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Pourquoi bannir les pitbulls est une erreur

La vétérinaire Maude Imbeault juge la décision du maire de la ville de Québec, entre autres, non réfléchie: «En bon père de famille, il dit à un certain nombre d'entre elles qu'elles devront se départir d'un de leurs membres? Il ne peut pas faire ça!»
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L'interdiction des pitbulls, vous en pensez quoi? Le débat ne semble laisser personne indifférent ces jours-ci. Vous comprenez d'une part le besoin d'être en sécurité dans son voisinage. D'autre part, votre intuition vous dit que bannir les pitbulls n'est pas la solution appropriée ou justifiée, comme un sondage du Journal de Québec l'a révélé. Vous avez bien raison.

Pourquoi interdire les pitbulls n'est pas la solution miracle

1. Tout chien a maintenant des droits

On ne peut plus considérer un chien comme un objet. La Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal québécoise reconnaît aux animaux des droits inaliénables. On ne pourrait légalement pas forcer les familles à se départir de leur chien.

La vétérinaire Maude Imbeault juge la décision du maire de la ville de Québec, entre autres, non réfléchie: «En bon père de famille, il dit à un certain nombre d'entre elles qu'elles devront se départir d'un de leurs membres? Il ne peut pas faire ça!»

2. L'interdiction spécifique de races encourage des réactions néfastes

Si une interdiction est prononcée sur un territoire, tout individu peut discriminer un chien, souvent sans fondement. Elle forcerait ainsi plusieurs familles à déménager pour leur chien ou à se départir de celui-ci.

Avec la couverture médiatique récente, de nombreux cas d'empoisonnement de chiens ont malheureusement été rapportés.

En fait, les mortalités reliées aux morsures de chien sont extrêmement rares (selon des données américaines, 16 238 personnes sont mortes par homicide contre 32 par morsures de chiens). Qu'un humain puisse tuer n'entraîne pas de généralisation envers tous les humains, cette logique devrait s'appliquer pour les chiens.

Selon l'Association médicale des vétérinaires américains (AVMA), les races qui sont les plus agressives sont les chiens de petite et moyenne taille. Des études contrôlées n'ont pas identifié la race des pitbulls comme disproportionnellement dangereuse.

3. Le pitbull a des qualités considérables

Le pitbull est un des chiens qui a reçu le plus de médailles d'honneur. C'est un chien de famille par excellence aux États-Unis, on peut d'ailleurs le voir en vedette dans le film d'enfants Little Rascals. Les plus actifs adorent avoir une mission et leur tempérament de clown séduit leurs maîtres.

Le pitbull a un amour indéfectible pour l'humain. Tout comportement contraire démontre une mauvaise socialisation ou sélection génétique.

Le célèbre éducateur canin Cesar Millan affirme dans son livre Cesar's Way qu'il n'y aurait que deux seuls pitbulls, sur les milliers avec lesquels il a travaillé, qu'il n'a pas réussi à réhabiliter. Il affirme : «Allez plus loin que le stéréotype et vous découvrirez un compagnon intelligent, calme et aimant [...] Un chien est un chien.»

4. L'interdiction spécifique déculpabilise les maîtres irresponsables

Plusieurs propriétaires laissent leurs chiens sans laisse lors de promenades, ou libres sur leurs terrains résidentiels. Ces chiens peuvent être sans danger, mais je ne veux pas me poser la question à chaque fois qu'un de ceux-ci court à ma rencontre ou se pointe à la hauteur du visage de mes enfants.

La culture actuelle n'encourage pas assez la responsabilisation des propriétaires et des éleveurs non enregistrés de chiens. Mais l'interdiction spécifique de la race entraînerait un faux sentiment de sécurité alors que tout chien reste un animal qui doit être bien socialisé et encadré. La position des vétérinaires du Québec appuie d'ailleurs une mise en place de mesures appropriées, sans tenir compte des races de chien.

5. Les propriétaires irresponsables resteront à risque

Les propriétaires irresponsables se procureront un chien semblable ou se tourneront vers une autre race. Commencerons-nous à interdire tous les chiens intimidants?

Récemment, le Journal de l'association médicale des vétérinaires américains a publié l'étude la plus compréhensive sur les fatalités reliées aux morsures de chien. Elle révèle que les situations qui mènent aux morsures peuvent potentiellement être contrôlées dans 80 % des cas environ. D'ailleurs, les auteurs de cette étude rapportent que dans plus de 80 % des cas, la race ne pouvait pas être identifiée.

6. L'interdiction mènerait plusieurs chiens à la mort

L'interdiction d'une race de chiens force les propriétaires les plus responsables à déménager ou à trouver une famille d'accueil. Mais qui voudra adopter les chiens plus âgés? Acculés au pied du mur, la décision d'obliger les propriétaires de se départir de leur chien en mènerait plusieurs à l'euthanasie.

Le directeur de la SPA de Québec, Denys Pelletier, déclare qu'il ne voit pas de bonnes raisons d'en arriver là: «Si un chien n'a pas de problème de santé ni de comportement, pourquoi je l'euthanasierais? C'est contre ma mission.»

De vraies solutions aux chiens dangereux

Que pouvez-vous faire de plus adéquat pour résoudre le problème des chiens dangereux?

1. Choisir un éleveur responsable

Les bons éleveurs choisissent les familles d'accueil de leurs chiots, bien socialisés au départ, et les informent convenablement. Souvent, ils exigent les cours de maternelle et d'obéissance de base, et obligent la castration, ce qui évite bien des problèmes potentiels.

2. Sensibiliser les propriétaires de chiens

Il devrait y avoir plus d'éducation dans les médias sur les besoins d'un chien et comment y répondre. L'émission de Cesar Millan, que l'on peut trouver sur YouTube, est un bon début. Les propriétaires de chiens devraient s'assurer d'une bonne socialisation de leurs chiens ainsi qu'une supervision adéquate.

3. Sensibiliser la population

Notre société devrait aussi mieux sensibiliser les gens, en particulier les enfants, sur la bonne manière d'aborder un chien inconnu. Et aussi, favoriser une meilleure compréhension du comportement canin.

Nous devrions mettre en place des mesures adéquates contre les chiens vraiment dangereux et les propriétaires négligents.

Passer à l'action

Voulons-nous encore vivre dans une société où «le chien est le meilleur ami de l'homme?» Et vice-versa? Honorer le droit des animaux et des familles à conserver leurs précieux membres? Alors il doit y avoir plus de responsabilisation.

Malheureusement, l'interdiction basée sur la race canine n'en est pas une. Elle ne nous rassure pas sur notre sécurité, et elle cause bien des dommages. Votre support à des mesures sensées face aux chiens dangereux peut faire la différence entre la vie et la mort de bons chiens de famille.

• Pétitions

Pour les pitbulls à Québec

Non au bannissement des pitbulls au Québec

Contre l'interdiction des pitbulls (et autres chiens jugés dangereux) à Montréal

• Manifestations

Le 3 juillet, à Boucherville, il y a une marche à 10 h, détails à préciser. Une manifestation se tiendra le 4 juillet devant l'hôtel de ville de Québec, à 12 h. À Montréal, il y en aura une marche le 16 juillet, départ du parc Pélican à 10 h 30.

Ce billet a également été publié sur le blogue personnel de Marie-Ève Boudreault.

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