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Manque de services : la colère gronde!

Au-delà des cas individuels scandaleux révélés par des reportages, les problèmes sont systémiques et les solutions sont collectives.
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Shutterstock / LeventeGyori

Depuis quelques mois, la couverture médiatique concernant les personnes en situation de handicap a augmenté. Ce qu'on pourrait considérer comme une bonne nouvelle -un intérêt accru pour ces enjeux- révèle en fait une détresse accrue et un trop-plein de frustrations.

On peut citer ces exemples parus récemment dans les médias : l'exclusion des programmes d'intégration au Centre Miriam à Montréal de certain.es usager.es, jugé.es trop âgé.es pour continuer à recevoir des services, une famille qui a peur d'être contrainte de placer sa jeune fille polyhandicapée dans un CHSLD, ayant été refusée à un programme de soutien, les parents d'enfants autistes qui ont fait du piquetage pendant des semaines devant le bureau montréalais de la ministre Charlebois pour avoir des services de stimulation ou encore les «congédiements» chez Walmart de personnes ayant une déficience intellectuelle.

Qu'on en commun ces situations tristes à s'en arracher le cœur?

Plusieurs choses! Premièrement, elles ne représentent que la pointe de l'iceberg de l'ensemble des besoins non comblés qui constituent le quotidien de dizaines de milliers de personnes ayant une déficience physique, intellectuelle ou un trouble du spectre de l'autisme (TSA) et de leur famille.

Deuxièmement, ces exemples dramatiques mis sur la place publique sont tous en lien, de près ou de loin, avec les services dispensés ou non par le Réseau de la santé et des services sociaux.

Troisièmement, ces constats regrettables sont tous l'aboutissement d'années de compressions et de réorganisations qui ont frappé particulièrement les personnes en situation de handicap et leur famille.

Des exemples concrets de ces compressions?

L'attente d'un diagnostic en autisme, pour un enfant, peut prendre de 2 à 3 ans, ce qui implique que les services ne peuvent être dispensés pendant les années les plus importantes du développement de l'enfant. Certaines personnes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA attendent actuellement de 7 à 12 ans pour un hébergement dans une ressource supervisée par le Réseau; une attente semblable est la norme pour les activités socio-professionnelles. La réduction d'heures en soutien à domicile pour les personnes ayant une déficience motrice est décrétée régulièrement sans que l'évaluation ne révèle d'amélioration qui justifierait des coupures, ce qui mène quand même à la diminution ou au retrait de certains services essentiels (aide aux repas, au ménage et à l'hygiène personnelle)!

Nous sommes donc à bout de souffle et sommes régulièrement confrontés à un faux choix : se passer de services ou s'en payer au privé.

Nous sommes donc à bout de souffle et sommes régulièrement confrontés à un faux choix : se passer de services ou s'en payer au privé. Avoir accès à des services n'est pas une option, mais bien un droit fondamental et un impératif à une pleine participation sociale et à qualité de vie comparable à tout le monde.

Au Mouvement PHAS, depuis quelques semaines et jusqu'aux prochaines élections, notre campagne de mobilisation Nous sommes et nous voulons bat son plein. Quelle est notre demande principale? Un réinvestissement majeur dans les services de santé et services sociaux. La fin des compressions et surtout, l'élimination des listes d'attente (mais sans enlever des services aux personnes qui en ont déjà!).

Pour qu'une personne en situation de handicap ou une famille décide de se mettre à nu dans les médias, c'est qu'elle a, en général, essayé tous les recours disponibles, du commissaire aux plaintes de l'établissement jusqu'au bureau du député, en passant par le soutien d'un organisme communautaire.

Au-delà des cas individuels scandaleux révélés par des reportages, les problèmes sont systémiques et les solutions sont collectives.

Mathieu Francoeur et Florence Tiffou, Mouvement des personnes handicapés pour l'accès aux services (PHAS)

Jo-ann Arvey, Centre communautaire Radisson

Suzanne Beaulieu, la Gang à Rambrou

Marie-Josée Deit, Promotion intervention en milieu ouvert (PIMO)

Ghislaine Goulet, Comité régional des associations pour la déficience intellectuelle (CRADI)

Carmen Lahaie, Autisme Montréal

Anik Larose, Association du Québec pour l'intégration sociale (AQIS)

Isabel Molliet, Parents pour la déficience intellectuelle (PARDI)

Renée Turcotte, Solidarité de parents de personnes handicapées (SPPH)

24 avril 2018

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