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La théorie du Mammouth, vous connaissez?

Des années de programmation! Messieurs pour étendre le nez de façon à sentir d'où vient le vent. Et/Ou le danger. Et/Ou encore, le Mammouth.
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C'est ce qu'on pourrait qualifier, je dirais, de petite histoire dans la catégorie des fables, qui explique de façon un peu imagée pourquoi nous les femmes avons toujours cette impression de courir comme des folles sans arrêt.

365 jours par année.

Jusqu'à ce que mort s'en suive...

Et de quand même manquer de temps.

Alors que, pour une raison que je ne parviens pas à m'expliquer, l'Homme de la maison lui, semble constamment au-dessus de son affaire... Et que pire encore, celui-ci, lorsque je lui fais mes récriminations, me regarde avec son air de bébé orignal un peu perdu, sur la route la nuit, devant les feux d'une voiture!

Du genre qui se demande «Je me sauve ou bien je fais le mort?»

Vous voyez ce que je veux dire j'en suis certaine!

Mais revenons à nos moutons! Ou plutôt à nos Mammouths. Car c'est bien de ce dont il s'agit ici n'est-ce pas? Car, je le sais bien, vous pensez que je m'égare avec mes Mammouths! Et pourtant! Si peu comme vous vous en rendrez compte vous-même lorsque je vous aurai raconté cette fort instructive allégorie.

Imaginez ainsi que nous nous retrouvions soudainement aux temps de la pré-histoire. Comme dans un film, nous nous retrouvons donc avec des personnages principaux. Monsieur d'abord qui est programmé pour une chose: le Mammouth.

Chasser le Mammouth. Attraper le Mammouth. Ramener le Mammouth.

En dehors du Mammouth, Rien, Niet, Nothing !

Le néant, littéralement

Parce que Monsieur Préhistorique sait une chose! C'est que s'il ne ramène pas le Mammouth à la maison, il aura un gros problème! Madame Préhistorique qui va lui rappeler, jusqu'à ces temps futurs qu'il ne peut même pas encore imaginer, qu'il a failli à sa tache! Mais à ce moment précis de l'histoire de l'humanité, Monsieur Préhistorique, très certainement, n'a aucune espèce d'idée de ce que veut réellement dire l'expression «Jusqu'à la fin des temps»! Et comme il ne peut pas l'imaginer, et bien il fait comme si ça ne le concernait pas!

Du déni pur et simple face à ce qui pour lui est rien de moins que la plus grande abstraction qui soit! De la pure science-fiction! Du déni. Voilà, le mot est dit!

Face à Monsieur Préhistorique, dans le coin opposé, vous avez bien sur Madame Préhistorique.

Celle-ci ne chasse pas le Mammouth.

Parce que, bien sur, elle est trop occupée à la maison alors qu'elle doit s'occuper bien évidemment des enfants, de la maison, de faire pousser les herbes et de chercher des racines pour soigner sa famille.

Mais également, de cueillir les petits fruits pour les jours sans Mammouth sur la table. Parce que bien sur, Madame Préhistorique elle connaît cela la planification. Madame préhistorique son plus grand talent dans la vie, c'est de planifier, de faire des plans B et de s'assurer de la survie de sa tribu.

Vous pensez sans doute que je raconte n'importe quoi. Et pourtant, c'est ainsi que cela se passait aux temps préhistoriques parce que, hommes et femmes étaient ainsi littéralement programmés de façon à ce que l'humain puisse survivre face aux dangers potentiels.

Sauf que voilà, c'est toujours ainsi que ça se passe dans nos maisons, plusieurs milliers d'années plus tard. Monsieur qui n'a plus à chasser le Mammouth mais qui a oublié en cours de route qu'il pouvait contribuer à la maisonnée autrement.

Et Madame qui se comporte comme si Monsieur allait encore chasser le Mammouth. Trouvant normal que celui-ci ne fasse pas grand chose (ou si peu) dans la maison.

C'est ce qui fait qu'au final, nous les femmes dans la quarantaine sommes constamment au bout de notre rouleau (expression typiquement québécoise, j'en ai bien peur, pour exprimer un état d'échoeurement et de fatigue extrême. Verbe d'état se conjuguant surtout au féminin).

Rien de moins qu'une implacable vérité moderne pour une grande majorité d'entre nous, partagées entre le boulot, les enfants, les repas à prévoir, à planifier, à cuisiner, les parents vieillissants à soutenir, les vêtements à laver, à repasser, à ranger, .... Ouf!

Et ici, je compte sur vous pour me ramener à la réalité si jamais, par inadvertance, j'oubliais quelque chose dans cette longue liste digne des Enfers de Dante.

Mais, je suis forcée de l'admettre, je fais partie des chanceuses dont le conjoint participe aux taches domestiques. Mais - parce qu'il y a un mais - il faut que je lui demande.

Parce que de par sa nature, il n'est pas programmé pour s'émouvoir de trouver de la poussière sous les meubles. Il n'est pas programmé pour faire la différence entre un four propre et un qui a besoin d'amour. Il n'est pas programmé pour penser aux repas de la semaine à venir.

Et clairement, lorsqu'il m'arrive, découragée, de lui demander si je suis vraiment la seule à me rendre compte que la maison est un bordel, la vue de ses yeux de bébé orignal effrayé devant les phares d'une voiture me ramènent assez rapidement au fait qu'il y a des choses contre lesquelles il vaut mieux lâcher prise. Et cela, je dois l'accepter. Et en rire.

N'empêche! Cette magnifique fable m'est revenue en tête il y a quelques jours lorsque l'Homme de la maison se plaignait que nous ne faisions rien les weekends. Qu'il aimerait que nous profitions de nos samedis pour aller marcher en plein air, profiter de notre beau temps hivernal, sorti...

J'ai été sur le point, un quart de seconde je crois, de lui demander où il espérait que je puisse trouver le temps pour cela alors que nos weekends semblent déjà si chargés par moments. Au point où il m'arrive de craindre que mon agenda n'explose, ce qui n'est pas peu dire. Mais je me suis retenue.

Parce que c'est à ce moment précis je pense que j'ai réellement saisi l'ampleur du décalage entre nos réalités respectives.

Des années de programmation! Messieurs pour étendre le nez de façon à sentir d'où vient le vent. Et/Ou le danger. Et/Ou encore, le Mammouth. Mesdames pour tout le reste.

Alors, je vous le demande. On fait comment pour vivre comme dans le futur? Parce que finalement, le futur, c'est aussi bien demain. Que dans dix mille ans d'ici!

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