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À l'heure où il y a débat en France sur la possibilité que le petit gouvernement de François Hollande autorise l'enseignement en anglais dans les universités de France, il est temps que la France se réveille et sorte de l'occupation aliénante qui est la sienne depuis quelques années. Il est temps qu'elle reprenne conscience de ses propres intérêts.
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French national flag flying in front of a Government building in Paris.
Getty Images
French national flag flying in front of a Government building in Paris.

‹‹La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. (...) ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le Monde. C'est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.››

François Mitterand, peu avant son décès.

‹‹(...) Vous êtes en période de progrès, vous vous constituez des élites qui, un jour, j'en suis sûr, pourront aider la France.››

Charles de Gaulle aux Québécois de la Révolution tranquille, en juillet 1967.

‹‹Quand on ne construit pas sur des pierres, il arrive ce qui arrive aux enfants quand ils font des châteaux de sable››

Le pape François 1er.

Il y a en ce moment un important débat en France autour du projet de loi de la ministre de l'Éducation du gouvernement de François Hollande, Geneviève Fioraso. Celle-ci veut officiellement permettre l'enseignement en anglais dans les universités françaises. Cette pratique est déjà courante dans certaines écoles de commerce de l'hexagone, mais le symbole est tout de même très important. Il envoie un message fort que la langue française n'est plus aussi porteuse internationalement et que la France ne s'en orgueillit plus comme avant en ne cherchant plus à la promouvoir. Comment un pays important comme la France, avec une si riche culture et un si riche passé, peut-il ainsi mettre de côté sa langue au profit d'une autre? Bien sûr, dire que la France commerciale s'est mise au tout-à-l'anglais depuis quelques années est devenu un truisme. Mais de là à ce que l'État aille jusqu'à ouvrir l'enseignement de ses universités à la langue anglaise, il y a un pas de plus de franchi.

Cette obsession française pour la langue américaine s'accompagne également de certains signes, qui font état du fait que la France a changé... pas nécessairement pour le mieux. En effet, pour l'observateur averti, la culture française (c'est-à-dire la langue et l'esprit français) est de plus en plus absente de nos radios, de nos cinémas et de nos téléviseurs. La politique étrangère de la France semble avoir changé de cap depuis quelques années et la puissance étatique française s'est considérablement amoindrie, au profit d'une oligarchie dénationalisée qui n'est pas à l'écoute de l'Élysée.

Bref, la France n'est plus la même. Ceci s'explique par le fait qu'elle s'est progressivement insérée dans un processus et une position desquels Charles de Gaulle avait voulu la préserver, il y a de cela une cinquantaine d'années.

Quand de Gaulle disait non aux États-Unis

De juin 1940 à août 1944, la France est occupée par l'Allemagne nazie. Il s'agit de l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de France. Durant cette période, le général de Gaulle incarne la résistance française, la France libre. L'appel qu'il fait à ses compatriotes, le 18 juin 1940, marque le début de l'organisation de la résistance qui, avec l'aide des alliés, notamment américains, participera à la libération de la France en 1944.

Lors de la libération de Paris, un quiproquo annonciateur des années à venir a lieu entre de Gaulle et les dirigeants américains. Les Américains veulent entrer en libérateurs dans Paris alors que de Gaulle insiste pour que ce soit la deuxième division blindée française du général Leclerc qui entre en premier dans la capitale. C'est de Gaulle qui aura gain de cause.

Cet épisode singulier, et en apparence anodin, exprime à merveille la période qui s'ouvre alors durant l'après-guerre. L'Europe est effondrée, moralement détruite, et les Américains ont l'intention d'en profiter pour s'imposer comme la seule puissance du monde occidental. Libérer l'Europe ne constituait pas un acte pur d'altruisme pour les États-Unis. Lors de la rencontre de Yalta entre Roosevelt, Staline et Churchill, pour le partage du monde entre les Anglos-Saxons et l'URSS, Roosevelt écarte de Gaulle et la France. Au sein de la nouvelle donne géopolitique, la France n'est plus appelée à jouer le rôle majeur qui fut le sien et elle doit être subordonnée aux États-Unis. Les banquiers et le gouvernement américains vont profiter de la détresse des pays européens, qui veulent se rebâtir, pour imposer leurs conditions à travers le plan Marshall. Les Européens sont contraints d'ouvrir leurs marchés aux produits américains ainsi qu'à la culture de masse américaine. De plus, les pays européens de l'Ouest doivent se placer sous l'égide d'institutions supranationales dominées par les États-Unis, comme l'OTAN.

