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D'ailleurs cette pièce se démarque de la production habituelle de Neil Simon, ce dramaturge qui représente la quintessence d'une certaine Amérique, bourgeoise et bien-pensante mais capable de rire de ses travers. Il a eu beaucoup de succès dans les années 70 et 80 et peut-être devrions-nous le laisser se reposer en paix.
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Je me suis posée des questions sur le public-cible d'Un village de fous lors de la première de décembre. Est-ce que cette pièce ne conviendrait pas mieux à des enfants de trois à huit ans? Parce que, avouons-le, l'humour est vraiment au ras des pâquerettes et on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un texte qui nous élève l'âme ou qui fasse appel à notre intelligence.

D'ailleurs cette pièce se démarque de la production habituelle de Neil Simon, ce dramaturge qui représente la quintessence d'une certaine Amérique, bourgeoise et bien-pensante mais capable de rire de ses travers. Il a eu beaucoup de succès dans les années 70 et 80 et peut-être devrions-nous le laisser se reposer en paix. Soulignons que Simon n'a jamais été le génie de la construction dramatique dans ses pièces, préférant les échanges rapides et parfois brillants de répliques assassines. Et cette faiblesse se révèle particulièrement évidente dans Un village de fous où l'absence de dialogues mordants se fait cruellement sentir alors que la mise en scène, qui tombe à plat, n'aide en rien un texte trop souvent médiocre.

Léon, un professeur, arrive dans le petit village ukrainien de Kulyenchikov où les habitants sont sous l'emprise d'une malédiction lancée 200 ans auparavant par le comte Yousekevitch à qui on a refusé la main de la belle Sophia. Le sort fait en sorte que tout le monde au village est idiot. Léon tombe amoureux de Sophia, la descendante de l'instrument du sort, et apprend qu'il a 24 heures pour éduquer Sophia qui est conne comme un balai et ainsi rendre à leur état normal les habitants du village. Tout cela sera prétexte à une suite de gags ridicules et débiles qui ne sont aidés en rien par une traduction qui laisse souvent à désirer, par des différences confondantes dans les niveaux de langages et par une distribution très inégale : la toujours très charmante et talentueuse Émilie Bibeau s'en tire bien, quoiqu'elle crie un peu trop, Claude Prégent et Pauline Martin sont égaux à eux-mêmes dans le cabotinage et on ne croit pas deux minutes en Laurent Duceppe, le berger qui a perdu ses moutons.

Et il faut aussi attendre une heure avant l'apparition de Luc Bourgeois qui incarne le comte Yousekevitch. J'ai vu ce comédien dans La coopérative du cochon et je ne peux que dire que son talent est grand. Il nous donne un comte d'une irrésistible drôlerie et d'une folle extravagance composé d'éléments qui m'ont rappelé le comte de Sesame Street et le maire Ferrandez du Plateau Mont-Royal. Hélas, il ne reste pas très longtemps sur scène et je crois que si ce personnage avait été davantage exploité, la pièce aurait été bien meilleure.

Neil Simon aurait écrit cette pièce lors d'un divorce acrimonieux d'avec l'une de ses nombreuses épouses. Elle lui aurait demandé, comme pension alimentaire, les droits sur sa prochaine œuvre. Il a donc écrit Fools avec le désir secret que cette pièce ne connaisse jamais le succès. Elle a été jouée sur Broadway en 1981 et la production a été stoppée après 40 représentations et de très mauvaises critiques. La morale de cette histoire? Ne pas présenter une pièce qui a servi à un ex-mari d'instrument de vengeance.

Un village de fous est présenté au Théâtre Jean-Duceppe jusqu'au 9 février 2013

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