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Rédiger des guides de voyage n'est pas le métier de rêve que vous croyez

Écrire un guide de voyage : le rêve! Sauter dans un avion, partir à l'autre bout du monde, et hop!«Cool, des vacances aux frais de la princesse!», m'a-t-on si souvent dit... Mais bien sûr...
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Écrire un guide de voyage : le rêve! Sauter dans un avion, partir à l'autre bout du monde, et hop! «Cool, des vacances aux frais de la princesse!», m'a-t-on si souvent dit... Il y a quand même quelques mythes qui ont la peau dure... C'est une vraie chance, certes, de partir dans ces conditions, mais on ne l'a pas tout cuit dans le bec...

Voici les principaux les mythes sur ce métier.

Mythe numéro 1 : ce travail permet de découvrir de nouveaux pays

Faux : On vous enverra surtout dans les pays que vous connaissez bien!

Lors de l'entretien, mon interlocutrice semblait se demander si elle misait sur le meilleur cheval. «Ai-je raison de l'envoyer là-bas?», demandaient ses yeux à rayons X. Je certifiais donc que je connaissais très bien la destination dans laquelle j'avais habité plus de huit ans. Dans ce cas, Hong Kong et la Chine que j'avais sillonnés en long, en large et en travers. J'y retournais très souvent. De plus, je parlais la langue (le chinois, dans ce cas).

Savais-je écrire? Elle me fit ensuite écrire un «essai» qui fut accepté. Ouf. Elle avait besoin de s'assurer de mes capacités à aligner trois mots compréhensibles à l'écrit.

Mythe numéro 2 : ce travail offre des vacances tous frais payés

On part le nez au vent, donc, et youpalala! Un auteur de guides de voyage? Une bonne majorité des lecteurs pense donc que celui-ci s'envole en vacances, tel un touriste lambda... Avec en prime, le billet d'avion offert, l'hôtel, les frais de transports, etc.

En réalité : Ma patronne m'avait bien expliqué qu'on n'était pas là pour rigoler. Pour préparer son voyage, on fomente, tel un stratège, un véritable plan d'invasion du pays. Imaginons Hong Kong, Shanghai, Pnom-Penh ou Bangkok. Sur un plan, je découpe la ville en parts de tarte, autrement dit : par quartiers. Au fur et à mesure, je classe chaque site d'intérêt, chaque hôtel, restaurant, cafés, bars, etc. Tout ce qui est susceptible d'être visité ou testé. Je planifie, par quartier, chaque hôtel à voir, chaque musée...

Ça prend moins de temps que ça n'y paraît parce que tout le monde parle globalement de la même chose. Il suffit de regarder ce que disent les autres guides. Ensuite, j'évalue le temps que chaque visite peut prendre avant d'établir la planification de mes journées.

Sur le terrain

Le cahier des charges établi, on perd beaucoup moins de temps. On court, on court, mais en sachant où on va. Sur le terrain, donc, on est sur le pont généralement de 8 h du matin à 22 h, «dépendamment» de la taille de la ville visitée. Quand on visite un site, on a intérêt à prendre un sacré paquet de notes, pour que le lecteur et nous-mêmes nous y retrouvions hors contexte. On devient aussi cartographe. On vérifie les plans, toutes les infos, l'existence - ou non - de certains sites. On annote les dernières trouvailles, etc. Certes, on est payé.... Tout travail mérite salaire.

Vous ne deviendrez pas milliardaire! Le budget est modéré, et le salaire, aussi. Mieux vaut avoir d'autres cordes à son arc, donc un autre emploi.

Mythe numéro 3 : on teste tous les hôtels et les restaurants que nous conseillons

Chaque guide conseillera toujours l'hôtel ou le restaurant incontournable où il faut absolument aller! (Qu'on retrouve un peu dans tous les guides).

En réalité

Il est impossible pour un auteur de tout tester. Sur le terrain, s'il fallait tester tous les restaurants, alors je devrais passer un an sur place à aller goûter tous les bons petits plats à chaque déjeuner et dîner. C'est impossible, le temps, c'est de l'argent! On en essaie un certain nombre, et en visitons d'autres. Certains coreligionnaires vont interroger les locaux, voir les expatriés, pour coller les bonnes adresses. Certains se contentent juste de noter l'adresse...

À moins de visiter des hôtels mythiques, débarquer dans chaque hôtel pour visiter les chambres n'est pas passionnant, mais c'est amusant tout de même. Lorsque l'on rentre dans certaines maisons d'invité, on tombe sous le charme ou on tourne - presque - de l'œil parfois même on a envie de prendre ses jambes à son cou.

En général, j'explique au réceptionniste que j'attends l'équivalent d'un bus d'amis, qui veulent des chambres à tous les prix, toutes les tailles, toutes les couleurs... Dans les établissements haut de gamme, je dois m'annoncer haut et fort. Régulièrement jaillit de nulle part, la Public Relations Manager. Elle m'emmène faire une visite guidée de l'hôtel comme si j'allais visiter la Cité Interdite.

Tels des explorateurs, nous partons à l'assaut de l'établissement armés d'une bonne dizaine de «clés».

On arpente alors la «standard room», l'«executive room», la «senior executive room», la «Presidential Suite»... Les tailles des chambres deviennent exponentielles, les vues et les tarifs aussi... La visite terminée, je ne peux échapper au verre de vin ou au café en compagnie de mon guide. Il ou elle m'énumère les innombrables qualités de l'établissement.

Après ma passionnante heure de rencontre (durant laquelle j'essaie de glaner d'autres infos sur la ville), je repars avec une plaquette de l'hôtel. Si je les ramenais toutes à chaque fois, j'aurais dû louer un conteneur de 20 pieds.

Mythe n°4 : le guide que vous achetez donne des nouvelles fraîches

Les mises à jour... D'aucuns s'étonnent, après s'être rendus à une adresse de restaurant de bon cœur, qu'elle ait carrément disparu de la surface de la terre. La mise à jour, figurez-vous que ça coûte très cher! Elle est faite, mais, selon les maisons d'édition, plus ou moins avant les calendes grecques.

Compte tenu du temps qu'implique la préparation du voyage, de l'enquête sur le terrain, de la rédaction, puis de la fabrication de l'ouvrage, les guides ne sont pas entièrement remis à jour tous les ans. Préférez donc un guide officiellement remis à jour tous les trois ou quatre ans. C'est plus plausible qu'un guide «réédité» tous les ans.

Maintenant, vous savez tout, ou presque! Je le confirme : écrire un guide, c'est le rêve.

Marie-Laure de Saint-Remy est auteur de guides et Blogueuse de voyage. Plus d'informations sur genevetrotter.com

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Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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