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Au moins deux solutions pourraient satisfaire aux exigences d'un test de solidarité intergénérationnelle. La première consisterait à réduire quelque peu la hausse prévue des droits de scolarité d'une somme à récupérer auprès de la population active, sous la forme d'un impôt spécial sur le revenu. Dans l'esprit utilitaire qui l'anime, ce partage n'est pas injuste dans la mesure où la population active se dit majoritairement favorable à une hausse des droits de scolarité, alors même que ses leaders auraient sous-contribué (financièrement) au développement de l'Université.
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En ce qu'elle obéit à une stratégie presque inévitablement électoraliste, l'action du gouvernement traduit mal, face à la résistance des étudiants grévistes, la nécessité d'examiner l'un des principaux enjeux de la crise actuelle. Cet enjeu se découvre en suivant le fil des refus exprimés par les étudiants, à la suite de propositions gouvernementales concernant tantôt le régime des prêts et bourses et le remboursement des emprunts, tantôt l'étalement temporel d'une hausse des droits de scolarité, mais jamais encore la détermination globale de cette hausse (d'environ 75%). Ces étudiants rejettent des propositions qu'une majorité de Québécois estiment par ailleurs raisonnables, dégageant ainsi avec le gouvernement l'espace d'une polarisation politique en vue des prochaines élections. L'enjeu de fond, sur cet échiquier instable, n'apparaît plus comme celui de l'accessibilité aux études supérieures, puisque la conjugaison des offres gouvernementales n'aurait vraisemblablement pas pour effet de resserrer indûment l'accès à l'Université. Il apparaît plus certainement comme celui de la solidarité intergénérationnelle. Les étudiants grévistes d'aujourd'hui remettent en question l'idée que leur juste part dans le financement des universités ne correspond plus à la juste part assumée par les cohortes du passé et plus spécialement, peut-être, celles des années 70 et 80, puisque les premières hausses de droits de scolarité furent imposées à l'aube des années 90.

Au moins deux solutions pourraient satisfaire aux exigences d'un test de solidarité intergénérationnelle. La première consisterait à réduire quelque peu la hausse prévue des droits de scolarité d'une somme à récupérer auprès de la population active, sous la forme d'un impôt spécial sur le revenu. Dans l'esprit utilitaire qui l'anime, ce partage n'est pas injuste dans la mesure où la population active se dit majoritairement favorable à une hausse des droits de scolarité, alors même que ses leaders auraient sous-contribué (financièrement) au développement de l'Université.

La deuxième solution renvoie à une conception plus ouverte de la solidarité intergénérationnelle en ce sens qu'elle implique un gel des droits de scolarité combiné à une hausse de l'investissement de l'état dans l'éducation supérieure. Sauf à anticiper un revirement extraordinaire de la stratégie gouvernementale, le scénario réaliste d'un tel gel n'est envisageable que dans le cadre d'un débat public sur la question, en campagne électorale. Une telle campagne serait aussi l'occasion de délibérer plus sereinement autour des couleurs à donner à notre démocratie libérale. Mais dans la recherche d'une sortie de crise, il appartient au premier ministre de déclencher rapidement des élections ou d'offrir aux étudiants grévistes une solution satisfaisant au test de la solidarité intergénérationnelle, avec ou sans l'aide de médiateurs.

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