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La culture du viol n'est pas une invention féministe. Elle fait malheureusement partie de nos vies et nous devons lui faire face avec courage même si cela implique un difficile examen de conscience collective.
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S'aimer mieux

De l'affaire Gomeshi en passant par l'humoriste Bill Cosby et, plus récemment, les initiations universitaires et les allégations contre le député Sklavounos, nous sommes témoins d'une réalité qui nous dérange, nous choque : la culture du viol. Ne pas reconnaitre l'existence de cette dernière m'apparait absurde et cela en dit long sur le chemin à parcourir. La culture du viol n'est pas une invention féministe. Elle fait malheureusement partie de nos vies et nous devons lui faire face avec courage même si cela implique un difficile examen de conscience collective.

Pour évoluer dans nos rapports hommes femmes, nous devons identifier ce qui cloche et tout mettre en branle pour que les prochaines générations soient mieux outillées.

Ces dernières semaines, j'ai lu des textes, des lettres ouvertes, des témoignages qui m'ont bouleversé. Même si quelques-uns d'entre eux étaient écrits par des hommes (Boucar Diouf, Adib Alkhalidey), la grande majorité provenait du coeur et de la tête de femmes. Connaître leur vision, leur point de vue et leur vécu sur ce sujet délicat me semble essentiel.

Toutefois, pour que cela change vraiment, il faut absolument que les hommes soient interpellés, qu'on les amène à s'exprimer sur cette réalité, car ils sont les acteurs principaux de ce fléau que sont les agressions sexuelles.

Presque la totalité de ces dernières sont commises par des hommes. Les chiffres ne mentent pas. En revanche, ils ne veulent pas du tout signifier que tous les hommes sont de potentiels agresseurs. Ceux qui raisonnent de cette manière nuisent au débat, ils détournent le fond du problème.

En tant qu'homme, je ne me reconnais pas dans ces comportements violents envers les femmes.

Ce n'est pas l'homme que je suis et que j'ai toujours voulu être.

Mais vu que j'appartiens à ce groupe, je me dois de me questionner et d'éduquer mes confrères à respecter la femme. Je ne peux pas me laver les mains en disant haut et fort que je ne suis pas un agresseur et seulement condamner ceux qui le sont.

Entre hommes, nous avons le devoir de nous indigner lorsque nous voyons que l'un des nôtres dérape. Même si c'est «pour rire», même si c'est juste «pour s'amuser». Tout cela est très sournois, insidieux. En banalisant de petits comportements, on les accumule et l'inacceptable devient tolérable.

En tant qu'homme, quand je lis qu'une femme sur trois a été victime d'au moins une agression sexuelle depuis l'âge de 16 ans, j'ai une boule dans la gorge.

Et je rage.

Car dans cette statistique un peu froide, il y a un peu de ma mère, de ma soeur, de ma femme, de ma fille de 10 ans.

Je ne veux pas trop simplifier et accoler des étiquettes, mais plus j'y pense, plus je me rends compte qu'il y a deux types d'hommes : celui qui a de l'empathie pour la femme et celui qui n'en a pas.

Je sais que rien n'est aussi tranché que ça. Par contre, je crois que c'est aux hommes qui ressentent de l'empathie d'éduquer ceux qui n'en ont pas.

Également, la figure paternelle joue ici un rôle essentiel. Par ses comportements et le langage qu'il tient envers les femmes, le père modèle et façonne chez son enfant la façon dont il traitera les femmes.

Parlant d'éducation, j'applaudis également tout le travail de sensibilisation qu'effectue le rappeur Koriass dans sa tournée des cégeps et dans l'ensemble de son oeuvre. Il est un modèle pour les jeunes hommes qui se cherchent. Sa parole claire et percutante frappe les esprits. J'ai un immense respect pour l'homme qu'il est.

Par contre, ce n'est pas qu'aux artistes à brasser les consciences.

Il faut les imiter.

Il faut faire nous aussi des tournées dans nos familles, nos cercles d'amis.

Pour que le message passe et qu'il devienne de plus en plus fort.

Et il y a une notion qui semble problématique dans les relations intimes.

Celle du consentement.

Pour beaucoup de personnes, autant les hommes que les femmes, une relation sexuelle est l'équivalent d'un tour de manège à La Ronde.

Une fois assis et que le wagon monte sur les rails, il n'est plus possible de débarquer.

Cette analogie peut faire sourire, mais elle n'en demeure pas moins révélatrice de comment certaines personnes perçoivent les relations intimes.

La sexualité n'est pas un tour de manège.

Chaque personne impliquée dans la relation a le pouvoir de décider si elle continue, et ce, à tout moment.

Dans le même esprit, il faut arrêter de perpétuer l'idée que ce sont les femmes qui provoquent les hommes. Qu'elles récoltent ce qu'elles sèment en quelque sorte.

Une femme a le droit d'être sexy, habillée légèrement, d'être affectueuse ET de dire non à la fin. Le passage à l'acte n'est jamais la conclusion obligatoire d'un flirt.

Si le femme semblait vouloir aller plus loin et, finalement, qu'elle ne le veut plus, tout doit s'arrêter.

Il faut que les hommes se montrent plus intelligents que leurs pulsions.

Trop souvent, les femmes se sentent redevables envers les hommes, comme si elles sentaient une pression qu'elles «devaient» quelque chose parce qu'elles nous ont émoustillés, parce qu'on leur a payé à boire, etc.

Personne ne «doit» rien à personne.

Il faut que cette culpabilité latente dans nos relations hommes femmes cesse, car elle cause des dommages bien plus grands qu'on pense.

Je suis attristé de le dire, mais en observant autour de moi, et ce, même si nous sommes en 2016, le non d'une femme n'est pas l'équivalent du non de l'homme. Comme si la femme qui disait non disait toujours un peu oui de manière sous-entendue.

Tant que certains hommes ne verront pas les femmes comme étant leur égal, la culture du viol va perdurer.

La clé se trouve là.

Et cette volonté d'égalité commence dans les familles, les écoles, les milieux de travail. Le jour où l'égalité sera atteinte pour vrai, personne ne parlera plus de féminisme.

Ça ira de soi.

On a évolué, mais nous n'en sommes pas là encore.

Mais rien ne nous empêche de vouloir s'améliorer pour y arriver.

Il faut inculquer à nos garçons (surtout) que le sexe n'est jamais un devoir pour personne, mais uniquement un plaisir qui se doit d'être TOUJOURS partagé.

Sinon, ce n'est pas une relation.

Ce n'est qu'une personne qui assouvit ses pulsions au détriment d'une autre qui ne voulait plus en arriver là.

Il est clair qu'un retour du cours d'éducation sexuelle dans nos écoles serait un immense pas dans cette direction. Encore faut-il que ce cours-là soit donné par des professionnels compétents et intéressés pour qu'un véritable changement s'opère.

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