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Ça fait 50 ans que les fédéralistes nous apprennent qu'on est mort.
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Mort est un adjectif qu'on lit beaucoup au sujet du Bloc québécois en particulier et de l'indépendantisme en général depuis un temps. Les commentateurs fédéralistes ne cessent de le répéter comme pour s'en convaincre eux-mêmes. Rappelant des singes jouant à la cachette ou des créationnistes s'autoconvaincant que la terre est plate: «Si je ne le vois pas, ça n'existe pas! ». Ça ne marche pas de même, l'indépendantisme n'est pas mort. Paul Desmarais est mort.

Depuis bientôt un an qu'on lit partout que la défaite du Parti québécois est sa pire défaite historique, annonçant avec celle du Bloc en 2011, la fin de l'option. On répète que jamais le PQ n'avait obtenu pire résultat. Il faut croire que tous les commentateurs politiques du Québec n'étaient pas encore nés en 2007 lorsque le PQ est tombé deuxième parti d'opposition. Là aussi, les chœurs annonçaient la mort de l'indépendantisme. J'ose croire que c'était aussi la ligne de parti d'un océan à l'autre au lendemain des référendums de 1980 et 1995.

Pourtant le soleil s'est toujours relevé le matin suivant. Le pire, c'est quand des militants s'en convainquent eux-mêmes. 8 avril passé, un péquiste me dit ça : «C'est fini! On est mort!» Mes condoléances, mon brave, tu vas me manquer.

En étudiant des journaux d'archive à la microthèque de l'Université, je suis tombé sur un article assez intéressant datant de septembre 1962. Publié dans le premier numéro du journal l'Indépendance, organe officiel du Rassemblement pour l'indépendance Nationale (RIN) et simplement signé par la Rédaction. L'article titre : «Le séparatisme est mort... vive l'indépendance». Fondé en 1960, le RIN est la charpente de l'indépendantisme comme on le connait aujourd'hui. D'abord mouvement de la société civile, il devint un parti politique le 1er mars 1963, remporta près de 6% du suffrage à l'élection de 1966 et sera dissous en 1968, invitant ses membres à joindre le Parti québécois, fraichement formé.

L'article nous apprend donc que les éditoriaux de deux journaux, La Patrie et La Presse énonçaient respectivement : «Le séparatisme est mort... il a vécu le temps d'une illusion» et «La vague séparatiste s'est perdue dans les sables».

L'histoire, elle, nous apprend que les éditorialistes malhonnêtes sont malheureusement tradition à La Presse depuis un méchant bout. Pour déclarer l'indépendantisme mort en 1962, il fallait gravement manquer d'intuition politique et de compétence journalistique... Ça ou de scrupule.

S'en est-il, la rédaction du RIN rétorqua avec un humour baveux mais serein, écrivant «le mort» pour parler du Rassemblement dans la suite du journal : «Le mort sera aussi des États Généraux du Canada français», par exemple. Heureusement que dans le temps, les rinistes, plutôt que de croire la presse de la rue Saint-Jacques, se sont dotés d'un journal pour informer le bon peuple et former les militants. N'empêche, ça fait 50 ans que les fédéralistes nous apprennent qu'on est mort. 50 ans que les indépendantistes se lèvent le matin, qu'ils achètent le journal et qu'ils y lisent qu'ils se sont réveillés morts. Pas pire, non? Selon eux, on ne serait jamais capable de faire un pays mais ça fait 50 ans qu'on fait des miracles.

Ceci dit, voir des gens morts partout pour un autre demi-siècle, ça ne me donne pas le goût de virer Canadian. Que le 21e siècle soit plutôt celui des vivants.

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