En somme, après la guerre 39-45, les États-Unis veulent créer un énorme bloc occidental sous leur contrôle et sous leur influence. Ils entendent incarner l'Occident et lui dicter sa conduite. La peur créée et entretenue à l'égard de l'URSS et du communisme constitue l'argument majeur évoqué auprès des populations pour justifier cette mise sous tutelle de l'Ouest par les puissants États-Unis. Jusqu'à la fin des années 1950 - alors que de Gaulle s'est retiré du pouvoir en 1946, exaspéré par la politique partisane qui divisait la France et favorisait sa mise sous tutelle -, les États-Unis réussissent leurs objectifs et la France joue le jeu, amorçant du même souffle la construction européenne voulue par les États-Unis. Mais lorsque de Gaulle revient au pouvoir lors de la crise algérienne de 1958, il entend rebâtir la France à sa façon. Il n'entend pas à ce que la France soit subordonnée aux intérêts américains et à son influence.

Pour de Gaule, la France est un grand pays, un grand peuple avec une grande culture qui possède un passé glorieux, un présent et un avenir. La France est éternelle et, surtout, elle doit être libre. Elle ne s'est pas libérée de l'occupation allemande pour se soumettre à une nouvelle forme d'occupation, plus pernicieuse, car plus discrète, mais tout aussi contraire à la liberté inhérente à la condition humaine. Le général avait compris que la liberté, pour la France (et pour tous les pays d'Europe), ce n'était pas uniquement d'être libre physiquement de l'occupation militaire, mais aussi d'être libre d'agir, de penser dans sa propre logique, pour elle-même et par elle-même. Il avait compris que les intérêts des États-Unis n'étaient pas ceux de la France, que les intérêts d'un empire ne pouvaient qu'être contraires aux intérêts nationaux de l'hexagone. Non, sous de Gaulle, la France n'allait pas devenir une simple province de l'Empire.

Par pur volontarisme politique, de Gaulle allait empêcher les desseins des États-Unis de se réaliser et opérer une véritable œuvre de redressement national pour la France. De 1958 jusqu'à sa démission en 1969, il va permettre à la France de s'émanciper de la tutelle américaine. Il met fin à la division des partis qui sclérosait la IVe République en renforçant le pouvoir exécutif entre les mains du Président et en instaurant la Ve République. Il refuse que la France soit obligée de faire les guerres impérialistes des États-Unis dans le monde en la sortant de l'OTAN et en chassant les troupes américaines du territoire français. De plus, il dote la France de l'arme nucléaire, arme de dissuasion nécessaire à son autonomie militaire. Il promeut la culture française et il favorise l'économie nationale. En terme de politique étrangère, de Gaulle favorise l'émancipation des peuples et des nations contre la politique des blocs et des grands ensembles.

C'est en ce sens qu'il promeut l'indépendance du Québec, en plus de favoriser par là même l'émergence d'une autre nation francophone susceptible de constituer un allié important pour la France. Ainsi, de Gaulle joue le jeu de la troisième voie entre les deux grands empires, américain et soviétique. À travers les anciennes colonies de la France, il allait ériger les réseaux Foccart et mettre tranquillement sur pied une alliance des pays francophones, qui va plus tard donner naissance à la Francophonie.

De nos jours, pour les États-Unis, dont les agents contrôlent en grande partie la grande presse occidentale et les mentalités, de Gaulle serait présenté comme un dictateur et un populiste, comme le sont la plupart des dirigeants qui veulent préserver leurs pays de l'hégémonie américaine. Néanmoins, grâce à de Gaulle, jusque dans les années 1990, la France a plus ou moins réussi à conserver ses intérêts et une certaine indépendance à l'égard de l'Empire. Malgré parfois certaines concessions de la part des successeurs de de Gaulle et certaines tentatives de déstabilisation, la France a réussi à conserver son autonomie et son authenticité. Mais la chute de l'URSS et la victoire des États-Unis ne permettent plus à la France de faire cavalier seul et de jouer la troisième voie.

