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Treize tendances pour 2013: à commencer par les Anglos, le design, les livres...

Quoi qu'il en soit, alors que, il y a quelques années, on « scorait » en se vantant de travailler comme un malade, en grugeant sur ses heures de sommeil, il est désormais de bon ton de dire que l'on veille à dormir suffisamment... Et d'ailleurs la fondatrice du Huffington Post, Arianna Huffington, qui a entrepris de livrer, aura sûrement fait beaucoup pour la cause...
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Alors que nous venons juste de franchir ce treizième jour de 2013, c'est le moment idéal pour jeter un coup d'œil éclairé sur les tendances qui domineront l'année.

Voici donc neuf choses qui seront « in » en 2013, ... et quatre qui seront décidément « out ».

Neuf choses « in » en 2013

Les Anglos

Cela fait déjà un moment qu'il est « in » de découvrir les « ethnies ». Et en matière d'ethnie, les Anglos sont en quelque sorte la dernière frontière. Pensons-y un peu : dans la psyché québécoise, « les Anglais » sont depuis toujours les conquérants à haïr, et face auxquels on a le réflexe de se sentir dominés et menacés.

Pourtant, depuis quelque temps, une réalité se fait jour : les Anglos sont aussi, après tout, une de nos minorités. Et, qui plus est, une « communauté culturelle », dont une bonne partie peut souligner qu'elle est autant « de souche » que les Québécois francophones... En plus, on commence de plus en plus à réaliser que, tout compte fait, cet un atout, pour une ville comme Montréal, d'être bilingue... ce qui comporte aussi des avantages pour le Québec tout entier.

Et donc en un mot, pour plein de raisons, les Anglos deviennent « in ». D'ailleurs, quand le très branché magazine Urbania fait un « spécial anglo », comme il vient juste de le faire, cela dit tout...

Parmi les autres signes impossibles à ignorer, notons: le propos tel que celui mis de l'avant par le documentaire From Montréal, qui se penche sur les dynamismes (et le bilinguisme) de la nouvelle mouvance artistique ici; le « malheur » fait par certains jeunes chefs anglos, et leur impact sur la scène gastronomique montréalaise (David MacMillan avec Joe Beef, Derek Dammann avec Maison Publique, Marc Cohen chez Lawrence, etc.); la redécouverte de quartiers comme Griffintown ou Pointe-St-Charles, et avec eux tout un pan de l'héritage populaire et industriel de Montréal, très marqué par les anglophones; la redécouverte de Leonard Cohen, et la pleine réalisation que celui-ci... est un Montréalais; la redécouverte de la famille McGarrigle, et la pleine réalisation que ceux-ci... sont une famille d'Anglos; la découverte de Josh Freed par le public francophone, entre autres grâce à son intervention comme blogueur invité sur L'actualité; Arcade Fire et Sugar Sammy.

(Triste parenthèse sur le sujet : difficile de passer sous silence, évidemment, l'épisode de l'attentat au Métropolis le 4 septembre dernier par Richard Bain, ciblant la première ministre Pauline Marois. Et qui a brusquement mis le sujet des «Anglos » à l'ordre du jour, d'une façon que personne ne souhaitait. Mais c'est justement cela : une parenthèse. Et un geste isolé.)

Et, au cours de l'année 2013 et des suivantes, on aura tout le loisir de découvrir les multiples différences entre les différentes variétés d'Anglos : la communauté anglo « pure laine » (dont la frange anglo-écossaise) la communauté juive, les Irlandais, les nouveaux Anglos arrivés plus récemment... Quels festins en perspective pour tous les découvreurs de tendances, tous azimuts!

C'est clair et c'est officiel : 2013 sera l'année des Anglos.

Le design

Ce n'est pas d'hier qu'on entend parler, et de plus en plus, de design. Et justement : à force, l'idée s'est répandue, et on saisit de plus en plus ce que cela signifie vraiment. Certaines initiatives récentes contribuent encore à faire pencher la balance, comme la parution, l'automne dernier, du très beau et très intéressant livre Design?, signé par le réputé professeur et commentateur Frédéric Metz, et publié chez Flammarion.

De plus en plus, on respecte le design, et on comprend que, loin d'être seulement là pour « faire joli » il est lié à l'utilité, et rend les choses plus fonctionnelles et plus agréables à utiliser. La philosophie qui sous-tend les produits de Apple aura d'ailleurs beaucoup fait pour cette idée. Plus encore : dans les entreprises, le design est une façon de penser et d'aborder les problèmes. La notion de « Design Thinking », qui se promène depuis plusieurs années, est en train de faire son chemin dans l'univers de la gestion.

