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Bienvenue dans l'ère du djihadisme numérique

Une étude récente dénombre plus de 45 000 comptes Twitter liés à l'État islamique et programmés pour disséminer de la propagande et des appels au meurtre.
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La première conférence sur des réseaux sociaux organisée par l'ONU la semaine dernière a mis en lumière l'effet double de l'internet. D'un côté, les réseaux sociaux peuvent être utilisés au service du progrès social tel que le développement, l'éducation et la défense des droits de l'homme. D'un autre coté, certains acteurs sont devenus experts dans l'utilisation de Twitter, Snapchat et Youtube à des fins pernicieuses. Nous parlons ici des réseaux sociaux comme outils de radicalisation, de recrutement, d'encouragement à la haine et à la violence. Nous sommes entrés dans l'ère du djihad numérique.

Le groupe État Islamique (EI) n'a pas peur d'afficher son extrême violence en ligne. Exécutions, décapitations, images de corps mutilés... rien ne l'arrête. Une étude récente dénombre plus de 45 000 comptes Twitter liés à l'EI et programmés pour disséminer de la propagande et des appels au meurtre. Grâce à cette armée d'internautes, l'EI a su attirer des Occidentaux dans ses rangs et en convaincre d'autres à commettre des attaques à Paris et à Ottawa. Bien que l'internet ne soit pas la seule cause de la radicalisation, il permet à tous d'avoir accès et de partager les messages des groupes extrémistes. Les médias sociaux sont devenus une arme de guerre, une guerre qui se déroule de plus en plus dans le cyberespace.

Les gouvernements occidentaux sont déterminés à combattre le terrorisme endogène et la radicalisation en ligne, entre autres. Toutefois les techniques sophistiquées utilisées par les groupes islamiques et les gouvernements semblent souvent à la traîne. Il faut comprendre la machine de propagande afin de prendre des mesures préventives, perturbatrices et proactives.

Plusieurs pays occidentaux tels que l'Angleterre et la France ont ratifié des lois visant à interdire la glorification du terrorisme. En décembre, un tribunal anglais à condamné une femme à cinq ans de prison pour promotion du terrorisme sur Facebook, visant ainsi à faire de l'internet un environnement plus hostile pour les messages extrémistes. D'ailleurs, le gouvernement canadien a lui aussi déposé une loi visant à criminaliser la promotion du terrorisme.

En octobre dernier, l'Union européenne a rencontré les géants de l'internet tels que Twitter, Google et Facebook pour discuter des mesures à prendre afin de prévenir la distribution des messages de propagande extrémiste. Bien que ces mesures posent des questions sur la liberté d'expression et confidentialité en ligne, il faut mettre la pression sur les réseaux de l'EI afin de restreindre la portée de leurs messages.

Cependant il n'est pas seulement de la responsabilité des gouvernements d'agir. La société civile, les chefs religieux, les familles et les communautés proches des jeunes peuvent s'engager dans cette « cyberguerre ». Peu après les attentats contre Charlie Hebdo, les hackers d'Anonymous se sont s'attaqués à des sites internet appartenant à l'EI et a publié des listes de comptes Twitter liés au groupe.

Là où les acteurs non-étatiques peuvent être particulièrement efficaces, c'est dans la formulation d'un contre-discours visant à démonter les argumentaires des radicaux. Dans le but de s'attaquer aux messages des recruteurs, le gouvernement français a mit en ligne un site web « Stop-djihadisme ». Cette approche basée sur le dialogue et le contre-discours serait peut-être plus efficace si elle était utilisée par la société civile et le secteur privé. De plus, il ne s'agit pas seulement de déglorifier le terrorisme, mais aussi de montrer ce que nos sociétés peuvent apporter. Car là est la principale cause de la radicalisation : la perte de repère et la recherche d'une place dans la société.

Nous pouvons tous jouer un rôle dans la lutte contre l'EI.

Marie Lamensch travaille au Digital Mass Atrocity Prevention Lab à l'Université Concordia. Le centre a lancé une campagne de financement participatif afin d'aller présenter ses propositions lors d'une conférence internationale qui aura lieu en Allemagne.

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