Avec son allié britannique, les États-Unis mettent de l'avant dans les années 1980 leur alternative à la politique des blocs, leur nouvelle façon d'étendre leur influence et de contrôler les nations occidentales : le néolibéralisme. En démantelant les États, en ouvrant les marchés nationaux et en instaurant une concurrence occidentale par les divers traités de libre-échange, qui sont encore à l'ordre du jour aujourd'hui, les Anglos-Saxons s'assurent de dominer la concurrence et, progressivement, d'uniformiser l'Occident à leur image et en fonction de leurs intérêts. La concurrence libre est la loi de la nature, la loi du plus fort. Autant économiquement, politiquement que culturellement, la concurrence favorisera le monde anglo-américain en Occident. Le démantèlement de l'État français s'inscrit donc dans cette logique depuis les années 1990 et particulièrement depuis le scandale de l'affaire Elf et de la Françafrique. De plus, en remettant en cause l'enseignement de l'histoire nationale, en imposant leur culture de masse anglo-américaine à la jeunesse occidentale, c'est un nouvel Occident, anglo-américanisé, que l'on cherche à fabriquer.

Quand de Villepin dit non à aux États-Unis

Le tournant majeur à partir duquel la France a définitivement perdu son indépendance est en 2003, lorsque Dominique de Villepin n'a pas mordu aux énormes et monstrueux mensonges de l'administration américaine qui, pour des motifs impérialistes, soutenait que le régime de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive et cachait des réseaux d'Al Qaïda, alors que l'histoire nous a montré qu'il n'en était rien. De Villepin, alors ministre des Affaires étrangères sous la présidence de Jacques Chirac, a refusé, en menaçant d'utiliser le veto de la France, le vote d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant l'envahissement de l'Irak, comme le voulaient les Américains.

Sans trop s'attarder sur ce sujet, il faut néanmoins voir l'excellent documentaire sur Youtube Quand la France dit non à l'Amérique, réalisé par Élizabeth Drévillon et Vincent Nouzille - ce dernier étant l'auteur de deux ouvrages sur les dossiers secrets de la CIA concernant la France. Il faut également voir le magistral discours de de Villepin au Conseil de sécurité de l'ONU, qui sert une véritable leçon de diplomatie, de sens de l'histoire et de bon sens aux faucons de Washington. Tout ce que de Villepin a prédit dans ce discours se réalise aujourd'hui, alors que l'invasion de l'Irak a bouleversé un ordre, que la paix n'est toujours pas rétablie et que le pays est encore dans le chaos.

Quand les États-Unis obligent la France à dire oui

La France a payé cher son affront à la volonté impérialiste de l'administration Bush et des intérêts oligarchiques, qui voulaient et qui ont eu cette invasion de l'Irak. Une campagne de salissage de la France et un appel au boycott des produits français ont fait rage aux États-Unis, campagne encouragée par le pouvoir et les médias américains. Les french fries ont même été rebaptisées liberty fries par les masses américaines manipulées et fanatisées. De plus, ce faux bond de la France n'allait pas en rester là et se réduire à ces campagnes de dénigrement. Pour l'oligarchie qui domine l'Empire, il fallait s'assurer de la fidélité future de la France et qu'un tel affront ne se reproduirait plus. Pour l'Empire, les pays amis sont des amis s'ils pensent comme lui et s'ils font comme lui. Sinon, ils sont des ennemis et il faut les combattre.

De Villepin a donc été écarté de la présidence française comme successeur de Chirac en 2007 par le faux scandale de l'affaire Clearstream, duquel de Villepin a été innocenté depuis. Pour la droite, les héritiers du gaullisme ont donc été écartés pour faire entrer Nicolas Sarkozy, le grand ami de Paul Desmarais et des États-Unis, à la tête de la France. Des thinks tanks, certaines gens du milieu financier et économique français, des intellectuels atlantistes, de l'Oratoire, jouent également les collabos et s'occupent de la propagande qui sert les intérêts américains auprès de la population française.

