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Je ne sais pas si cela tient à la traduction ou s'il y a derrière tout cela une volonté de demeurer insaisissable, mais il demeure que je n'ai pas compris oùvoulait en venir ou qu'est-ce qu'on voulait me dire avec tout cela.
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Je vais vous dire une chose, résultat des observations que j'ai pu faire après avoir vu des centaines de pièces de théâtre: si quinze minutes après le début de la pièce vous n'avez aucune idée du sujet, du thème, de ce que l'on veut vous dire, ce n'est pas bon signe. Et c'est le cas avec Te tenir contre moi, une production du Théâtre L'Instant, présentée à la salle intime du Prospero.

La pièce est de Gary Henderson, un auteur néo-zélandais. Traduite par Xavier Mailleux qui joue aussi dans la production en compagnie de Sophie Martin, ça parle d'un couple qui évoque des souvenirs, qui se remémore les différentes étapes de leurs vies tout en se livrant, littéralement, bataille dans des chorégraphies de combat, à coups de poing ou avec des techniques rappelant le judo ou autre chose peut-être, mais moi je n'y connais rien. C'est du Johnny fais-moi mal qui va dans les deux sens.

Élisabeth et Tom donc, s'aiment terriblement, se déchirent aussi. Par bribes, on apprend qu'ils ont eu une ferme de moutons (après tout, on est en Nouvelle-Zélande), que Tom est allé à la guerre, qu'Élisabeth l'a trompé, qu'ils ont eu une fille, Kitty, que Tom ne remet jamais le bouchon sur le tube de dentifrice etc. etc. Tout ça sans rime ni raison, sans que l'on sache s'ils parlent du présent ou du passé, avec une absence de chronologie ou plutôt une absence de maîtrise dans le rendu de la chronologie qui a semé chez moi la plus grande confusion.

Il y a deux bacs sur la scène, l'un rempli de pommes et l'autre d'eau. La mise en scène d'André-Marie Coudou utilise ces éléments sans aucune forme d'inspiration, le tout donnant une impression de terre-à-terre, de pragmatisme qui détonne singulièrement avec des dialogues qui se veulent poétiques et peut-être même fulgurants et qui ne sont qu'opaques. Il y a un voile indéchiffrable qui recouvre ce texte et qui nous empêche d'y pénétrer. Je ne sais pas si cela tient à la traduction ou s'il y a derrière tout cela une volonté de demeurer insaisissable, mais il demeure que je n'ai pas compris où Te tenir contre moi voulait en venir ou qu'est-ce qu'on voulait me dire avec tout cela.

Les murs de la salle intime sont couverts de photocopies de photos du personnage féminin, photocopies qui pâlissent de plus en plus jusqu'à ne plus être que des pages blanches. Évidente métaphore pour la disparition d'Élisabeth à laquelle on fait allusion dans le texte. Mais on ne sait pas de quelle nature est cette disparition. Ma complice de ce soir-là a cru y voir l'Alzheimer à cause des souvenirs évoqués par les personnages. Pour moi il s'agissait plutôt d'une quelconque maladie qui la condamnait ou peut-être même d'un suicide. Quoi qu'il en soit, le texte ne contient aucune révélation qui jetterait un éclairage sur la devinette que constitue la pièce de Gary Henderson.

Le tout demeure énigmatique, mais sans aucun défi pour le spectateur en plus de ne véhiculer aucune émotion ce qui fait qu'on s'en fiche de ce couple et de ce qui lui est arrivé. Le résultat c'est que même si la pièce ne dure qu'une heure, on s'y ennuie et que les avatars de Tom et Élisabeth ne m'ont pas intéressée. Le couple et l'amour sont un sujet inépuisable pour les créateurs depuis la nuit des temps. Mais ici l'émotion ne passe pas, on n'y croit pas et s'il y avait un sous-texte dans ce texte, je ne l'ai ni saisi ni senti.

Te tenir contre moi, une production du Théâtre L'Instant, à la salle intime du Prospero jusqu'au 14 mai 2016.

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