Pour reprendre l'expression rendue célèbre par Malcolm Gladwell, on en est rendus au point de bascule : c'est 2013 qui sera l'année du design.

Le sommeil

« Sleep is the new sex », entendait-on déjà dire, il y deux ou trois ans : naguère, on se réjouissait (et, parfois, se vantait) de ses exploits sexuels ; désormais, de plus en plus, on se délecte à dire qu'on a dormi un bon sept-huit heures en ligne... En réaction au surmenage, et à tant d'années de travail et d'action survoltés ? À cause du « mini baby-boom » de ces dernières années, et de tous ces jeunes parents qui découvrent les affres du manque de sommeil ? Peut-être un peu tout cela à la fois.

Quoi qu'il en soit, alors que, il y a quelques années, on « scorait » en se vantant de travailler comme un malade, en grugeant sur ses heures de sommeil, il est désormais de bon ton de dire que l'on veille à dormir suffisamment... Et d'ailleurs la fondatrice du Huffington Post, Arianna Huffington, qui a entrepris de livrer une véritable croisade contre le manque de sommeil, aura sûrement fait beaucoup pour la cause...

Donc, en 2013, bon dodo et beaux rêves!

Les impôts et les taxes

Bon, Depardieu est un exemple extrême. (Et quant à moi, 75%, c'est quand même excessif...). Mais il reste que se défiler de payer des impôts et des taxes est de moins en moins la chose « cool » dont on aimera se vanter. Incroyable, mais vrai : malgré tout ce que l'on peut dire (avec raison) sur les gaspillages, l'incurie et la corruption, la notion qu'il est important de verser à la collectivité fait son chemin.

Il y a quelques années, une firme de gestion vantait ses services en proposant une option appelée: Opération Zéro impôt . Cela soulevait déjà quelque controverse à l'époque ; ce serait carrément impensable aujourd'hui. Et à l'inverse, par contre, la remarquable publicité de Revenu Québec lancée il y a quelques mois par l'agence Sid Lee, et réalisée par Denis Villeneuve, tient un propos qu'on n'aurait sans doute même pas essayé de tenir il y a quelques années.

Incroyable, mais vrai : les impôts et les taxes deviennent « in ».

Le secret et la vie privée

L'expression « too much information » n'a pas été inventée pour rien. Après l'orgie de partage d'informations de toutes sortes sur les réseaux sociaux, on en revient un peu. On se questionne sur certains impacts qui concernent la vie privée. On recommence à se chérir un peu sa « privacy », comme on dit en anglais. Et puis on redécouvre que, un peu de mystère et de secret, tout compte fait, ça a son charme...

Les livres

On a annoncé leur mort sur tous les tons. Ils sont encore là. Ils triomphent du contenu éphémère, qui se promène partout... mais qui souvent vaut bien peu. Ils se révèlent le contenu qui a de la valeur, qui apporte de la profondeur, qui a le pouvoir de vraiment renseigner et éclairer... et pour lequel on est prêt à payer. C'est un peu la même chose pour certaines revues et magazines plus étoffés, de Monocle à XXI. Les nouveaux supports ne tuent pas les livres, mais ils les font renaître, leur permettent de circuler plus facilement, en « ebook » et autrement... En plus, on verra le livre se transformer, et évoluer : romans produits et édités uniquement sur support électronique, intégrant images et sons, faisant appel aux hyper-liens... Ce n'est que le début. Avec une mention honorable au disque vinyle, dans la même veine: donné pour mort il y a 25 ans renaît. Alors que le CD, oui, va sans doute disparaître...

L'âge

Ceci, pour certaines raisons réjouissantes, mais d'autres qui le sont peut-être moins. Cela fait des décennies que tout est dominé par les baby-boomers, il n'y a pas de raisons pour que ça cesse brusquement. Et les premiers baby-boomers ont atteint il y a deux ans déjà l'âge de la retraite. Alors, autant les réformes de l'éducation étaient à l'avant-plan quand ils étaient jeunes, autant on entend, et on entendra de plus en plus, parler de soins de santé, et de retraite (même si c'est pour en retarder l'âge)...

De quoi, à prime abord, décourager les plus jeunes. Mais tout est loin d'être négatif. Tout d'abord, quand même, côté emploi, qui dit « départs à la retraites » dit quand même « ouvertures »... Et puis, par la force des choses - quand on manque de main d'œuvre, on n'a pas le choix - on est en train de redécouvrir les vertus de l'expérience. Et de remettre un peu en question l'idée que, côté travail, ouverture d'esprit et capacité d'innover, les gens sont « finis » après 45 ans...

