tout, afin de contribuer à rembourser, dans une proportion ridicule, cette fameuse dette qui, dans le fond, leur est due. Ils utilisent le même principe que les banques. On leur prête de l'argent afin qu'ils nous en prêtent/offrent des services, en nous chargeant des intérêts/en nous taxant sur l'argent qu'on leur confie pour leur permettre d'exister et de rouler. C'est comme ça que les banques font leur argent. Le plus triste dans tout ça, c'est que les banques comme le gouvernement ne travaillent pas pour leurs clients/électeurs. Ils se font des tonnes d'argent sur le dos des contribuables en offrant un service qui n'est pas nécessairement plus efficace que de conserver tout son argent dans son matelas. Les banques font maintenant fructifier notre argent, dans le seul et unique but de se le mettre dans les poches et nous en redemandant toujours plus, en échange de moins de services.

Les gens de la très bientôt défunte classe moyenne se font voler et violer chaque jour de leur vie par l'élite et les bandits à cravate qui en profitent. Comme des esclaves sexuels munis d'un casque de latex et d'une gaggle ball, on leur en redemande encore et encore. Continuez de creuser l'écart entre les riches et les pauvres. Continuez de réduire notre pouvoir d'achat en nous donnant l'impression d'être riches en donnant accès à toutes ces cartes et marges de crédit que le commun des mortels n'aura jamais la chance de rembourser de leur vivant. Endetter le petit peuple pour payer la dette d'une province qui souhaite devenir un pays? Ça sonne comme une recette qui n'obtiendrait probablement pas une très bonne note à l'émission Un Souper presque parfait.

L'utilisateur payeur n'a pas envie de devenir encore plus un utilisateur payeur qu'il ne l'est déjà. Coupez dans les primes de départs, dans les sorties aux restaurants, dans les résidences et voitures luxueuses, dans les octrois de contrats onéreux et surtout, les calvasses d'enveloppes brunes.

C'est certain que monsieur Couillard, ainsi que tous ces prédécesseurs et successeurs n'est que la voix et l'image de tous les gens qui profitent du système. Le pouvoir corrompt même les mieux intentionnés. Je dis souvent que le décès de Monsieur Jack Layton est la meilleure chose qui soit arrivée à sa carrière politique. N'étant jamais élu PM du Canada, il sera à jamais perçu comme le bon gars sympathique que tout le monde aurait rêvé d'avoir comme premier ministre. C'est plate, mais le rêve ne doit pas toujours devenir réalité, il doit parfois rester un rêve. Un peu comme la souveraineté du Québec. Personnellement, je n'ai pas envie que l'on devienne un pays, tant et aussi longtemps que l'on sera exploités de cette façon. Plusieurs diront qu'on se fait crosser des deux bords, soit au Canada et au Québec. Sauf que moi quand je fais mes impôts, le Canada me donne de l'argent alors que le Québec lui, m'en redemande toujours plus. #golddigger

La manifestation du 31 octobre 2014 pour protester contre l'austérité fut déclarée illégale avant même qu'elle n'ait débuté, car le trajet n'avait pas été donné aux policiers. Elle a été tolérée, car soyons honnêtes il y avait beaucoup trop de monde à gérer, malgré la présence policière accrue. Sans compter que, ceux-ci sont aussi directement visés par les mesures d'austérité. Ils portent d'ailleurs leurs culottes de clowns, justement pour manifester leur mécontentement face à la situation de leur régime de retraite. Un déguisement qui soit dit en passant, était tout à fait approprié en ce jour de l'Halloween.

Cette manifestation m'a permis de voir que les Québécois savent dénoncer des injustices dans le respect et dans un esprit quand même assez jovial, malgré la gravité de la situation. Les gens étaient fâchés contre le gouvernement Couillard, mais heureux d'être rassemblés, à marcher ensemble pour la même cause.

Côté expérience personnelle, j'ai pu brandir une pancarte avec conviction, statuer à propos de la manif sur Facebook en temps réel et j'ai même partagé l'écran avec la chef de Québec solidaire, Françoise David. Elle était en avant-plan de la caméra de Radio-Canada qui essayait sans doute de me filmer, moi, le grand Mathieu Gladu, sachant que je prenais part à ma toute première manif. Avec leurs coupes budgétaires, Radio-Canada a vite réalisé que ce n'est pas n'importe qui qui peut m'interviewer. C'est pourquoi ils ont dû se rabattre sur la vénérable Françoise David.

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