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S'évader entre fleuve et montagne avec Le Festif!

C'est indéniable, la magie et l'engouement ont encore une fois opéré cette année.
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Le Festif s'est tenu à Baie-Saint-Paul, du 19 au 22 juillet 2018.
Marie-Ève Blanchard
Le Festif s'est tenu à Baie-Saint-Paul, du 19 au 22 juillet 2018.

Voilà à peine quelques minutes que nous venons de quitter Baie-Saint-Paul. Tandis que mon regard se perd dans le vaste fleuve, je me laisse bercer par les oscillations du train de Charlevoix. À mes côtés, ma fille somnole déjà. Elle s'est endormi le sourire aux lèvres de cette belle fatigue qui nous embrasse, après une longue journée chargée en émotions et en découvertes. Dans son cas, elle en porte plutôt quatre; quatre journées où son enthousiasme incessant et son épuisement sont gage de réussite. Huit années à peine et je la vois tout aussi ravie que je le suis de mon second Festif.

L'année dernière, le Festif avait été pour moi un concentré de quatre jours où le bonheur musical avait été plus qu'au rendez-vous, dépassant continuellement mes attentes; quatre journées au terme desquelles j'étais rentrée avec cette envie frétillante de partager haut et fort ma découverte estivale tout en ayant le désir de la garder intimement que pour moi. Un peu au même titre que lorsque l'on découvre une adresse gourmande impeccable, un bout de rivière sablonneuse ou une crique de lac bucolique et qu'on est tenté par l'envie de garder ce lieu méconnu que pour soi, de peur qu'il ne perde de sa saveur si le secret s'ébruite et qu'on y abonde. Le Festif s'était aussi avéré ce genre d'événement qui, lorsqu'il se termine, tu le quittes avec la certitude d'y revenir. J'avais littéralement été séduite. J'avais trouvé ce qui parlait à la fois à la mélomane en moi, mais aussi à mes attentes de festivalière qui ne sont pas comblées dans une grande ville.

Et puis, je m'étais laissée prendre par la frénésie qui habite des centaines de fidèles depuis maintenant neuf années. Durant les mois qui passaient, je m'étais prêtée à leur suite au doux jeu de l'attente. À l'instar de tous ces mélomanes, j'ai adhéré bien malgré moi à un mot-clic ... #jaihateaufestif.

Un engouement indéniable

C'est indéniable, l'engouement a encore une fois opéré cette année, grâce aux rendez-vous avec une kyrielle impressionnante d'artistes talentueux qui me passionnent. Faisant salle comble, Pierre Lapointe, que je n'avais pas vu depuis des années, m'a fait abondamment rire lors de l'ouverture de cette neuvième édition. Ce dernier, conscient de nous plonger dans un registre des sentiments denses et par moment lourds, qui sent la mélancolie et le vague à l'âme plutôt que la gaité, ne cessait de nous mettre en garde quant à l'introspection à laquelle il nous invitait. «Assurez-vous de ne pas être seul et d'aller voir un autre spectacle question de changer de tonalité», nous mettait-il constamment et ironiquement en garde, tout en nous livrant son superbe spectacle La science du coeur.

J'ai ensuite découvert Hubert Lenoir, dont je ne savais rien, sinon qu'il avait fait tripper solide Jean-Pierre Ferland dans une émission de télé.

Je l'ai trouvé intrigant, puissant et beau de sa désinvolture et de son je-m'en-foutisme.

Marie-Ève Blanchard

Patrick Watson a ensuite habité les gens tout autant que la grande scène Desjardins. Je me mords encore les doigts d'avoir manqué sa prestation surprise le lendemain, alors qu'il était seul au piano en bord de fleuve. Il y a des risques à prendre lorsqu'on s'éloigne de Baie-Saint-Paul durant la journée, lors du Festif, soyez avisés!

Et puis, j'ai renoué avec un si grand bonheur grâce à Martin Léon, poète voyageur dont j'aime tant les mots, l'intelligence de la vision et des textes. Il a déconstruit musicalement et reconstruit brillamment son album fabuleux Les atomes sous les yeux et dans les oreilles d'un public éminemment comblé.

Caroline Perron
F. Gagnon

Il y a aussi eu l'immense et engagé Tiken Jah Fakoly, qui nous a chanté l'Afrique, nous emmenant toujours à s'insurger à sa suite face aux injustices.

Mara Tremblay soulignait son anniversaire en bord de fleuve sous un soleil de plomb. La rockeuse était touchante, tout autant que son fils à la batterie.

Marie-Ève Blanchard

Daniel Boucher, que j'avais vu il y a plus de 10 ans que j'ai trouvé cette fois tellement plus mature, centré, en contrôle et grand guitariste... Et puis, un spectacle-hommage grandiose, tout aussi grandiose que Richard Desjardins. Une étonnante flopée d'artistes sont venus chanter, à leur manière, les mots du grand poète Yann Perreau, de Philippe B. Saratoga, de Fred Fortin et de Keith Kouna, pour ne nommer qu'eux.

