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Le sexe, ce n'est pas comme dans les vidéos. La ligne est mince entre le plaisir et la souffrance, il est si facile de blesser l'autre. Dis-moi, Gab Roy, pourquoi y a-t-il des hommes qui rêvent d'utiliser leur pénis comme si c'était un marteau?
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Je te ferais ramper en sous-vêtements sur le sol et je te présenterais un pied sale que tu t'empresserais de lécher en être vil que tu es. Je me tiendrais droite sur la chaise, ceinture en main pour zébrer ton dos de coups vigoureux. Tu couinerais, c'est tout ce que tu sais faire. Ensuite, je t'arracherais ton slip et tu frémirais d'anticipation et de peur, parce que tu saurais ce qui vient. Sans préparation ni précaution, je t'enfoncerais le godemiché dans l'anus, lequel se fissurerait sur-le-champ ; nullement troublée, je travaillerais vigoureusement à t'irriter et t'ensanglanter jusqu'à la rupture. Tu sais, le muscle anal est comme un élastique : une fois déchiré, on ne peut le réparer. Te renvoyer à l'état de porter des couches, te rejeter dans la première enfance m'indifférerait, parce que lors de la baise, il faut ce qu'il faut.

ZZZ... Pardon, je me suis endormie sur ton fantasme, enfin ton fantasme renversé, petit Gab. Je m'étais imaginée retourner tes propos dans ton Shotgun à Mariloup, me disant que cela te ferait comprendre, te ferait voir. Sais-tu ce que je réalise ? Ce schème, même à l'envers, est d'un ennui ! Le scénario par excellence, le grand classique de la fille soumise qui se fait prendre violemment par un homme (ou son reflet retourné de l'homme écrasé par la dominatrice), on l'a vu 1000 fois. D'abord apparu au 18e siècle, dans Justine et les infortunes de la vertu, n'est-ce pas, de notre cher ami Sade, le pervers qui a passé sa vie en prison, c'était un chic type avec une conception de la nature heureusement dépassée. Et puis, ça a été repris... Histoire d'O, dont Paulhan, un autre vieux branleur, disait que la femme comprenait, grâce à ce bouquin, sa vraie place. Et l'ami Bataille voyant dans la femme la victime sacrificielle et dans l'homme, le sacrificateur. Deux cent quelques années à rabâcher la même histoire. C'est d'une bêtise, d'une répétition !

Je vais te dire, mon petit Gabichou, SI, c'est le moteur de ta libido, ta petite saynète, j'ai de grosses craintes pour ta vie sexuelle. Tes partenaires ne doivent pas jouir très fort. Il y a une chose que tu dois savoir à propos des filles : elles peuvent simuler l'orgasme. Les petits scénarios pornographiques que tu penses si brûlants n'excitent pas tellement les filles en général. Les femmes encore moins. Très peu vont éprouver du plaisir à se faire éjaculer au visage. Le sperme, vois-tu, devient rapidement froid dès qu'il sort du corps, il est désagréablement gluant et ne goûte pas exactement la crème fouettée. Il faudrait être un troll pour penser que sa partenaire apprécie ce genre de petit jeu coquin. Je soupçonne que plusieurs de tes amantes ont dû être excitées par ton scénario comme un cancre en littérature obligé de lire Guerre et paix de Tolstoï. Ce que cela peut être long et plate, quand on n'aime pas ça ! Dommage, petit Gab, mais SI tu prends porno comme guide, ton lit doit être un océan de lassitude, pauvres amantes négligées!

Si tu avais une once d'imagination, un peu de finesse, sais-tu ce que tu pourrais connaître? Quelles extases, quels plaisirs te sont probablement inconnus. Sache qu'une femme ou qu'une fille à laquelle on donne la petite mort - évidemment, étant donné ton peu de culture érotique, tu ignores qu'on utilise cette expression pour désigner l'orgasme - , une femme qui se sent comblée par son amant, a envie de le satisfaire. Elle ne fera pas des gestes mécaniques pour en finir au plus vite et pour que l'animal s'endorme ; au contraire, elle sera vibrante et en voudra encore. Vois-tu, petit Gabidou, les filles peuvent avoir plus d'un orgasme, elles jouissent, atteignent un plateau, éprouvent à nouveau du plaisir, et ce, plusieurs fois. Drôlement mieux qu'une petite masturbation devant un écran, suivie d'une éjaculation honteuse qu'on fait disparaître dans un mouchoir.

Cet échange entre l'amant et l'amante, cette montée vers le ravissement, augmentera la félicité de l'homme, parce qu'à chaque fois qu'il arrive à se retenir la qualité et l'intensité de son orgasme se haussera d'autant. C'est un principe du sexe tantrique, Gabinouchet, on laisse monter l'excitation jusqu'à la limite, on respire, on recommence. Si on en croit les écrits, un homme pourrait même atteindre un double orgasme. Il deviendrait ainsi presque comme une femme. Ainsi, le plaisir suprême serait de pouvoir jouir comme une femme. Tout ce que cela prend, c'est un peu d'imagination pour explorer des nouvelles contrées, de nouveaux paysages amoureux ou simplement sexuels.

Imagine, Gab, imagine ton amante exaltée, transfigurée par le plaisir que tu lui aurais donné, voulant saisir ton essence sensuelle. Aurait-elle envie de te goûter intimement - un sexe propre, parce que ce n'est pas affriolant si ça sent le vieux pipi -, d'embrasser ton gland ? Ce serait autre chose que de la faire «gagger» jusqu'à ce qu'elle «puke» (Tu fantasmes vraiment sur l'idée qu'une fille te vomisse dessus ? Complètement anticlimax). Pauvre garçon, comme je te plains, n'as-tu jamais connu la sensation de l'amante rassasiée respirant près de tes testicules, te taquinant du bout des doigts juste sur le pelvis ? La paume de sa main ramassant ton sac et le massant doucement, tirant légèrement les poils jusqu'à leur érection. Cela donne des petits chocs qui font bouger l'organe mâle. As-tu déjà senti sa langue effleurer tout le long de ta verge pour ensuite en engouffrer la tête entre ses lèvres ? As-tu éprouvé cette tension dans ton plexus et ce serrement dans tes testicules, douloureux à force de retarder la décharge, lorsque, encerclant ton gland entre ses dents, elle aurait pu mordre, mais qu'elle choisit plutôt de faire de petits mouvements concentriques autour du frein ? Peut-être choisirait-elle de glisser doucement la langue entre le prépuce et le gland ou de souffler doucement dans l'urètre.

Le sexe, ce n'est pas comme dans les vidéos. La ligne est mince entre le plaisir et la souffrance, il est si facile de blesser l'autre. Dis-moi, Gab, pourquoi y a-t-il des hommes qui rêvent d'utiliser leur pénis comme si c'était un marteau?

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