La provincialisation de la France et son alignement sur l'Empire a donc commencé à partir de Sarkozy. Poursuite du démantèlement et de l'affaiblissement de l'État français par la privatisation de sociétés d'État comme GDF, dans la foulée du néolibéralisme anglo-saxon - pour l'avantage des oligarques qui mettent la main sur ces entreprises, bien entendu. Réintégration de la France dans l'OTAN et donc affaiblissement du Quai d'Orsay et de la politique étrangère de la France, qui ne répond plus à ses intérêts propres, mais à ceux de l'Empire. On a pu le voir notamment au Mali, alors que l'islamisme ne constituait pas une menace pour la France tant qu'elle ne s'alignait pas sur la politique américaine. Ajoutons le sabordement progressif de l'armée française.

Avec cette double aliénation politique et économique vient également l'aliénation culturelle, alors que la France se renie pour la culture et la langue de l'Empire. Le ministre de l'Éducation de Sarkozy, Luc Chatel, préconisait en 2011 de faire apprendre l'anglais aux jeunes Français dès l'âge de 3 ans. Dans un récent article paru dans Le Monde diplomatique, dans lequel il appelait la France à sortir de l'OTAN, Régis Debray se soulageait du fait que la France avait au moins réussi à conserver son cinéma. Or, si ce fait est en partie vrai, il faut voir à quel point ce cinéma est infesté de musique anglo-américaine, comme si la chanson française n'existait plus. Il faut dire que c'est vrai que cette même chanson française fait mauvaise figure tellement les entreprises culturelles - souvent anglo-saxonnes - ne mettent de l'avant que les chanteurs français qui se sont mis à l'anglais. Comble de l'aliénation culturelle, dans un journal de France 2, en janvier dernier, David Pujadas se réjouissait en rapportant que la France avait beaucoup exporté sa culture en 2012, en citant comme exemple Lou Doillon, David Ghetta et d'autres musiciens qui, à part Lara Fabian qui connaissait du succès en Russie, chantaient tous en anglais. Au sein de l'Empire, si on veut s'exporter, il faut chanter ou faire du cinéma dans la langue de l'Empire. On doit se dépouiller de ce que l'on est pour devenir l'autre.

Les Français ont toujours eu une fascination incompréhensible et maladive envers les États-Unis et la culture américaine depuis la Deuxième Guerre mondiale. Mais jamais elle n'avait été occupée culturellement comme en ce moment. La force de l'occupant est d'arriver à aliéner et à donner mauvaise conscience à l'occupé en le faisant paraître comme étant rétrograde et fermé s'il s'oppose à se laisser dominer par la culture de l'occupant. Ce dernier réussit à faire paraître sa propre culture comme incarnant le progrès, la modernité et le futur, alors qu'il fait paraître la culture de l'occupé comme incarnant le conservatisme et le passé. La faiblesse de l'occupé est d'intérioriser et de croire toutes ces sornettes.

La France doit se libérer de l'occupation

Ainsi, à la suite du refus de la France de participer à la guerre impérialiste des États-Unis en 2003, ces derniers ont fait en sorte qu'un tel refus ne se reproduise plus. Depuis lors, la France est déstabilisée, aliénée, occupée politiquement, économiquement et culturellement. Elle n'est plus à l'écoute de ses propres intérêts, mais de ceux de l'Empire anglo-américain. Ce dernier a réussi là où il avait échoué sous de Gaulle. C'est véritablement dommage car, comme le soulignait Régis Debray, depuis la guerre 39-45 et particulièrement à partir de de Gaulle, la France incarnait un autre Occident que l'Occident anglo-américain. Un Occident moins matérialiste, plus enraciné et plus humaniste que ce que présente la sous-culture de masse anglo-américaine qui est imposée aux divers États occidentaux. Elle incarnait également un Occident moins impérialiste et belliqueux, plus conscient et plus respectueux de la diversité humaine et européenne. L'Europe que veulent les États-Unis est une construction ex nihilo et fédérale qu'ils pourront mieux contrôler pour leurs propres intérêts, alors que l'Europe que voulait de Gaulle était une Europe conforme à elle-même, une Europe des nations qui collaborent et qui gardent leurs souverainetés respectives.

