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Touchée droit au nord par Pierre Lapointe

Pierre, ça m'a fait tellement de bien de te voir et de t'entendre jeudi soir dernier au Centre Phi. Seul au piano, entouré d'une centaine de personnes, tu disais te sentir «au centre du monde» sur cette petite scène circulaire plantée au beau milieu d'un espace magnifique et chaleureux. Bref, tout ça pour te dire que je voulais te parler de ta chanson.
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Pierre,

Laisse-moi te raconter quelque chose. Il y a quelques années, ma grand-mère et moi venions de faire une petite visite à mon grand-père, enterré depuis peu, dans le cimetière derrière l'église du village des Éboulements. C'était l'été. Une belle journée ensoleillée et venteuse, comme c'est l'habitude dans la région. Elle portait sa veste et ses collants de laine gris. Devenue si menue, elle ne pouvait plus supporter la moindre brise. Je m'en souviens comme si c'était hier. Pointant le nord jouait à la radio. J'appréciais tellement ces après-midis passés seule avec elle... en silence. Ma grand-mère avait toujours été de nature réservée, mais depuis que sa mémoire la quittait peu à peu, encore plus rares étaient les moments où elle réussissait à exprimer sa pensée clairement avec des mots. Nous avions repris la route vers Saint-Joseph-de-la-Rive, direction la Côte de la Misère. Si jamais tu passes par là, porte attention, tu verras sur la droite, au milieu de cette route sinueuse et escarpée, un tout petit cimetière qui semble sorti de nulle part, contenant tout au plus une vingtaine de petites pierres tombales et de croix blanches en bois faites à la main.

Toujours est-il que grand-maman était dans son monde et que j'étais dans le mien. Du moins, c'est ce que je croyais. J'étais complètement bouleversée par les paroles de la chanson qui me semblaient soudainement avoir été écrites pour elle. Puis, elle s'est retournée vers moi et ma regardée. J'étais prise d'émotion, mais sentant l'insistance de son regard, j'ai essayé tant bien que mal de me contenir et me suis retournée pour la regarder à mon tour. Elle m'a dit, elle qui ne trouvait pourtant plus les mots, comme ça, tout bonnement, en pointant la radio: "C'est très beau ça!". C'était la dernière promenade vers Saint-Joseph-de-la-Rive que nous allions faire ensemble elle et moi.

Ça m'a fait tellement de bien de te voir et de t'entendre jeudi soir dernier au Centre Phi. Seul au piano, entouré d'une centaine de personnes, tu disais te sentir "au centre du monde" sur cette petite scène circulaire plantée au beau milieu d'un espace magnifique et chaleureux.

Au premier éclairage sur toi, avant même la première note, le ton était donné pour une rencontre intime, un partage. C'est que tu étais dans un état particulier, encore visiblement ébranlé par une semaine éprouvante passée au chevet de ton père. Tu nous as candidement invités à laisser de côté, au rythme de tes chansons, tous les tracas de la journée, à donner libre cours à nos émotions telles qu'elles se présenteraient à nous. Parce que tu crois à d'autres formes de communication que celle par les mots, tu nous proposais "d'être", tout simplement, avec toi.

Tout ça pour te dire que je voulais te parler de ta chanson Pointant le nord. Avant de la chanter, tu nous a dit que c'était l'une des trois premières chansons que tu avais écrites à vie. Que les deux autres avaient pris le chemin des oubliettes parce que trop mauvaises. Que d'écrire cette chanson aujourd'hui, à 32 ans, n'aurait rien d'extraordinaire, mais qu'étant donné que tu l'avais composée alors que tu n'avais que 19 ans, tu en étais tout de même plutôt fier. Et avec raison!

Tu sais maintenant quelles émotions je revivais alors que je t'écoutais. Quelques larmes ont réussi à s'échapper malgré tous les efforts que j'ai mis à essayer de les retenir, et même si tu avais bien pris soin auparavant de nous inviter à nous laisser aller. Je ne sais pas à quoi tu pensais, toi, en la chantant ou à quoi tu pensais quand tu l'as écrite à 19 ans, mais qu'importe, c'est la beauté de la chose, non? En nous l'offrant, tu nous la confies, et elle nous dit ce que l'on veut en entendre.

"Pour toutes les grands-mères de la terre, celles qui partiront dans le vent, celles qui partiront pour la guerre, armées d'enfants. Non, je ne parlerai pas, oh oh oh non, je ne parlerai pas..."

Il y a des films sur les écrans et il y a des films en chansons. Je voulais que tu connaisses celui que tu m'as fait voir quand tu chantais Pointant le nord jeudi dernier au Centre Phi.

Pierre Lapointe était invité au Centre Phi à Montréal dans le cadre de l'événement Rad Hourani sous toutes ses coutures, 5 ans de création unisexe.

Le 24 janvier dernier, Rad Hourani entrait dans le cercle très prisé de la haute couture parisienne, en présentant le tout premier défilé unisexe de l'histoire de la mode et en devenant le premier canadien parmi les grands. Ses collections sont aujourd'hui présentes dans 130 boutiques et galeries dans le monde et à travers 30 pays.

Jusqu'au 30 novembre, il se montre sous toutes ses coutures et présente une sorte de bilan de ses 5 ans de mode unisexe à travers son étude du corps humain, ses patrons, sa photographie et ses 20 collections. Très intéressant, allez faire un tour! My favorite, sa veste interactive. Très cool et amusant.

rad hourani

Image projetée par la veste interactive en question

Quelques liens

- Le site web de Pierre Lapointe

- Suivre Martine Rochon sur Facebook

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