L'authenticité et la transparence

Cela peut sembler contradictoire avec la tendance au secret et à la vie privée, mais ça ne l'est pas... Oui, on découvre les vertus qu'il peut y avoir à cultiver son jardin secret. Mais, peut-être en partie à cause du ras-le-bol face aux scandales, aux magouilles, et à la corruption, on rêve de vérité et d'authenticité. On en revient des discours factices, et du style trop« poseur ». Et on se sent de moins en moins le temps, et la force, de se perdre en analyses et en suppositions : « Est-ce vraiment ce qu'il/elle veut dire ? Quelle est la signification cachée ? Qu'est-ce qu'on ne dit pas ? » Etc.

« What you see is what you get » sera une des expressions fétiche de 2013.

Le chiffre 13

On verra une avalanche de listes qui iront par 13, et de concepts qui intégreront le chiffre 13. Ça commence déjà. Témoin, ces 13 tendances de l'industrie touristique pour 2013, que nous proposent la Chaire de tourisme de l'UQAM et Tourisme Montréal. Et puis bien sûr, je fais ici ma part avec mes tendances.

Mais pensez-y un peu : on passe notre temps, depuis des siècles, à éviter le chiffre 13. Il y a même plein d'édifices qui n'ont pas de 13e étage... Et il n'y qu'une année « 13 » par siècle. En plus, celle-ci et la première du millénaire. Alors cette année, même les plus superstitieux vont se « lâcher lousse ». Et puis, il y aura deux vendredi 13 dans l'année : le 13 septembre, et le 13 décembre. « Watchez » juste les « partys vendredi 13/ 2013 » qui vont s'organiser pour l'occasion.

Comme on dit en anglais, « you read it here first ». Et, c'était à la fois une prédiction, et peut-être une façon de donner des idées à du monde...

Quatre choses décidément « out »

Être « tendance » et « in » à tout prix

Qu'on la trouve bonne ou pas, la série Les bobos aura planté le premier clou dans le cercueil de la branchitude. Qu'est-ce qui sera plus « tendance » que la poule urbaine ? Qu'y aura-t-il de plus « top », après la cuisine scandinave? Combien de façon trouvera-t-on encore de « redécouvrir » le comfort-food? Vaut-il mieux porter des vêtements « design », ou fabriqués le plus possible selon des critères « éco-responsables » ? Ou tout cela à la fois ? La course à la tendance apparaît de plus en plus impossible et, par conséquent, de plus en plus absurde. À rapprocher, aussi, du retour en faveur de l'authenticité.

Surconsommer et vivre au-dessus de ses moyens

La consommation à outrance, avec le gaspillage et la pollution qu'elle entraîne, a de moins en moins la cote. On entend aussi de plus en plus parler (et sans que ce soit « ringard »), des méfaits du surendettement. Il faudra trouver un autre terme pour « simplicité volontaire », qui ne veut plus rien dire (et qui, personnellement, m'a toujours énervé). Mais consommer mieux, consommer responsable et, si on peut dire, consommer « durable » devient « in ».

Être hyper-occupé... et s'en glorifier

C'était tellement bien vu, avant, d'être toujours débordé de « ne pas avoir une minute à soi »... C'est fini. L'efficacité, maintenant, c'est de savoir décrocher quand il est temps, savoir recharger ses batteries avant de devenir improductif. Voir à s'occuper de sa famille, de sa santé (physique et mentale). Cela ne veut pas dire ne plus travailler, ni même travailler moins. Mais c'est travailler mieux. Et c'est cela, désormais, qui est bien vu.

La fin du monde ... jusqu'à ce que, bien sûr, une nouvelle « gang » de crackpots, quelque part, nous arrive avec une nouvelle date, assortie encore une fois d'explications explications fumeuses sur pourquoi la fin du monde devrait précisément se produire à ce moment-là. Mais on va quand même avoir un « break » à cet égard. Et parions qu'il durera au moins jusqu'à la fin de 2013.

Peut-être en profitera-t-on, aussi pour prendre un « break » du genre d'attitude qui nous fait annoncer de multiples fins du monde, pour de multiples raisons (le réchauffement climatique, les OGM, tout le temps qu'on passe sur internet au lien d'être ensemble ou de lire des livres, la bêtise des émissions de télé, etc., etc.,etc.). Et puis, aussi, pour manifester un peu plus de sens critique et d'esprit scientifique face aux théories fumeuses de tout acabit. Un peu utopique, peut-être.

Mais, tant qu'à faire des tendances, on peut quand même rêver un peu, non?

Je reviendrai plus en profondeur, sur mon blogue, sur ces tendances (qui le méritent bien) au cours de l'année. Lesquelles sont vos préférées? Et y en a-t-il avec lesquelles vous n'êtes pas d'accord?

D'ici là, excellente année 2013 à tout le monde!

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