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«Tendre»: des multiples usages d'un élastique

Sur scène, deux danseurs/acteurs et un élastique, rouge et très long, qui les relie. Jamais cet élastique ne se mêle. Les protagonistes, Brice Noeser et Katia Petrowick, vont tout au long du spectacle, avec très peu de mots, nous raconter un tas de choses alors que l'élastique se fait maison, fleur, microphone, guitare, étoile etc.
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Tendre, une création de la chorégraphe Estelle Clareton, que j'ai vue à l'Agora de la danse, s'adresse à un jeune public. Jeudi dernier, ce furent des hordes d'enfants de la maternelle et de première année qui ont déferlé et si je les ai trouvés un petit peu tannants et pas toujours suffisamment concentrés, je ne leur en veux pas. Le spectacle que nous avons vu ratisse large et aborde beaucoup de thèmes et ce n'est pas toujours évident, à 5 ou 6 ans, de rester immobile et d'écouter attentivement pendant cinquante minutes. Il y a même des adultes qui en sont incapables...

Sur scène, deux danseurs/acteurs et un élastique, rouge et très long, qui les relie. Jamais cet élastique ne se mêle. (Ce qui m'a donné à penser que les fabricants des écouteurs pour téléphones devraient sérieusement s'en inspirer.) Les protagonistes, Brice Noeser et Katia Petrowick, vont tout au long du spectacle, avec très peu de mots, nous raconter un tas de choses alors que l'élastique se fait maison, fleur, microphone, guitare, étoile etc. avec une inventivité toujours renouvelée pleine de charme et de poésie.

Le garçon est gaffeur et maladroit, mais ô combien attachant, la fille est plus distante, affichant une certaine froideur, se révélant visiblement plus cartésienne, les deux se complétant, les forces de l'un compensant les faiblesses de l'autre dans cette aventure profondément humaine ponctuée de musique et d'humour. La chorégraphie varie du terre-à-terre (littéralement) au plus abstrait, toujours ludique cependant, mais lors des moments plus difficiles à cerner c'est là que j'ai senti les enfants décrocher. Quoiqu'ils ont été rattrapés par la suite. Noeser et Petrowick ne démontrent pas de virtuosité technique (même si un extrait musical du Lac des cygnes aurait pu leur en donner l'occasion) et je crois que c'est parce qu'Estelle Clareton a voulu miser sur l'expressivité. Et les deux danseurs sont parfaits et parfaitement à l'aise dans cette exigence. Il y a un moment, entre autres, où ils intervertissent leur genre, où le garçon devient fille et vice-versa, bouleversant les idées reçues sur la masculinité et la féminité. Ça vous décoiffe le cliché, croyez-moi, et ce ne peut qu'être salutaire pour les enfants, balayant au passage, souhaitons-le, quelques préjugés oui, oui, même à six ans.

Tendre est un spectacle sincère et charmant et les parents vont être aussi en mesure de l'apprécier à cause des multiples niveaux de lecture qu'on y retrouve. En dépit de mon âge vénérable, je crois avoir conservé ma faculté d'émerveillement, et Tendre s'est chargé de la réveiller avec les élucubrations de cet élastique aux étonnantes possibilités. Jolie métaphore d'ailleurs que celle de cet objet de tous les jours qui nous entrave parfois, mais qui nous relie aussi, qui nous permet de communiquer, de rester en contact, que l'on peut étirer à volonté pour s'éloigner ou se rapprocher. Il s'agit juste de trouver la bonne longueur.

Tendre d'Estelle Clareton qui a été présenté à l'Agora de la danse, sera en tournée le 10 novembre à Lennoxville, le 11 novembre à la Salle Pauline-Julien à Sainte-Geneviève, les 7, 8 et 9 février à la Maison des arts de Laval, le 14 février au Théâtre du Bic, les 21, 22 et 23 février au Théâtre de la Ville à Longueil, du 20 au 24 avril au Centre national des arts à Ottawa et les 13 et 14 mai avec l'organisme de diffusion culturelle Petits Bonheurs.

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