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Femmes aidantes et pauvreté: les conséquences troublantes

J’ai l’impression qu’en plusieurs aspects, au lieu d’évoluer nous sommes en train de nous empêtrer dans une toile tissée d’absurdités, au nom du progrès.
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Image taken by Mayte Torres via Getty Images

8 mars, Journée de la femme! Libération, émancipation, évolution de la société! Hummm... Permettez-moi de partager une tranche de la réalité des femmes aidantes.

Quand j'ai fondé Parents Pour Toujours, je savais que j'embarquais dans une croisade riche en émotions de toutes sortes. Pas facile d'ouvrir les yeux des politiciens sur la réalité des parents qui prennent soin de leur enfant handicapé d'âge majeur. Ces parents qui, chaque jour, consacrent leur vie à leur enfant sans aucun soutien financier de l'État. Mais le plus dur, c'est d'être témoin de la détresse de parents qui, croulant sous le poids de la pauvreté, ne savent plus quoi faire pour s'en sortir.

Saviez-vous qu'au Québec, 58% des proches aidants sont des femmes? Normal que je reçoive beaucoup de confidences de mamans aidantes désespérées.

J'ai ainsi reçu les confidences d'une maman monoparentale qui n'en peut plus de vivre dans la pauvreté et qui envisage, à contrecœur, la prostitution pour joindre les deux bouts.

Oufff...

Je lui ai répondu de ne pas perdre espoir. Que l'équipe de Parents Pour Toujours travaille très fort pour qu'un soutien financier soit mis en place pour nos familles le plus vite possible. Puis, je me suis rappelée... Quand le cannabis est devenu légal, ma première réaction a été de dire que la prochaine étape est la légalisation de la prostitution. Malheureusement, je crois que j'avais raison.

Le 28 octobre dernier, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a reconnu la prostitution comme un travail auquel consentent les femmes. J'étais renversée. Pour moi, c'était la preuve que notre société est vraiment en déroute. Vivement un bon conducteur pour lui éviter un carambolage majeur.

Je me permets ici de corriger la FFQ. Aucune femme ne consent volontairement à vendre son corps. Aucune. La maman qui s'est confiée à moi en est une preuve.

Celles qui se tournent vers le «plus vieux métier du monde» ne le font pas par choix. Jamais personne ne me fera comprendre qu'on peut pratiquer ce métier par passion. On l'exerce par résignation. Quand on vend son corps, on le fait pour survivre. On poignarde son âme à chaque fois, mais on a des dollars en poche.

Le corps n'est pas un objet qu'on peut monnayer sans en souffrir les conséquences. Le consentement ne s'achète pas.

Plus encore, le consentement n'est pas le désir, et surtout pas la liberté. Quand une femme consent à vendre son corps, ce n'est pas sa volonté qui s'exprime, c'est la nécessité. La pauvreté est étroitement liée à la prostitution. La misère et l'instinct de survie, ça pousse une femme à concevoir l'inconcevable.

Non, la prostitution n'est pas un choix et on n'y consent pas. On s'y résigne. Pour survivre un autre jour dans ce monde froid et impitoyable envers celles qui n'ont pas les outils nécessaires pour s'y faire une place.

Légaliser la prostitution ne contribuerait certainement pas à l'émancipation des femmes. Cela aurait plutôt pour effet de marginaliser davantage les plus vulnérables d'entre elles.

Si la prostitution devient légale un jour, le corps sera alors une marchandise. La suite? La légalisation de la vente d'organes. Oui oui! Si le corps est un produit qu'on peut marchander, allons jusqu'au bout! N'est-ce pas là une belle société évoluée?

Ainsi, les femmes bousculées par la vie pourront se prostituer pour mettre du pain et du beurre sur la table. Et si elles connaissent une période creuse où les clients se font rares, elles pourront toujours vendre un rein.

Et si l'exploitation de leur corps les rendait stressées? Pas de problème! La Société québécoise du cannabis (SQDC) est là! Elles pourront s'y rendre pour s'acheter une boîte de joints et geler leurs émotions pendant un temps!

Certains me diront que j'exagère. Mais avouez, je ne suis pas «dans le champ» tant que ça avec mon propos aujourd'hui.

Notre société glisse de plus en plus dangereusement vers la banalisation de ses pires fléaux. Et la position de la FFQ est un exemple troublant des dérives de notre époque.

Je le disais dans un billet précédent: nous devons faire un sérieux examen de conscience en tant que société. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai l'impression qu'en plusieurs aspects, au lieu d'évoluer nous sommes en train de nous empêtrer dans une toile tissée d'absurdités, au nom du progrès.

Oui, notre société est en déroute. Elle a perdu ses repères, ses limites, son bon raisonnement.

Je suis heureuse que mes enfants soient d'âge adulte. Parce qu'élever un jeune enfant dans les bouleversements que nous connaissons présentement me semblerait bien difficile. Je ne saurais pas comment expliquer à ma jeune fille que la prostitution est devenue un choix de carrière.

En tant que société, je nous souhaite de ne pas nous rendre dans cette noirceur.

En tant que représentante de toutes les mamans qui veulent prendre soin de leur enfant handicapé d'âge mineur et majeur, mais surtout en tant que femme, je profite de ma journée, la Journée de la femme, pour passer un message fort important au premier ministre du Québec:

M. Legault, s'il vous plaît, tenez votre promesse de rétablir un équilibre entre l'aide versée aux familles naturelles et aux familles d'accueil d'handicapés mineurs et majeurs.

Pour la Journée de la femme.

Mais surtout...

Pour éviter aux mamans aidantes de devoir envisager le recours à la prostitution pour survivre.

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