À l'heure où il y a débat en France sur la possibilité que le petit gouvernement de François Hollande autorise l'enseignement en anglais dans les universités de France, il est temps que la France se réveille et sorte de l'occupation aliénante qui est la sienne depuis quelques années. Il est temps qu'elle reprenne conscience de ses propres intérêts. Ainsi, malgré ce que tenteront de faire croire au peuple français tous les sophistes à la solde de l'Empire, jamais il ne sera dans l'intérêt de la France, ni d'aucun pays de renier sa langue, sa culture et son histoire pour la langue et la culture d'un autre. Cette transmutation ne peut être que dans l'intérêt d'un Empire qui cherche à atténuer son déclin, qui commence à récolter les fruits pourris qu'il a semés et au sommet duquel trône une oligarchie vorace et cupide qui sent le pouvoir lui glisser entre les doigts. Il y aura un Nouvel ordre mondial, oui, mais pas celui que cette oligarchie espérait.

Car il ne faut pas se leurrer, un autre monde se dessine progressivement sous nos yeux, bien qu'on veuille nous le masquer. Un Monde multipolaire et multilingue, au sein duquel les États-Unis ne pourront plus imposer leur volonté, leur conception déconnectée de l'homme et de la société, ainsi que leur culture de masse abrutissante. Déjà, malgré la volonté d'Israël et des États-Unis d'entraîner l'Occident dans une guerre contre la Syrie et l'Iran pour les modeler en fonction de leurs intérêts, la Russie et la Chine imposent leur volonté en empêchant Washington d'envahir la Syrie. Ce n'est peut-être pas une grande lueur, mais à l'Est du moins, il y a désormais un contrepoids suffisamment important pour freiner la voracité américaine. Entre les deux, il y a peut-être là un espace au sein duquel la France pourrait se glisser. Ainsi, à l'encontre de la thèse de Fukuyama, l'Histoire n'est pas terminée, loin s'en faut! Ajoutons surtout que les pays du BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s'apprêtent à fonder des institutions économiques internationales alternatives à celles contrôlées par les Américains. Ces pays en ont assez de voir leurs libertés brimées et de se faire dicter leur conduite en fonction des intérêts américains. Ils s'apprêtent donc à se détourner d'eux.

Demain, malgré ce que l'on tente de nous faire croire, le monde parlera le mandarin, l'arabe, le russe, le portugais, l'espagnol, l'hindi, l'anglais et, peut-être, ça dépend de la France: le français. La langue française compte encore des centaines de millions de locuteurs dans le monde et plusieurs États l'enseignent et l'ont comme langue officielle. Si la France renonce à sa langue et à son identité pour les intérêts du monde anglo-américain qui décline, elle enverra un message d'abdication et de reniement de soi à tous les francophones de la planète et le français ne fera pas partie de ce monde qui vient.

Alors, la France est de nouveau occupée? Oui, elle l'est, dans une forme d'occupation moderne, discrète, mais néanmoins réelle! C'est pourquoi elle doit retrouver son autonomie et son authenticité dans toutes les sphères de sa vie nationale: politique, économique et culturelle. Elle a toujours un rôle historique et majeur à jouer sur la planète, si elle pense France et si elle reste fidèle à elle-même. Elle le doit au Monde, à l'Occident, ainsi qu'à la Francophonie. Elle le doit également au Québec, qui, encore plus vulnérable et dans une situation plus périlleuse qu'elle encore, n'abdique cependant pas et lutte depuis deux siècles et demi pour conserver l'héritage et l'idiome légués par la France. Dans le monde multipolaire et multilingue qui s'annonce, il n'en tient qu'à elle de décider si la langue et la culture françaises auront leurs places.

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