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Quel est l'emblème floral de Montréal?

Selon les experts du Jardin botanique, le choix de cet emblème sert à célébrer le retour à la vie après un hiver froid et difficile.
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Si je vous demande quel est l'emblème floral de Montréal, vous me répondez quoi ? Pour le Québec, c'est plutôt facile : le lys blanc, voyons, tu peux en voir quatre directement sur le drapeau. Pourtant, vous auriez tort. C'est en fait l'iris versicolore qui, depuis 1999, remplace le lys, qui n'est pas natif de la Belle Province. Bon, d'accord, vous ne saviez probablement pas l'emblème floral du Québec et on ne peut même pas se fier à son drapeau.

Revenons à Montréal et regardons le drapeau de la ville de Montréal pour des indices. On y retrouve encore le lys, mais aussi la rose Lancaster, le chardon et le trèfle, qui représentent les peuples européens fondateurs de la ville, soit les Français, les Britanniques, les Écossais et les Irlandais, respectivement. Une de ces fleurs est-elle ce fameux emblème ? Eh bien non.

Drapeaux de Montréal et du Québec.

Le pissenlit, le frêne, l'érable ou le nid de poule ? Non, non, non et sérieusement non. L'emblème de la ville est depuis 1995 nul autre que le Malus, de son nom latin. En français, on l'appelle le pommetier.

Notre emblème floral est un arbre à fruits ayant une floraison printanière. Selon les experts du Jardin botanique, ce choix sert à célébrer le retour à la vie après un hiver froid et difficile.

Pour avoir plus d'information, je me suis tourné vers les spécialistes du Jardin botanique de Montréal, qui m'ont aidé en répondant à certaines de mes questions. Je dois donc remercier Karine et Marie-France, qui doivent vraiment s'être demandé pourquoi je posais tant de questions sur le pommetier et ses pommettes.

Vous ne serez pas surpris par contre que Montréal ait nommé son emblème floral sous le règne de Pierre Bourque, le maire qui plantait des arbres.

Selon le communiqué de la ville du 23 mai 1995, le comité exécutif a choisi le Malus par son apparence qui, au printemps, affiche une floraison abondante aux couleurs de mauve, de rouge et de rose, et qui tout au long de l'été a un feuillage riche et vert.

Le Malus est aussi vigoureux et idéal pour les conditions urbaines difficiles, comme le Montréalais moyen, finalement.

Sa petite taille fait de cet arbre décoratif un choix populaire pour les aménagements paysagers partout sur l'île. À titre d'exemple, cet arbre décore le terre-plein de l'avenue McGill et de plusieurs parcs.

Il est important de mentionner que, tout comme le lys pour la province de Québec, le pommier et le pommetier ne sont pas natifs de la région. La légende veut que le premier pommier planté en Nouvelle-France le fût par Louis Hébert à Québec en 1629. Les Sulpiciens sont responsables de la présence de l'arbre sur l'île de Montréal, plantant beaucoup de pommiers de variétés européennes sur le flanc du mont Royal vers 1650. Voilà plus de 350 ans, Montréal possédait de vastes vergers, et la croissance de la population a forcé la disparition de l'arbre à fruits. Le pommier et le pommetier sont de très proches parents, bien sûr, et ce dernier rappelle peut-être un peu l'histoire de pomiculture de Montréal.

Les Jardins Blinkbonny en rouge sur une carte de Montréal en 1846.

Voici l'ironie par contre. Dans cette famille d'arbres, vous retrouverez le Malus pumila «Montreal Beauty» et ce pommetier décoratif aussi appelé «Belle de Montréal» ne se retrouve même plus sur l'île dont il porte le nom.

Il est possible de voir des traces de l'arbre dans des livres d'horticulture du milieu des années 1800 mentionnant que l'arbre possède des fruits larges, rouges et verts, ayant une chair acidulée qui arrive à maturité au début de l'automne, qui sont surtout utilisés pour les confitures.

Les expertes du Jardin botanique ajoutent que nous pouvons reconnaître les caractéristiques du «Montreal Beauty» par ses bourgeons floraux roses avec de très grosses fleurs blanches simples (5 cm de diamètre) et que l'arbre est sujet à une maladie fréquente appelée tavelure.

Le Descriptive catalogue of Fruits d'Ellwanger et Barry (1866) ose même dire que l'arbre est un des plus beaux pommetiers sur le marché. Cette espèce est créée entre 1825 et 1830 dans les jardins de Robert Cleghorn, qui fut le premier propriétaire de pépinière commerciale de la ville. Possédant un diplôme universitaire en botanique de l'université de Glasgow, il s'amène à Montréal au tout début du 19e siècle et ouvre une pépinière, les Blinkbonny Gardens, où il vend des arbres et des plantes fruitiers. Le Gardener's Magazine de 1840 visite même les jardins de Cleghorn et lui dédie un article complet, épaté par les talents de l'homme.

Les Blinkbonny Gardens étaient situés entre les rues Sherbrooke au nord, Berthelet (Maisonneuve) au sud, City Councillors à l'ouest, et Bleury à l'est. Aujourd'hui s'y retrouvent l'hôtel Delta et la résidence pour étudiants Evo. Il y avait aussi la «Montreal Waxen», appelée «la Cirée de Montréal» en français, aussi tirée des jardins de Cleghorn. Mais les histoires de ces deux pommettes se sont amalgamées au cours des décennies.

Il y a plusieurs emblèmes floraux sur l'île. Ces arrondissements étaient aussi des villes dans un passé pas si lointain et ont nommé leur propre emblème floral. Vous pouvez aussi consulter d'autres emblèmes sur le site de la Fédération des sociétés d'horticulture et d'écologie du Québec, et je serais curieux de savoir combien d'entre vous les connaissiez.

Verdun : La Gaillarde «Fanfare» ;

Île Bizard : Hémérocalle ;

Anjou : Hydrangée paniculée «Limelight» ;

Pierrefonds : Nymphéa odorant ;

Lachine : Sanguinaire du Canada.

La ville a plusieurs emblèmes, certains voulus, d'autres un peu moins. On n'associe pas nécessairement Montréal au pommier décoratif et, pourtant, en regardant la symbolique et l'histoire derrière l'idée, si New York est «la grosse pomme», Montréal pourrait être «la grosse pommette» !

Ce billet a été initialement publié sur le blogue ProposMontréal.

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