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L'adolescence: une quête identitaire

TÊTE À TÊTES - Selon Erikson, psychologue et auteur d'une théorie du développement psychosocial, l'identité se développe lorsque l'adolescent a identifié une réponse acceptable aux trois questions suivantes: le choix d'une activité professionnelle, l'adoption de valeurs avec lesquelles il sera en accord, et le développement d'une identité sexuelle satisfaisante.
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Selon Erikson, psychologue et auteur d'une théorie du développement psychosocial, l'identité se développe lorsque l'adolescent a identifié une réponse acceptable aux trois questions suivantes: le choix d'une activité professionnelle, l'adoption de valeurs avec lesquelles il sera en accord, et le développement d'une identité sexuelle satisfaisante.

Les adolescents qui vivent relativement bien ce stade identitaire développent un sentiment de fidélité ou de loyauté durable qui leur permet de chercher des engagements qu'ils peuvent tenir. Par exemple, un jeune peut faire un choix de carrière et décider de l'actualiser progressivement à travers différentes activités pertinentes. Ainsi, un jeune qui vise à devenir concepteur de jeux vidéo pourra décider de s'inscrire à des cours de dessin afin de monter un portfolio; comme il peut adhérer à une association de bédéistes amateurs, faire l'expérience de l'animation 3D lors d'un camp estival, identifier un mentor, etc.

Alors que durant l'enfance, il était important que la confiance en autrui l'emporte sur la méfiance, à l'adolescence, il devient déterminant d'être soi-même digne de confiance. En partageant leurs sentiments et leurs pensées et en faisant l'expérience d'eux-mêmes à travers les yeux des personnes qu'ils aiment, ils clarifient leur identité en devenir et gagnent de la confiance. Par ailleurs, un certain degré de confusion identitaire serait normal et pourrait expliquer la nature apparemment chaotique de certains comportements adolescents. Par exemple, l'esprit de clan et l'intolérance envers les différences seraient des mécanismes de défense contre la confusion identitaire.

«Ne pas savoir qui l'on est, ne pas pouvoir distinguer ce qui est soi et ce qui ne l'est pas, ignorer où l'on va, voilà autant de menaces à un fonctionnement sain.»

Pour Erikson, la résolution du processus identitaire est un élément fondamental de la santé mentale. Ne pas savoir qui l'on est, ne pas pouvoir distinguer ce qui est soi et ce qui ne l'est pas, ignorer où l'on va, voilà autant de menaces à un fonctionnement sain. La plupart des études signalent une relation significative entre le niveau de développement identitaire et le bien-être psychologique. Un statut identitaire achevé est associé à une bonne estime de soi, un degré de satisfaction élevé à l'égard de soi-même et l'absence relative d'états émotionnels tels que l'anxiété, l'irritabilité et la dépression. Ainsi, une personne qui a le sentiment de savoir ce qu'elle est et où elle va, après avoir exploré différentes avenues, a logiquement plus de chances d'être cohérente dans ses engagements personnels et de perdre moins d'énergie dans la poursuite de ses buts. Au contraire, une personne qui se cherche et dépense beaucoup d'énergie à survoler différentes voies qu'elle abandonne par la suite risque d'aller moins à fond dans ses réalisations personnelles. Ceci dit, vous connaissez probablement un jeune ayant connu une adolescence confuse au plan de son identité et dont l'intégration de ses apprentissages de vie lui a permis de se créer un chemin de vie tout à fait remarquable et hautement satisfaisant. Chaque parcours est unique et c'est ce qui est véritablement intéressant.

«L'identité, c'est la représentation que nous avons de nous même.»

L'identité, c'est la représentation que nous avons de nous même. Si nous nous amusons à jouer avec le mot « id-entité », nous retrouvons « id », les lettres qui, lorsque nous les prononçons, forment le mot « idée », suivi de « entité ». En fait, l'identité, reviendrait à dire : l'idée de son entité, c'est-à-dire, l'idée que l'on se fait de l'essence de son être. En fait, l'essence d'un individu relève d'une conception de soi assez fondamentale ou du moins passablement importante. Alors si un jeune se fait une idée péjorative, non fondée, exagérée, sous-estimée, excessive ou torturée de son identité, il aura probablement besoin de repères pour recadrer les choses dans leurs justes proportions. Il aura besoin de ses parents, de personnes significatives ou d'une aide professionnelle. Il est toutefois fort possible qu'il ne verbalise pas son besoin d'être aidé. Souvent, sous les allures trompeuses d'un « je-m'en-foutisme » ou d'un « je-suis-à-la hauteur », se cache de nombreuses peurs et une grande difficulté de nommer ce qui ne va pas.

Les choix consentis à la période de l'adolescence conditionnent l'avenir de façon déterminante. En effet, la façon dont on amorce sa vie adulte peut influencer le cours de sa vie pendant plusieurs années. Toujours selon Erikson, le combat principal de l'adolescent se livre sur le terrain de l'identité. L'enjeu demeure celui de l'intégration de son identité ou de la diffusion de celle-ci. Intégrer sa personnalité, c'est en quelque sorte se situer sur une trajectoire, dans un projet propre à soi et qui permet ensuite de dire : voici qui je suis et me voici! En revanche, un jeune qui n'arrive pas à cerner ses forces et ses faiblesses, à se fixer dans ce qu'il aime, vit une confusion identitaire. Ne sachant pas définir qui il est ou décrire l'idée d'un rôle social, il a de la difficulté à s'engager de façon durable et de s'investir dans une continuité. C'est alors qu'il ira d'un petit rôle à un autre, d'un petit attachement à un autre. Certaines personnes passent ainsi leur vie à explorer, à se chercher, en demeurant à un niveau superficiel d'engagement. D'autres, après plusieurs années d'errance, apprennent à mieux se connaître, découvrent leur vraie nature, puis se lancent dans un véritable projet personnel. Ainsi, chaque personne dessine sa trajectoire. Et quiconque ne peut déterminer ou juger de la valeur des apprentissages réalisés en chemin.

Or, la position du jeune face à son avenir joue beaucoup en sa faveur ou contre lui. Souvent, un jeune me dit : « J'aimerais ça pouvoir voyager dans le temps pour aller voir où je serai à l'âge de 30 ans et ce à quoi je vais ressembler ». Parfois, en me présentant cette interrogation, le jeune a l'impression que son avenir a quelque chose d'un peu magique. Comme si, cet avenir existait déjà sur une trajectoire quelconque. Ce jeune n'a cependant aucune idée qu'au moment même où il m'en parle, il est en pleine construction d'un avenir qui n'existe pas. Et ce moment de projection est très important pour lui, à ce moment-là de sa vie.

Ce billet de blogue est tiré et adapté du livre Le défi d'orientation : guide du parent zen.

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Tête à têtes est une nouvelle série de blogues lancée conjointement par le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada. Inspirée par le projet Maddie, cette série met l'accent sur les adolescents et la santé mentale. Elle a pour but de sensibiliser et de susciter des conversations en s'adressant directement aux adolescents qui traversent un moment difficile ainsi qu'à leurs familles, aux enseignants et aux dirigeants communautaires. Nous voulons nous assurer que les adolescents qui sont aux prises avec une maladie mentale reçoivent l'aide, le soutien et la compassion dont ils ont besoin. Si vous souhaitez contribuer à cette série, envoyez-nous un courriel à cette adresse : nouvelles@huffingtonpost.com.

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