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J'ai participé à la marche des femmes à Boston

J'étais avec ma fille de 12 ans. Je tenais à ce qu'elle voit cette manifestation. Je voulais qu'elle soit témoin de la solidarité féminine et qu'elle puisse voir qu'il est possible de se rassembler et s'affirmer publiquement sans violence.
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La file d'attente pour prendre le train en direction de Boston était très longue, plus longue que d'habitude. Quand le train est arrivé, les gens se sont faufilés à toute vitesse. Le contrôleur n'en croyait pas ses yeux, le train était déjà rempli après seulement trois arrêts. Les gens s'entassaient sur des sièges, on levait à bout de bras les poussettes, les bébés s'accrochaient à leur mère, et pourtant, il y avait dans cette cacophonie un air de fête. Certaines personnes chantaient et on riait fort. On aurait dit un train joyeux qui partait en colonie de vacances. Le contrôleur n'a jamais eu le courage de venir collecter le billet de passage, tant mieux, j'avais oublié de l'acheté tellement j'étais préoccupé par cette marche des femmes.

J'étais avec ma fille de 12 ans. Je tenais à ce qu'elle voit cette manifestation. Je voulais qu'elle soit témoin de la solidarité féminine et qu'elle puisse voir qu'il est possible de se rassembler et s'affirmer publiquement sans violence. À l'air du monde virtuel, être dans un vrai bain de foule et témoin d'un moment historique est plus que nécessaire.

J'ai rencontré une amie dans le train. Elle habite dans mon quartier et était accompagnée par un groupe de mamans. J'ai été surprise de voir autant de mamans de mon voisinage. Voyez-vous, on n'affiche pas trop ces couleurs dans mon quartier et c'est bien ça le pire. Quand tu ne sais pas avec qui tu parles, la méfiance s'installe. On ne peut pas entretenir la même relation avec quelqu'un qui a voté pour Hillary Clinton et quelqu'un qui a voté pour Donald Trump. Par exemple, quand tu ne sais pas pour qui ton voisin a voté, tu prends tes distances par mesure de protection.

Le parcours en train a pris le double du temps, mais finalement nous avons pu nous diriger vers le Boston Common Park. Il y avait beaucoup de sécurité : des camions de vidange obstruaient les routes principales afin d'éviter qu'un poids lourd fonce dans la foule. Ma fille m'avait mentionné ses craintes avant de partir : « Maman, c'est le meilleur endroit pour mettre une bombe, comme celui du marathon de Boston ». J'ai essayé d'apaiser ces craintes en balbutiant quelques mots, mais quoi dire quand on vit dans un monde où le terrorisme peut frapper n'importe où, n'importe quand ? Le danger semble omniprésent... surtout avec la venue du nouveau président, la manifestation en étant bien la preuve.

Le parc était couvert d'une foule exubérante. Plus de 125 000 personnes étaient présentes. Des vieux et moins vieux, des jeunes parents, des ados et surtout des femmes. La plupart des gens brandissaient une affiche au bout de leur bras. Chacun s'exprimait. On pouvait lire un infirmier qui demande que Obamacare ne soit pas abolie, car il craint que ses patients ne puissent être soignés, une femme qui demande la paix, une autre qui dénonce le sexiste, enfin la liste est longue. Plusieurs personnes ont parlé, dont le maire de Boston, Marty Walsh et la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Les gens écoutaient et réagissaient au propos. J'ai voulu mettre des images sur les médias sociaux, mais étrangement internet ne fonctionnait plus. On s'est tous dit que c'était un coup monté de Trump, le roi des médias sociaux.

Je suis restée deux heures. Deux heures à écouter, observer et surtout me demander si le message va passer. Si la personne concernée va saisir les préoccupations des femmes. Si cet homme de 70 ans qui a toujours fait à sa tête va prendre du recul et analyser la situation. Mais j'en doute fort : il va probablement penser qu'il n'y a jamais eu de marches des femmes et qu'il s'agit d'un coup monté des médias !

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Women's March In Canada, January 2017

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