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Voiture américaine: après l'Apocalypse

Alors après une demi-heure de, un texte de Catherine Léger présenté à La Licorne, je me demandais toujours où on voulait en venir avec tout ça.
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Alors après une demi-heure de Voiture américaine, un texte de Catherine Léger présenté à La Licorne, je me demandais toujours où on voulait en venir avec tout ça. Tout ça ce sont les huit personnages qui, à tour de rôle, font état de bribes d'information les concernant avec comme décor un mur où sont alignées des centaines de bouteilles de vin vides. L'effet, avec la lumière qui accroche les divers angles des bouteilles, est d'ailleurs plutôt joli.

Je crois bien que l'auteur voulait nous parler des rapports humains après qu'une apocalypse ait ravagé la planète. On ne connait ni la nature ni l'étendue de cette destruction, on sait simplement qu'il n'y a plus de chocolat ou de biscuits, que l'essence pour les voitures est rare, mais que l'alcool continue d'être produit grâce aux bons soins de Bartak (Sébastien Dodge, très convainquant) qui semble être le leader, ou du moins un personnage influent au sein de cette communauté. Il doit d'ailleurs se marier avec la belle Garance (Rose-Maïté Erkoreka) qui est amoureuse d'un certain Laurier, qui a été tué par Victor, le chauffeur de taxi, qui a une femme, Suzanne (Amélie Bonenfant), qui refuse de sortir à l'extérieur de sa maison, etc. Ça fameux Laurier, dont on ne saura rien, est le lien qui unit tous ces personnages.

La pièce évoque vaguement La servante écarlate de Margaret Atwood dans son traitement des rapports entre les hommes et les femmes. Il n'y a plus d'enfants et le pouvoir est revenu dans son entier entre les mains des hommes qui dominent complètement leur contrepartie féminine. Les femmes n'ont qu'une fonction biologique et sont une marchandise qu'on peut échanger selon son bon vouloir. Mais ce filon intéressant n'est pas exploité, comme d'ailleurs les autres thèmes qui ne sont qu'effleurés: le pouvoir, la morale, l'espoir, l'amour au temps de l'apocalypse. On aborde tout cela par fragment, sans s'attarder à quoi que ce soit, ce qui donne des comédiens qui viennent faire leur numéro à tour de rôle sans véritable investissement émotif. Et, conséquemment, la spectatrice que je suis ne s'est pas du tout sentie interpellée.

Certaines répliques sont drôles, ce qui allège un peu ce texte par ailleurs très lourd. Mais j'aurais aimé pouvoir saisir un fil conducteur qui m'aurait amené quelque part. Je n'ai pas compris les motivations de ces personnages, leur angoisse (plutôt factice) et leur désespoir (plutôt plaqué) m'ont laissée de marbre. Pourquoi ce Laurier est-il si important, à part le fait que toutes les femmes semblaient en être éprises? Pourquoi la vieille et son magasin général? Pourquoi est-il si important d'avoir une voiture américaine même si on ne peut pas mettre d'essence dedans?

Anne-Marie Levasseur, qui joue le rôle de Julie, chante et joue (très bien) du piano. Son personnage d'alcoolique désabusée et revenue de tout, m'a semblé le plus intéressant. Mais encore là, elle demeure anecdotique. Tout demeure en surface dans Voiture américaine, dans cet univers glauque et déprimant où c'est le chacun pour soi qui prime. Il y avait peut-être là matière à critique sociale, mais Catherine Léger ne s'y aventure pas.

Fils aîné, un brave Y qui m'accompagnait ce soir-là, a beaucoup aimé. Quand je lui ai demandé : mais de quoi ça parlait, qu'est-ce qu'on voulait nous dire, il m'a regardé avec des yeux de merlan frit. Mais c'est cela le théâtre aussi parfois. C'est générationnel, ça ne nous touche ou ne nous amuse pas nécessairement de la même façon. Pour moi ça n'a pas marché.

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