Marie-Ève Blanchard

Vous dire mon bonheur de voir les yeux de ma fille briller lorsque Koriass a fait son entrée sur scène avec M'a mettre un homme là-d'ssus! Et le soulagement, pour mon corps, de constater à quel point la foule était d'une gentillesse et d'une tendresse sans égal. Les hommes se relayaient les uns après les autres pour proposer à mon enfant de huit ans de la prendre sur leurs épaules, afin qu'elle ne manque jamais rien de la scène.

C'est bien ça, le Festif

Au-delà de la programmation de feu et du cadre enchanteur, c'est aussi des rencontres avec un public fabuleux, un festival durant lequel les générations s'emmêlent respectueusement. Il y a réellement quelque chose d'unique dans ce rassemblement de mélomanes qui viennent s'abreuver l'âme et se nourrir de moments, de rendez-vous inattendus, de belles folies. Je pense notamment à la prestation de Stéphane Lafleur au beau milieu des moutons à l'aube, dans la cour du Germain.

Les artistes sont unanimes. Il y a quelque chose de magique dans ce festival, de contagieux. Comme s'ils renouaient avec le plaisir réel d'embraser la scène et de jouer, vraiment jouer, après avoir foulé de manière répétitive le même genre de scène durant trop de mois ... C'est indéniable, ils s'amusent! Et tous le soulignent.

«Un osti de vraiment nice de festival!» pour reprendre les mots de Philippe Brach.

Dans les quelques rues du village de Baie-Saint-Paul, circule une énergie unique, magique, le terme est sans doute cliché, mais c'est le cas, je cherche le mot et je n'arrive pas à trouver mieux. Le sourire des festivaliers qui s'y baladent en après-midi, ces spectacles-surprises dans des lieux inattendus (cette année, Patrick Watson, Pascale Picard, Yann Perreau & Random Recipe et même Paul Piché, en autres), sur des balcons, dans les airs, dans des cours arrière de résidents, des dépanneurs, sur le bord du feu.

Au-delà des scènes, on fait pénétrer les artistes et leur musique là où elle se doit d'être: dans notre quotidien. Et cela crée une proximité des plus appréciables, lors d'une longue fin de semaine menée de main de maître par une fabuleuse toute petite équipe, qui a bien fait de rêver grand, et plus de 300 bénévoles dévoués et souriants. C'est mon deuxième Festif et c'est vraiment le festival qui se prête le mieux à ma fin trentaine, début quarantaine, qui aime se perdre et se trouver à même la foule certes, mais qui est aussi avide de spectacles intimistes dans des cadres enchanteurs et à la recherche d'étonnements, de fééries tout autant que de moments plus intenses et rock & roll.

Au-delà de la musique

Au-delà de la musique qui a réuni plus de 38 000 festivaliers, au-delà du bonheur de flâner dans les belles rues de Baie-Saint-Paul, de découvrir ses produits régionaux dans ses cafés et bistrots et ses artistes dans ses galeries, le Festif c'est aussi l'occasion d'aller à la rencontre d'une région.

Cette année, mon séjour festif était aussi ponctué de moments en plein air. En douceur, on s'entend, considérant la fatigue qui se cumule soir après soir en raison des spectacles plus tardifs. Alors que l'année dernière, je faisais farniente sur la belle plage de Saint-Irénée, cette année, j'ai pris le train le vendredi après-midi en direction de Saint-Joseph-de-la-Rive. J'y ai découvert son musée maritime, randonnée dans son sentier de la forêt marine et parcouru son tout récent parc des Navigateurs. J'ai aussi enfourché un vélo au petit matin, afin d'aller humer la douce lavande chez Azulée. Me suis rafraichie dans une cascade avant d'aller rejoindre Mara Tremblay qui jouait sur le quai, pour l'écouter depuis la plage.

Marie-Ève Blanchard

Dans le petit matin de dimanche, bien cernées, mais le coeur ravi, tandis que le village et les festivaliers s'éveillaient doucement, ma fille et moi avons pagayé un parcours de 12 kilomètres sur la rivière du Gouffre en kayak. Notre Festif s'est terminé avec notre entrée dans la baie.

Marie-Ève Blanchard

Devant nous se profilait le quai de Baie-Saint-Paul, sur lequel une foule s'était assemblée. Et puis, j'ai entendu les premières notes de Philippe Brach et ses acolytes.

Marie-Ève Blanchard

Pour son anniversaire et pour clôturer le Festif, le musicien se payait le quai et quelques pièces folk-rock-blues sous un soleil ardent que tempérait une douce brise. Avec le fleuve en toile de fond, la poésie crue et unique du charismatique Brach, le charme n'a pu qu'opérer, profondément. De mon kayak tanguant doucement sur l'eau du fleuve, j'ai eu la certitude qu'encore une fois j'y serai pour une prochaine année...

Marie-Ève Blanchard

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