Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Pressés comme des citrons

Au lieu de faire de bons choix qui nous permettraient de prendre le temps de vivre, on court, sans même plus savoir après quoi.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
hobo_018 via Getty Images

Pour 2018, on laisse tomber les résolutions. On prend une révolution : arrêter de courir sa vie!

Lundi, 13h15. Je pose les yeux sur le cadran du réservoir d'essence : presque vide... Je me pointe à la première station-service, je fais le plein, j'essuie mes larmes après avoir payé (oui, le prix de l'essence me fait cet effet-là...) et de retour à ma voiture, je vois un mec stationné derrière. Il est pressé, ça se voit. S'il pouvait claquer des doigts pour faire disparaître ma voiture et prendre rapidement ma place, il serait heureux comme un roi...

Je reprends la route. Je roule à 80 km/h sur un grand boulevard de Gatineau, où la vitesse est de 70 km/h. Bon, je suis délinquante, mais pas trop... Arrive alors derrière moi une petite voiture dont le conducteur, se prenant sans doute pour Lewis Hamilton, me dépasse à vive allure. Il est chanceux, pas de policiers en vue pour lui faire remarquer qu'il n'est pas au Grand Prix de F1...

Fin d'après-midi. Je me retrouve à l'épicerie, à faire la queue à la caisse. Un impatient derrière moi trépigne et chiale : la caissière jase trop avec les clients, la cliente à la caisse n'emballe pas ses choses assez vite, etc.

Partout, tout le temps, on court, on court.

Partout, tout le temps, on court, on court. Mais qu'est-ce qui presse tant? Oui, on peut être pressé par un rendez-vous important, mais on ne peut pas être pressé tous les jours, dans toutes nos activités, ça n'a pas de sens!

J'ai 49 ans. Quand j'avais 13 ou 14 ans, mes parents travaillaient tous les deux, à temps plein. Ma mère gérait une station-service et mon père était employé d'une entreprise de pièces de chauffage. Ils travaillaient toute la semaine, et la station-service de ma mère nécessitait souvent du temps les fins de semaine. Pourtant, je ne me rappelle pas les avoir vus stressés, les avoir vus courir après le temps, ni les avoir entendus chialer qu'il y avait trop à faire et pas assez de temps.

Chaque soir, ils étaient à la maison et relaxaient ensemble devant la télé ou un bon feu de foyer. Chaque week-end, mon père préparait un gâteau, un rôti ou de bons steaks sur le B.B.Q. Nous faisions des sorties ensemble. Nous allions magasiner, faire l'épicerie, visiter de la famille. Beaucoup d'occupations, mais pas de stress. Comment cela se fait-il? Voici ma petite analyse sans prétention :

En ce temps-là, les magasins n'étaient pas ouverts tous les soirs et surtout pas le dimanche. Les guichets automatiques n'existaient que dans l'imaginaire. On n'était pas bombardés de publicités nous répétant sans cesse que nous manquions de temps et que nous avions donc besoin de repas prêts en trois secondes ou d'un téléphone intelligent.

On prenait le temps de cuisiner de bons p'tits plats et, surtout, de les déguster ensemble, tranquillement.

On prenait la route sans se prendre pour un personnage de jeu vidéo. Il n'y avait pas de rage au volant. On prenait le temps de faire le ménage sans râler tout le temps. On prenait le temps de cuisiner de bons p'tits plats et, surtout, de les déguster ensemble, tranquillement.

Mon père allait déposer son chèque de paie le jeudi soir et retirait ce qu'il lui fallait d'argent comptant pour passer la semaine. L'épicerie était faite tous les samedis matins. On n'y retournait pas chaque soir après le travail, c'était fermé! Après le travail, on se rendait à la maison et on relaxait.

Je crois qu'aujourd'hui, nous avons trop de choix, trop de possibilités, et nous sommes incapables de faire les bons choix.

Le bonheur se déguste lentement, à petites gorgées.

Au lieu de faire de bons choix qui nous permettraient de prendre le temps de vivre, on court, sans même plus savoir après quoi. On passe à côté de soi, à côté de sa vie. Car la vie exige de la lenteur. Le bonheur se déguste lentement, à petites gorgées.

En 2018... Faites les bons choix. Ceux qui vous permettront de vous épanouir et de voir enfin la vie, la vraie. Abandonnez les contraintes que la société vous impose. Des sentiments, des idées, des envies que vous aviez oubliés referont surface. Et des rêves... Pourquoi avez-vous arrêté de peindre, de lire, de nager? Vous aimiez pourtant ça! « Je vais m'y remettre quand je serai à la retraite.» Mauvais choix. N'attendez pas d'être vieux, vous ne savez même pas ce qui vous attend à ce moment-là.

Faites les bons choix et prenez le temps, il est là, rien que pour vous. « Oh, comme le temps passe vite! » Non, il ne passe pas plus vite qu'avant. Il n'a pas changé, le temps. C'est nous qui avons changé. Superman et Superwoman, nous essayons de tout faire, le plus rapidement possible, en espérant gagner du temps. Et pourtant, nous n'en avons jamais assez, nous sommes toujours à court de temps...

Faire les bons choix. Prendre le temps. Ralentir. Respirer. Profiter pleinement de chaque instant qui passe, car il ne reviendra jamais. Prendre le temps de vivre... dès maintenant.

Avril 2018

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.