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Qu’est-ce qui vous dérange, Sophie Durocher?

Vous voyez un corps difforme là où je vois simplement un corps. Parce que c’en est un au même titre que le vôtre et le mien.
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L’apparence est liée à l’« image corporelle », c’est-à-dire à l’attitude que l’on a face à son corps : sa perception de lui-même.
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L’apparence est liée à l’« image corporelle », c’est-à-dire à l’attitude que l’on a face à son corps : sa perception de lui-même.

Madame Durocher,

J'ai vu votre plus récent article circuler sur les médias sociaux et dans mon réseau, les réactions qu'il a provoquées surtout. Ma pensée a été : « Bon, qu'est-ce qu'elle est allée dire cette fois? ». J'ai donc été vous lire. Parce que c'est bien de vous dont il est question ici, non? De vos idées, de votre point de vue, de ce que vous pensez, de vos croyances et vos valeurs, de vos difficultés, de la cause de la liberté d'expression que vous avez épousée et que vous portez contre vents et marées. Au détriment de la considération des besoins et du respect des sentiments de ceux que ça pouvait toucher, de leur intégrité et de leur droit à la dignité? Malheureusement, il semble bien que oui. Les choses s'inscrivent toujours sur un continuum et la liberté d'expression peut devenir de l'oppression. On peut également franchir des limites lorsqu'on ne considère pas autrui et dans l'absence de respect. Je vous inviterais à vous pencher sur le tout afin de vous faire votre propre idée, je ne crois pas que ça ait été réfléchi.

Ce n'est pas à vous que je vais expliquer que les mots ont une signification - un poids et un sens. Je vous apprendrai peut-être par contre que cette signification peut être différente d'une personne à une autre tout dépendamment de son vécu et de son histoire personnelle. Étant d'abord humaine, vous avez vos propres fragilités et vos propres blessures; vous aussi vous avez déjà souffert, peu importe la raison de vos souffrances.

Votre article, Madame Durocher, témoigne de votre ignorance, entre autres. Il témoigne aussi de votre condescendance et du mépris que vous portez. Pourquoi vous positionner ainsi? Je ne comprends pas votre attitude négative. Je ne sais pas si vous en avez conscience, mais tout ceci vous affecte.

C'est vous qui avez dit et je cite : « Mais parfois, il faut appeler un chat un chat »? Je me demande ce que l'on peut ressentir en tant que femme de culture et comme intellectuelle face à ce mot : « ignorance »? Je suis certaine que la signification de ce mot n'est pas la même pour quelqu'un que ça ne toucherait pas, c'est-à-dire quelqu'un que ça ne viendrait pas rejoindre dans ce qu'il ou elle est, dans son estime de soi et l'atteindre au plus intime d'elle-même.

D'abord, vous mélangez les concepts et ce que vous percevez comme étant du « charabia pseudo-intellectuel » et qui viserait – selon votre point de vue égocentré – à « rendre coupable d'une réaction spontanée » est plutôt une initiative qui prône l'acceptation de soi – c'est-à-dire de s'accepter tel que l'on est – et qui vise à sensibiliser les gens sur leurs propres jugements négatifs (ce que vous appelez des réactions spontanées) à l'égard de soi et d'autrui, à passer outre l'image (les stéréotypes) et à combattre les préjugés liés à l'apparence, entre autres, et où l'on enferme des gens dans des représentations d'eux-mêmes qui sont fausses et erronées. Pourquoi fait-on ça? Je vous laisse la question.

L'apparence est liée à l'« image corporelle », c'est-à-dire à l'attitude que l'on a face à son corps : sa perception de lui-même. Le tout peut soit être positif ou négatif et est intrinsèquement relié à l' « estime de soi » qui est la valeur et le respect que s'accorde un individu. L'estime de soi c'est la perception qu'une personne a d'elle-même et ça va influencer la façon dont elle va se traiter et prendre soin d'elle. L'estime de soi influence toute la vie d'une personne et il en est de même pour tous.

