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Trois nouveaux prophètes à l'école?

Avant de procéder à une condamnation en règle de la chose ou de dénoncer le recours à une «politique spectacle», essayons d'être ouverts. L'idée pourrait avoir du bon, mais attention aux embuches!
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Ils sont le trio de l'heure en éducation; sans pour autant être enseignants, éducateurs, ou même politiciens. Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie se sont vu confier, par monsieur Proulx, une mission de taille: celle de repenser l'école! Par contre, l'annonce - qui n'avait initialement même pas eu lieu - en a surpris plus d'un. Incompréhension, stupéfaction, doute... Si la nouvelle a vite été reprise, les réactions sur le sujet ne laissent pas croire qu'une fête sera organisée pour célébrer l'initiative.

D'emblée, on se demande pourquoi les 1,5 millions réservés à cette mesure n'ont pas été prévus pour accélérer le rythme des embauches et ainsi offrir un peu plus de services spécialisés, un peu plus rapidement. Même si l'éducation occupe une place satisfaisante dans le dernier budget Leitao, à terme, le réinvestissement prévu panse à peine les blessures que ce gouvernement a lui-même infligées au système scolaire. En ce sens, la classe politique ne doit pas se surprendre de l'accueil plutôt froid qui sera accordé aux solutions proposées. Néanmoins, et avant de procéder à une condamnation en règle de la chose ou de dénoncer le recours à une «politique spectacle», essayons d'être ouverts. L'idée pourrait avoir du bon, mais attention aux embuches!

Les têtes d'affiche de ce fameux «Lab-école» ont des curriculums vitae assez impressionnants. Ils ont fait preuve de leadership et de détermination. Les réalisations dont ceux-ci peuvent s'enorgueillir expliquent en partie le choix du ministre. Alors pourquoi y aurait-il un malaise? Au risque d'en froisser plus d'un, il faut le dire: l'école est un milieu assez conservateur et replié sur lui-même. Est-ce une critique gratuite à l'endroit des acteurs du système scolaire québécois? Non. D'ailleurs, l'Independent School Magazine, dans un article signé par l'auteur Robert Evans, expose certains faits qui portent à réflexion. À la lecture de ce texte, on comprend que les établissements d'enseignement ne carburent pas aux changements. Justin Reich, professeur au Massachusetts Institute of Technology ajoute que les enseignants sont plus susceptibles d'adopter de nouvelles pratiques si celles-ci sont proposées par leurs pairs. Nos trois « vedettes » doivent le savoir...

Le pari d'autant plus risqué, quand on sait que plusieurs pratiques probantes pour favoriser la réussite ne sont pas systématiquement appliquées, bien qu'elles puissent l'être dès maintenant, et ce, sans investissement.

Stratégiquement, le travail devra être présenté comme un exercice en recherche et développement. Une façon de préparer l'avenir en éducation, en mobilisant la société dans un projet commun. Pourquoi? Parce qu'avec cette nouveauté, les élus au pouvoir viennent de se mettre la barre très haute. Ils ont choisi de mener de front plusieurs changements culturels à la fois. Et avant de lire les conclusions d'un rapport qui présente l'école de demain, les gens sur le terrain voudront sentir ce vent nouveau qui leur est promis. Le pari d'autant plus risqué, quand on sait que plusieurs pratiques probantes pour favoriser la réussite ne sont pas systématiquement appliquées, bien qu'elles puissent l'être dès maintenant, et ce, sans investissement.

Malgré tout cela, il faut reconnaître que la vision qui se dégage de cette nouvelle politique de la réussite scolaire que l'on veut mettre en place est intéressante. Si l'engagement de plusieurs a été mis à rude épreuve ces dernières années, il semble y avoir un peu d'espoir dans l'avenir. Cependant, la peur et la douleur risquent de faire partie du processus. L'école doit maintenant ouvrir ses portes; elle doit accepter le regard externe, celui qui brise le protectionnisme. Certains devront accepter de partager le pouvoir qu'ils se sont donné. N'y voyons pas un désaveu, mais une chance incroyable de prendre du recul et d'aborder les problématiques sous un autre angle. Enfin, souhaitons que tout cela permette à l'école d'être un milieu inclusif où chacun y trouve sa place; que l'élève en sorte gagnant. Sinon, il faudra troquer l'inconfort du changement, pour celui de la situation actuelle...

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