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Pourquoi nous ne devons pas privatiser la Société canadienne d'hypothèque et de logement

Visiblement, le ministre des Finances Jim Flaherty n'a tiré aucune leçon de la crise économique qui a touché les États-Unis et le monde dans les dernières années. Son intention de privatiser la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) pourrait se révéler très dangereuse pour le Canada. Devant le tollé soulevé par cette idée saugrenue chez plusieurs journalistes, économistes et spécialistes, le ministre n'a pas rassuré personne. Au contraire!
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Visiblement, le ministre des Finances Jim Flaherty n'a tiré aucune leçon de la crise économique qui a touché les États-Unis et le monde dans les dernières années. Son intention de privatiser la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) pourrait se révéler très dangereuse pour le Canada.

Devant le tollé soulevé par cette idée saugrenue chez plusieurs journalistes, économistes et spécialistes, le ministre n'a pas rassuré personne. Au contraire! Confronté à mes nombreuses questions à la Chambre des communes à ce sujet, M. Flaherty n'a pas fermé la porte à la privatisation de la SCHL, se bornant à dire qu'il n'avait pas l'intention d'aller de l'avant avec ce projet «pour le moment». A-t-il un agenda caché à long terme? Poser la question, je crains que ce soit malheureusement y répondre.

Pourtant, la SCHL est une richesse incroyablement précieuse pour les Canadiens.

Fondée en 1946 après la Deuxième Guerre mondiale, cette société d'État responsable de l'habitation au Canada avait pour mandat de répondre aux besoins de logement des anciens combattants de retour au pays et de s'occuper de divers programmes de logement.

Au fil des décennies, l'institution s'est développée en mettant sur pieds des programmes destinés, entre autres, aux familles, aux Autochtones et aux personnes handicapées. Elle a conclu des partenariats avec des OSBL et participé à la construction de coopératives d'habitation. Elle a contribué à la recherche en matière d'habitation et encouragé la rénovation d'habitations insalubres.

Mais la plupart des gens connaissent surtout la SCHL par son populaire programme d'assurance prêt hypothécaire. Celui-ci permet aux personnes qui n'ont pas 20% de liquidité à mettre comme mise de fonds pour l'achat d'une propriété à pouvoir tout de même obtenir un prêt d'une institution financière.

Puisque l'intérêt premier des compagnies privées est de faire du profit, la privatisation de la SCHL ferait disparaitre d'un coup ces acquis. Un marché déréglementé pourrait surchauffer, exactement comme cela s'est produit aux États-Unis.

Les risques de voir se gonfler une bulle immobilière augmenteraient. Lorsque l'offre excède la demande, la valeur des propriétés est affectée à la baisse et peut mener à un krach si la valeur de l'emprunt est plus haute que la valeur de la propriété.

Le ministre Flaherty est assez intelligent pour savoir tout cela. Malgré tout, il souhaite abandonner le meilleur outil que nous avons à notre disposition pour assurer la confiance et la stabilité du marché immobilier au pays. C'est proprement incompréhensible.

Le gouvernement canadien devrait plutôt tirer des leçons de ce qui est arrivé aux sociétés par actions Fannie Mae et Freddie Mac aux États-Unis qui, au plus fort de la crise des subprimes, ont dû être secourues par les contribuables américains. Qu'arrivera-t-il si la SCHL, une fois privatisée, échoue comme elles? Le gouvernement devrait réparer les pots cassés. Avons-nous vraiment les moyens d'affronter une telle catastrophe?

À la lumière de toutes ces informations, je crois qu'il est essentiel de garantir le caractère public de la SCHL. C'est seulement ainsi que nous pourrons continuer à aider les gens à trouver des solutions à leurs problèmes d'habitation. J'invite dès maintenant le ministre Flaherty à rassurer, une fois pour toutes, la population au sujet de ses intentions.

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