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C'est toujours le même discours qui surgit. Et c'est pareil lorsqu'il est question d'agressions sexuelles. C'est simple, de l'enfance à l'âge adulte, on prêche la prudence aux filles.
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Ça fait une dizaine de jours que je veux écrire ce texte. J'ai des notes éparpillées dans mon cellulaire, sur des bouts de papier, dans des courriels que je me suis envoyés. J'ai voulu écrire sur le sujet avant même que Patrick Lagacé ne publie sa série sur Noémie.

L'élément déclencheur? Les statuts Facebook que j'ai vu défiler à la suite de la disparition, puis du sauvetage de la jeune Jade. La plupart des gens parlaient de l'urgence de protéger «nos» filles, de les informer des dangers des gangs de rue, de leur apprendre à se méfier dès le plus jeune âge, d'envoyer des intervenants dans les écoles primaires, etc.

Je me suis dit, oui, ok, je suis d'accord avec tout ça, toute bouleversée que je suis moi aussi par la médiatisation récente de plusieurs cas de disparition de jeunes filles, dont certaines tombées entre les griffes de pimps. Mais, si on veut faire de la prévention, pourquoi diable se contenterait-on de parler aux filles?

C'est toujours le même discours qui surgit. Et c'est pareil lorsqu'il est question d'agressions sexuelles. C'est simple, de l'enfance à l'âge adulte, on prêche la prudence aux filles.

Une vague d'agression dans les taxis? Le SPVM recommande aux Montréalaises de les boycotter. Les cas de viols liés au GHB se multiplient sur les campus? Les universités réagissent en enjoignant les étudiantes à garder un œil sur leur verre. Le gouvernement lance un forum itinérant sur les agressions sexuelles? On nomme quatre femmes députées pour mener le tout à bien.

Invariablement, il semble que seules les femmes soient concernées. Ben quoi, c'est normal, non? Après tout, 83 % des victimes d'agressions sexuelles au Québec sont de sexe féminin.

Non, pas normal. Le temps est venu de faire en sorte que les hommes aussi soient et se sentent concernés.

Comment?

Comme je le disais, j'ai mis dix jours à me décider à écrire le texte que vous êtes en train de lire. La beauté avec le fait de procrastiner, c'est que tôt ou tard, quelqu'un finit par faire une partie du travail à votre place.

J'ai donc été ravie hier matin de tomber sur ce témoignage d'une mère qui exprime parfaitement ma conviction la plus intime, c'est-à-dire que l'éducation des garçons constitue LE chantier principal en matière de prévention des agressions sexuelles.

Parce que, vraiment, j'en ai plus que soupé d'entendre ce commentaire d'apparence anodine de la part de parents, hommes ou femmes, lorsqu'il est question d'enjeux féministes, de prostitution et d'agressions sexuelles: «Ouf, tout ça est tellement complexe. En tout cas, une chance que je n'ai pas de fille!»

Erreur, grave erreur.

Vous êtes en première ligne du changement social. Vous êtes au front. Vous comme personne pouvez contribuer à changer les choses. Alors ne soyez pas si soulagés.

Changer de paradigme

De toutes les personnes agressées sexuellement au Québec, année après année, 52% sont des femmes mineures.

Je répète, la moitié des victimes québécoises d'agressions sexuelles sont des jeunes filles.

Alors, au lieu de leur répéter ad nauseam d'être prudentes, une stratégie visiblement inefficace - en plus d'être culpabilisante pour les victimes -, il serait grand temps d'agir à la source en enseignant aux garçons à ne pas agresser, et ce, dès la tendre enfance.

Les relations saines et égalitaires ne tombent pas du ciel. Respecter les femmes, les considérer comme égales et non comme des objets servant à assouvir ses pulsions, en constitue le socle. Il faut que ça entre au poste, s'imprègne durablement chez tous, que ça soit largement véhiculé à la maison, à l'école, dans les médias, partout.

Éduquer les garçons à l'égalité dès le plus jeune âge, c'est s'assurer que, plus tard, ils ne leur viennent jamais à l'idée de toucher une femme sans son consentement, comme on cueille un fruit, ou de commander une fille sur internet «comme on commande une pizza».

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