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Les profs répondront-ils à l'invitation de Sébastien Proulx?

L'annonce de consultations publiques pour élaborer une politique de la réussite éducative a soulevé de nombreux commentaires en 48 heures.
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L'annonce de consultations publiques pour élaborer une politique de la réussite éducative a soulevé de nombreux commentaires en 48 heures. Malheureusement, les journalistes se sont attardés seulement à la possibilité que le gouvernement crée un ordre professionnel. Je trouve dommage que ceux-ci se soient limités à traiter de cette question depuis l'annonce du ministre Proulx. Il y a de multiples facteurs susceptibles d'influencer le climat et la qualité des apprentissages dans un établissement scolaire. Or, plutôt que de rechercher le sensationnalisme, il serait appréciable que les journalistes approfondissent la question de la réussite éducative en menant une enquête en profondeur. Le rôle des médias n'est-il pas d'abord d'informer la population?

Selon ma compréhension, cette consultation est vaste et s'adresse à tous. Elle vise à réfléchir collectivement à l'égard des moyens et des conditions nécessaires pour actualiser notre réseau scolaire. Il ne suffit pas de demander plus d'argent, plus de ressources ou plus d'autonomie. Il existe de multiples variables susceptibles de contribuer à la réussite éducative. Les origines socioéconomiques des élèves, les ressources scolaires et communautaires, la gestion du temps, le nombre d'intervenants que rencontrent les jeunes, la délégation des pouvoirs et le développement professionnel des intervenants n'en sont que quelques-unes. Par conséquent, on ne peut pas rejeter en bloc l'initiative du gouvernement sous prétexte que nous craignions les finalités. Ce serait faire l'autruche. Le devoir professionnel et l'éthique nous assujettissent à veiller d'abord aux intérêts de nos élèves puis à revendiquer les conditions nécessaires pour livrer nos services professionnels. Tout cela en se fondant sur des recherches et des pratiques probantes en fonction de notre clientèle.

Plusieurs sommes affublés par une charge de travail qui s'est alourdie. Celle-ci a entrainé une dynamique organisationnelle où nous sentons que le temps nous échappe. Elle nous contraint à opérer rapidement, compromettant, à la limite, la qualité des services, voire la qualité des apprentissages réalisés. Ainsi pressés par le temps, certains éducateurs ont eu tendance à s'isoler dans leur classe pendant que des parents, de leur côté, ont négligé leur participation à différents comités. L'implication des personnes concernées par l'école aux différentes instances de représentation s'est érodée dans tout le réseau scolaire.

«Nous avons une économie qui vivote et un peu plus de 50% de notre population âgée de 16 à 65 ans éprouve des difficultés de littératie»

Un proverbe dit : «seul on va plus vite, ensemble on va plus loin». En sommes-nous ici aujourd'hui parce que les changements en éducation auraient été précipités par une minorité qui ne représentait pas la majorité ou la majorité a-t-elle consciemment accepté de laisser une minorité la représenter? Peu importe la réponse. Maintenant, nous aurions avantage à nous consulter et collaborer si nous voulons changer la donne en matière de réussite éducative. Ainsi, il est juste en 2016 que le ministre de l'Éducation mène des consultations publiques. Ceci demeure une première initiative en ce genre depuis les États généraux sur l'Éducation qui remontent à 1997.

Par ailleurs, nous avons connu des réformes qui nous ont été imposées. Plusieurs les ont dénoncées. Alors voilà, l'invitation de M. Sébastien Proulx représente une occasion de nous exprimer. Ignorer cette invitation pour des motifs politiques ou par rancune après les coupures antérieures revient à tolérer plus longtemps la sous-performance de notre système scolaire.

Bref, plus de 16 000 000 000$ sont investis en éducation chaque année. Nous investissons plus que de nombreuses sociétés en éducation. Bien que nos étudiants réussissent à avoir des résultats enviables sur la scène internationale, nous ne parvenons pas à obtenir un taux de persévérance scolaire qui correspond à nos investissements. Nous avons une économie qui vivote et un peu plus de 50% de notre population âgée de 16 à 65 ans éprouve des difficultés de littératie. Ces indices sont préoccupants. Ainsi, notre taux d'alphabétisation est navrant lorsque nous nous comparons à d'autres sociétés. Tout cela alourdit la charge des services sociaux et de santé puis mine nos ambitions collectives.

Enfin, rappelons-nous que bien des élèves passent plus de temps en présence de leurs enseignants et de leurs éducateurs qu'avec leurs parents. Alors, nous occupons un rôle stratégique dans le développement des jeunes. Nous sommes les acteurs clés dans le réseau scolaire. Par conséquent, tout le Québec pourrait profiter de notre réflexion afin de produire une politique de la réussite éducative. Finalement, je résume donc la question à mes collègues : en fonction des recherches scientifiques, de votre expérience et des diverses pratiques éducatives sur la scène internationale que feriez-vous pour retenir plus de jeunes à l'école afin de parvenir à les qualifier selon les besoins modernes de notre société?

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