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Je ne dirais pas à Marie Saint Pierre comment s'habiller

Contrairement à ce que prétend Marie Saint Pierre, partager son opinion sur le système d'éducation n'est pas un privilège. C'est un exutoire, voire un sport de salon couramment pratiqué par le Québécois moyen. Malheureusement, ces opinions qui ont droit de cité sont aussi bien souvent fondées sur peu de choses.
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Contrairement à ce que prétend Marie Saint Pierre, partager son opinion sur le système d'éducation n'est pas un privilège. C'est un exutoire, voire un sport de salon couramment pratiqué par le Québécois moyen, mais dont certains, jouissant d'une notoriété quelconque, ont le privilège (cette fois, il en est) d'avoir une tribune pour la dilapider. Malheureusement, ces opinions qui ont droit de cité sont aussi bien souvent fondées sur peu de choses.

En mettant de l'avant trois grands axes de changement sur lesquels reposerait l'avenir du monde des affaires, Mme Saint Pierre déplore que «notre système d'éducation soit orienté sur les résultats et non le processus» et plaide pour que nous commencions «à évaluer les individus sur un ensemble de critères qui pourraient inclure les valeurs importantes de notre société soit: la collaboration, l'effort pour trouver de nouvelles façons de faire, les habitudes et comportements sociaux, l'empathie, la créativité et l'innovation».

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Bonne nouvelle Mme Saint Pierre, votre appel a été entendu il y a ... plus de 17 ans! Tout a commencé avec les États généraux sur l'éducation en 1996. De cela est née la réforme de l'éducation et son programme de formation qui a été mis en place au niveau primaire dès l'an 2000 puis au secondaire en 2006 sous le nom du renouveau pédagogique (Guimont, 2009).

Seulement, d'autres «notoriétés publiques» de votre trempe ont mis la réforme de l'éducation dans leur collimateur à commentaires et se sont plu, à tort et à travers, à la démolir sans la connaitre. Cet acharnement a commencé bien avant la publication de votre billet qui, sans même que vous le sachiez, se porte à la défense de cette réforme qui se flétrit avant même qu'on puisse en récolter les fruits.

Le programme de formation de l'École québécoise est axé sur le développement de compétences, dont les neuf compétences transversales, qui transcendent et recoupent les domaines d'apprentissage et les contenus disciplinaires, sont évaluées (ministère de l'Éducation, 2006). Parmi ces neuf, serez-vous ravie de faire connaissance avec la compétence à :

2- Résoudre des problèmes ayant comme critères d'évaluation «la formulation de solutions plausibles et imaginatives, l'utilisation de stratégies efficaces et variées et la reconnaissance des éléments de réussite et de difficulté» (p.18-19)

4-Mettre en œuvre sa pensée créatrice ayant comme critères d'évaluation «la diversité des possibilités de réalisations inventoriées, l'originalité des liens entre les éléments et la détermination d'améliorations possibles dans le processus d'innovation» (p.22-23)

5- Se donner des méthodes de travail efficaces ayant comme critères d'évaluation «l'analyse du déroulement de la démarche et la persévérance et la ténacité dans l'action» (p.26-27)

7-Structurer son identité et actualiser son potentiel ayant comme critères d'évaluation «l'effort de compréhension et d'appréciation des créations et des réalisations humaines et l'identification des moyens à mettre en œuvre pour son développement personnel» (p.32-33)

8- Coopérer ayant comme critères d'évaluation «la reconnaissance des besoins des autres et l'engagement dans la réalisation d'un travail de groupe» (p.34-35)

De ce fait, le système d'éducation reflétant «la diversité des compétences requises dans le monde dans lequel nous vivons», et que vous réclamez, existe déjà au Québec. Du moins, il existe en théorie. C'est d'ailleurs la seule chose dont nous avons de trop actuellement dans notre système d'éducation: de la théorie. D'autant plus que celle-ci est souvent non fondée et change au gré des humeurs populaires et des opportunités politiques. Il n'en irait pas autrement, pour quelque parti que ce soit, que le ministère de la Santé soit dirigé par un médecin. Toutefois, en matière d'éducation, la place est à celui qui saura en faire un enjeu électoral. Ce serait malheureusement sans surprise que je verrais à la tête de ce ministère une designer bien avant une enseignante d'expérience.

Le système d'éducation n'a pas besoin d'être repensé, il a besoin d'être. Il nécessite qu'on lui donne enfin les moyens de ses ambitions. Mme Saint Pierre, vous partagez surement l'avis selon lequel on ne fait pas une robe de soirée avec des guenilles! Pourtant, dans l'état actuel des choses, les professionnels scolaires doivent veiller à l'épanouissement du potentiel individuel et collectif des élèves avec des contraintes multiples et de tout acabit et un pouvoir quasi inexistant sur la mise en place des solutions nécessaires et réclamées pour y arriver. Mettriez-vous de côté l'urgence que vous avez si lucidement évoquée en 2005 d'investir massivement en éducation et en formation?

Le projet le plus audacieux actuellement en éducation n'est pas de le repenser, mais de le financer convenablement.

L'appel est effectivement à la responsabilité, à la responsabilité des gouvernements, mais également à la responsabilité des parents, contribuables et électeurs. Car effectivement, «si l'on veut changer les choses dans notre société, cela doit se faire au début de la chaine». Toutefois, Mme Saint Pierre, les premiers chainons de l'éducation se trouvent à la maison et le succès de tout système d'éducation est puisé à même la volonté politique du gouvernement qui le régit.

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