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Le français n'est pas suffisamment important pour être un prérequis obligatoire afin de diriger la diplomatie au Canada. Visage d'un pays bilingue, le nouveau ministre des Affaires étrangères ne parlera que dans une langue, celle de la majorité.
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Alors qu'il était en Islande, le premier ministre Philippe Couillard s'est adressé à son auditoire en anglais exclusivement. Pas de bonjour, pas d'introduction en français. Inutile, le monde entier sait que le Québec est francophone. Nul besoin de le rappeler dans les forums internationaux.

La nomination d'un unilingue anglophone au ministère des Affaires étrangères relève de la même logique tordue. Le français n'est pas suffisamment important pour en faire un prérequis obligatoire pour diriger la diplomatie au Canada. Visage d'un pays bilingue, le nouveau ministre des Affaires étrangères ne parlera que dans une langue, celle de la majorité. Et n'en déplaise aux tenants du bilinguisme institutionnel, c'est dans cette langue qu'on gagne des élections au Canada.

« Comme religion, le bilinguisme est un dieu qui a échoué », disait Stephen Harper, en anglais, en 2001. Et depuis qu'il est majoritaire, il ne cesse de nous faire la démonstration que le français n'est pas sa priorité. Nous avons donc Justin Trudeau et Thomas Mulcair qui veulent un bilinguisme coast to coast, un gouvernement fédéral pour qui le français n'a pas d'importance et un gouvernement à Québec qui croit qu'il n'y a qu'en anglais qu'on peut faire des affaires avec l'étranger.

Pour le Bloc québécois, le français au Québec est un atout, pas un fardeau. C'est le ciment qui nous unit, notre ADN, le moyen d'expression de notre identité à la face du monde, ce qui nous différencie en Amérique, notre marque de commerce à l'international. Le français nous définit comme une nation unique, forte et déterminée. Une nation qui a du caractère, qui se tient debout. Il me semble que ce sont là de bons arguments de vente qui devraient donner le goût aux pays du monde entier de faire des affaires avec nous.

Quand ce qui nous définit est tu par notre premier ministre et ignoré par le nouveau chef de la diplomatie canadienne, on met dans l'obscurité la nature même du Québec. Le Québec n'est pas bilingue - un grand nombre de Québécois le sont et c'est une bonne chose -, il n'a qu'une langue officielle et c'est le français. Notre résilience est celle de la diversité culturelle face à la tendance uniformisante de la mondialisation.

Sans exception, tous les gouvernements québécois depuis 1965 ont demandé à pouvoir conduire eux-mêmes, directement et en leur propre nom, leurs relations internationales dans leurs champs de compétence.

Depuis que cette demande a été formulée par Paul Gérin-Lajoie, le gouvernement fédéral refuse d'en reconnaître la validité. Ottawa a toujours été complètement fermé à l'idée que le Québec puisse être pleinement autonome à l'intérieur de ses champs de compétence dès lors qu'ils s'exercent à l'étranger. Le bras de fer Québec-Ottawa dure depuis 50 ans.

Puisque même la Constitution imposée de force au Québec nous accorde ce pouvoir exclusif de mettre en œuvre les accords internationaux dans ses champs de compétence, rien ne justifie que ce soit Ottawa qui les négocie et les ratifie.

Les conservateurs avaient promis de régler cette question en faisant une série de promesses ambitieuses lors de l'élection de 2006. Ils n'ont respecté aucune d'entre elles. Pire, aujourd'hui, Ottawa piétine encore une fois la capacité de représentation du Québec en tant que nation francophone sur la scène internationale en nommant un unilingue anglophone, Rob Nicholson, au poste de ministre des Affaires étrangères.

Et dire que, pendant ce temps, Graham Fraser s'inquiète de l'avenir de l'anglais au Québec...

Le premier ministre du Québec doit rectifier le tir et mieux défendre le français comme langue commune ici et comme véhicule de la diversité culturelle à l'étranger. Et le gouvernement fédéral doit laisser le Québec prendre sa place à l'international.

Il nous faut des députés du Bloc québécois pour ramener la présence du français à la Chambre des communes. Il ne faut pas se résoudre à ce que le Québec soit mis à l'écart, réduit à une composante domestique qu'on peut laisser de côté. Il faut de députés du Bloc pour paver la voie à la seule condition du plein épanouissement du Québec et de son rayonnement dans le monde, le statut de pays libre et indépendant!

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