En développant sa propre conscience de soi, il est plus facile d'avoir conscience des autres et de comprendre sa responsabilité. L'assumer est un choix, mais ce sera votre décision à partir d'ici. À vous de choisir ce que vous faites de la tribune que l'on vous accorde, mais contrairement aux gens que vous avez attaqués par vos propos, offensés avec vos mots et dont vous avez pu blesser l'amour-propre, car plus vulnérable, vous avez le choix. Pourquoi ça vient vous chercher? Qu'est-ce qui vous dérange? Vous pouvez décider de prendre conscience de votre malaise, de changer votre mentalité et d'évoluer comme personne plutôt que de le projeter vers l'extérieur et d'attribuer la faute à un « on » qui « veut nous faire croire ». Je me fais miroir, je ne me donnerai cependant pas la tâche de vous éduquer, je vous laisse développer votre intelligence émotionnelle par vous-même puisque ça vous appartient de le faire : il en est de votre responsabilité. Une fois décentrée, vous pourrez développer votre empathie et réussir à comprendre le sens de ce qui vous échappe.

Vous voyez un corps difforme là où je vois simplement un corps. Parce que c'en est un au même titre que le vôtre et le mien.

Vous composez aussi notre société et cette société elle change et elle évolue, elle n'a pas de désir propre à elle-même et encore moins la volonté de nous faire croire quoi que ce soit. Vous êtes-vous déjà demandé si ce n'était pas les yeux avec lesquels vous regardez les choses plutôt que ce que vous regardiez la problématique? Vous voyez un corps difforme là où je vois simplement un corps. Parce que c'en est un au même titre que le vôtre et le mien. Pourquoi avez-vous besoin de le qualifier et de porter un jugement négatif vous qui dites être pour la diversité corporelle qui plus est? C'est moi ou il y a une incohérence dans votre discours ici? C'est moi ou votre comportement ne reflète pas ce que vous dites favoriser? Ça parle également beaucoup du fait que vos images mentales de cette diversité soient Kim Kardashian, Monica Bellucci et Beyoncé, vous ne trouvez pas? Peut-être auriez-vous besoin d'agrandir votre vision et de revoir vos références?

Vous ne vous souviendrez peut-être pas, sûrement pas, mais il y a trois ans on s'est croisée vous et moi. Vous aviez assisté à la soirée-bénéfice d'ANEB Québec, j'y avais accordé une entrevue à Clodine Desrochers, marraine de la campagne de financement et animatrice de cette soirée. On m'avait demandé de prendre la parole afin de sensibiliser la population à la problématique des troubles alimentaires dans le but de faire tomber les stéréotypes et les préjugés et d'amener les gens à développer leur empathie afin de mieux comprendre cette réalité.

À la lumière de ce que j'ai lu, de ce que vous avez écrit, force a été de constater que j'avais échoué dans mon mandat avec vous; j'ai donc souhaité me reprendre. Je vous laisse faire vos propres liens pour la suite - si ce n'est pas déjà fait - afin de vous permettre de saisir le rapport de ce que j'ai mis en relation ici et d'en comprendre également le sens. Vous pourrez ensuite faire vos choix, mieux vous positionner et contribuer ainsi dans le sens de vos valeurs.

N'ayez crainte, je ne crois pas que vous êtes une "horrible mégère réactionnaire" à cause des propos que vous avez tenus malgré le fait que cet article est ignoble, que vos propos sont odieux et scandaleux et que j'en suis profondément indignée; je fais la part des choses. Je crois cependant que ça parle de vous, pour vous et que vous avez du chemin à faire sur le plan humain. Je vous laisse cependant juger de tout cela puisque ça ne serait pas approprié que je le fasse étant donné que ça ne m'implique aucunement et que ça ne me serait donc en aucun temps utile.

Bonne continuation,

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