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La «formule Walmart» ne me convient pas

Mon fils est différent. Comme ceux qui se sont fait foutre à la porte jeudi dernier.
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Ricardo Moraes / Reuters

Depuis que Walmart s'est installé chez nous, au Québec, je me pose beaucoup de questions. J'ai vu des commerces que j'appréciais fermer leurs portes. D'autres, essayer de s'ajuster, de survivre à la présence envahissante de ce gros géant bleu. C'était déjà désolant de voir des gens perdre leur entreprise familiale ou perdre leur emploi. Mais jeudi dernier, la désolation a atteint un autre niveau.

Je savais déjà que Walmart était beaucoup plus capitaliste qu'humaniste. Je savais que les «associés» ne sont pas traités aux petits oignons, comme le géant tente toujours de nous le faire croire. Je savais qu'on ne pouvait pas s'attendre à une attitude très humaine de la part du géant bleu. Je me rappelle encore la fermeture du magasin de Jonquière en 2005 à la suite de la syndicalisation de ses «associés» et la fermeture du garage du magasin de Gatineau en 2008 après la décision des mécaniciens de se syndiquer. Chez Walmart, on veut des «associés» bien soumis, on ne veut surtout pas d'employés syndiqués qui veulent faire respecter leurs droits.

Oui, je savais que l'argent passe avant l'humain chez Walmart. Mais je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à celle-là. Pour rester au courant de l'actualité, je me branche au canal de nouvelles tous les jours. Comme tout le monde, je suis malheureusement habituée à me faire raconter des histoires horribles, tristes et choquantes. Mais jeudi dernier, l'histoire était juste trop révoltante.

Calculateur comme pas un, le géant a attendu que la semaine de la déficience intellectuelle soit terminée avant de montrer la porte aux employés différents.

Voilà que le gourmand monstre bleu a décidé de mettre fin au programme d'intégration des employés avec déficience intellectuelle. Comme ça, sans avertissement et, surtout, sans explications. Calculateur comme pas un, le géant a attendu que la semaine de la déficience intellectuelle soit terminée avant de montrer la porte aux employés différents. Pensait-il que la manœuvre allait ainsi passer sous le radar média?

Qu'est-ce qui a motivé la décision du géant bleu? La gestion du programme était devenue trop compliquée? Peut-être que les «associés» différents ne chantaient pas assez bien la chanson du Walmart avant de commencer leur quart de travail? Je ne crois pas que nous obtiendrons un jour des explications. Moi, je ne vois qu'une seule raison à ce qui s'est passé jeudi: l'absence totale de considération du géant capitaliste envers les personnes qui l'ont servi.

J'ai l'habitude d'aller chez Walmart une fois par mois environ. Parce que j'ai toujours eu un excellent service des employés de la pharmacie là-bas, je leur ai confié la gestion de mes médicaments et aussi certains médicaments de mon fils. Ça me fait de la peine pour les bonnes personnes qui travaillent là-bas, mais je vais changer mes habitudes. Parce qu'après avoir lu la grande désolation dans les yeux des gens qui ont été jetés dehors comme on se débarrasse d'un objet devenu encombrant, j'ai perdu le goût d'y aller. Déjà que j'y entrais avec un certain malaise... Que je me posais des questions... Maintenant, des questions, je n'en ai plus. Jeudi dernier, j'ai eu la dernière réponse dont j'avais besoin.

Mon fils est différent. Comme ceux qui se sont fait foutre à la porte jeudi dernier. Je ne veux plus amener mon fils chez Walmart. Le trop florissant monstre bleu ne mérite pas l'honneur de sa présence, et il ne mérite surtout pas de recevoir ses dollars en échange d'un bien fabriqué dans je ne sais quel pays par un employé sous-payé.

Les gens différents comme mon fils sont assez bien pour entrer chez Walmart pour y dépenser leurs dollars. Mais ils ne sont pas assez bien pour y travailler.

Les gens différents comme mon fils sont assez bien pour entrer chez Walmart pour y dépenser leurs dollars. Mais ils ne sont pas assez bien pour y travailler.

Cher géant bleu, tu es devenu tellement gros que tu crois pouvoir faire toutes les bêtises que tu veux sans en vivre les conséquences. Je ne suis pas une grande femme d'affaires ni une politicienne et tu me diras sans doute que je n'ai pas à te faire la leçon, mais je sais qu'un bon citoyen corporatif ne se comporte pas comme toi. Et je n'ai aucune envie d'encourager tes pratiques. La «formule Walmart» ne me convient pas.

Je sais que tu ne verras aucune différence dans tes profits si je n'achète plus tes produits. De toute façon, je n'ai pas vraiment contribué à ton succès puisque je n'ai jamais fait tous mes achats chez toi. J'ai toujours pris grand soin d'acheter toute mon épicerie et plusieurs autres produits chez mes marchands locaux. Et en plus, je donne la préférence aux produits du Québec. Non, tu ne seras pas en grande peine de me perdre. Mais j'ose espérer qu'après avoir été témoins de ton geste inhumain de jeudi dernier, plusieurs autres personnes vont faire comme moi et délaisser tes magasins pour favoriser leurs marchands locaux.

Cher géant bleu, jeudi dernier, tu as perdu un trésor, en même temps que plusieurs clients.

Je terminerai par te dire que quand je vais magasiner, j'aime bien être servie par une personne différente. Ce sont nos marchands locaux qui vont maintenant les accueillir dans leur entreprise et qui vont s'enrichir de leur présence. Cher géant bleu, jeudi dernier, tu as perdu un trésor, en même temps que plusieurs clients.

Mais tout n'est pas encore perdu cher géant bleu. Tu peux encore te racheter et retrouver les clients qui n'ont plus le goût d'aller chez toi depuis jeudi dernier. Comment? En rétablissant le programme d'intégration des employés avec déficience intellectuelle. En traitant tous tes employés de façon digne. En devenant le bon citoyen corporatif que nous voulons voir ici, au Québec. La balle est dans ton camp.

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