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L'histoire risque-t-elle de se répéter en Centrafrique?

Vu l'ampleur de la tâche et la gravité de la situation, la France et les forces africaines ne peuvent pas agir seules en Centrafrique. Catherine Samba-Panza, la présidente intérimaire centrafricaine, est favorable à une intervention de l'ONU. Une action concertée et multilatérale avec les membres de l'Union africaine est donc essentielle.
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En 2011, c'était la Libye. En janvier 2013, le Mali. Aujourd'hui c'est la Centrafrique. Pour la seconde fois en un peu plus d'un an le gouvernement Hollande a décidé d'intervenir dans un pays africain, où les violences entre les combattants de la Séléka et les miliciens anti-Balaka entre civils musulmans et chrétiens ont déjà fait des milliers de morts et de déplacés.

Du coup, les questions fustigent. Quel est le but de ces interventions? Que veut la France sur le continent africain? Y a-t-il une «doctrine Hollande»?

Certains taxent la France de néo-colonialisme, de vouloir revigorer la Françafrique malgré les promesses de Hollande que ce temps était révolu. « Le président français doit arrêter de nous pomper l'air », dénonce le quotidien burkinabé Le Pays. D'autres pensent que la France veut contrecarrer les avancées chinoises sur le continent. Finalement, il y a ceux qui suggèrent que Hollande utilise la politique étrangère pour redorer son blason alors que son taux de popularité est au plus bas dans une France en crise économique.

Vu la nature complexe et parfois très douteuse des relations Franco-Africaines, ces interrogations sont légitimes. Il serait naïf de penser que la France n'a pas d'intérêts économiques dans ces pays. Mais il faut aussi rappeler que les Centrafricains, comme les Maliens, il y a un an, font face à une violence inouïe. Avant l'intervention française, 450 personnes avaient été tuées en deux jours, le Président Michel Djotodia étant incapable de faire quoi que ce soit pour protéger son peuple.

Sur le plan diplomatique, on ne peut pas dire que l'Union africaine ait montré beaucoup d'efficacité. Sur le plan militaire, la Mission internationale de Soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) ne semblait pas en mesure de ramener la sécurité. Après avoir alerté l'ONU et l'Union européenne, seule la France a pris la décision de venir en aide aux forces africaines. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault déclarait alors que la France prenait ses responsabilités internationales et que « l'inaction n'était pas une option. » Personne d'autre ne semblait prêt ou capable de prendre l'initiative.

Vu l'ampleur de la tâche et la gravité de la situation, la France et les forces africaines ne peuvent pas agir seules. Catherine Samba-Panza, la présidente intérimaire centrafricaine, est favorable à une intervention de l'ONU. Une action concertée et multilatérale avec les membres de l'Union africaine est donc essentielle. La semaine dernière l'Union européenne a finalement décidé d'envoyer des troupes - une décision qui a d'ailleurs enfin été validée par l'ONU.

Mais certains pays, comme le Canada par ailleurs, semblent croire qu'ils ne doivent pas s'intéresser à ces conflits. Ni le Canada ni les États-Unis ne sont implantés dans la région et la Centrafrique semble si éloignée. C'est une erreur. Quand le Mali ou Centrafrique s'embrasent, c'est toute la région qui est affectée. Ce que cherchent les djihadistes, c'est des territoires instables où s'installer, comme on l'a observé au Mali. La France l'a bien compris : ce n'est pas seulement la sécurité des populations locales qui est en jeux - la sienne aussi.

Faut-il rappeler au gouvernement Harper que le Canada a pris des engagements en adhérant à des normes internationales comme la Responsabilité de protéger. La doctrine n'est certes pas parfaite, mais il est question de protéger des civils et de prévenir une montée de la violence alors que les Nations Unies ainsi que les soldats rwandais sur place s'inquiètent déjà d'un possible génocide.

Si l'ambassadeur canadien pour la liberté de religion, M. Andrew Bennett, se déplace en Ukraine afin de montrer son indignation suite aux menaces contre la liberté religieuse de l'Église grecque catholique ukrainienne, pourquoi ne prend-il pas position sur la Centrafrique ? La communauté ukrainienne étant importante au Canada, il semble que le gouvernement ne pense qu'à l'appui électoral et évite donc de s'engager dans un conflit qui semble lointain. Mais, encore une fois, ne pas comprendre que dans un monde interconnecté, les conflits dans l'Afrique subsahélienne, tout comme dans le Sahel, peuvent éventuellement affecter les intérêts et la sécurité des Canadiens aussi.

Au début du mois, le sénateur Roméo Dallaire se trouvait devant les Nations Unies afin de rappeler à l'assemblée que 20 ans plus tôt, on lui avait tourné le dos tandis que des atrocités de masse se profilaient à l'horizon au Rwanda. Alors que nous entamons les commémorations du génocide rwandais, les atrocités qui se déroulent en ce moment en Centrafrique, les images des machettes et des corps, font resurgir de mauvais souvenirs. Il serait donc plus qu'opportun de montrer que nous savons apprendre de nos erreurs du passé.

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