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C'est primaire, lent, sans rythme aucun et franchement platte.
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La chose est assez rare pour le souligner : Polyglotte d'Olivier Choinière est un spectacle qui dure une heure dix et qui aurait gagné à être réduit à 30 minutes. Et encore là, je ne suis pas sûre que l'intérêt eût été augmenté de façon notable.

Choinière nous a habitués à mieux que cela. Ennemi public, la saison dernière, a été un grand moment de théâtre. Et j'avais trouvé de l'intérêt à Mommy en dépit des réserves que j'avais exprimées sur la charge violente de la pièce contre la société québécoise mais qui ne suggérait pourtant aucune solution de rechange. Polyglotte , cependant, rate son coup. Non seulement je ne sais pas où on voulait en venir avec cette pièce mais dans la forme comme dans le fond le résultat s'avère extrêmement pénible.

C'est à une cérémonie de citoyenneté qu'on assiste : de véritables immigrants venus de tous les horizons qui rêvaient, pour diverses motivations, de venir s'établir au Canada. Cet examen de citoyenneté est assorti de questions qui sont posées par des voix d'hommes, en anglais et en français, avec des dictions très Henri-Bergeronnesques. Ces questions sont cependant perverties pour souligner à gros traits les failles et les écueils de la société canadienne. Et c'est là qu'on tombe dans le cliché le plus éculé.

- L'Hiver. Check.

- Le hockey. Check.

- La température. Check.

- Les orignaux, les castors et le portrait de la Reine. Check.

- Les difficultés à apprendre le français. Check.

- La liberté d'expression. Check.

Etc.

Nous savons tous que certains immigrants surqualifiés se retrouvent à faire des jobs minables afin de survivre puisque leurs diplômes ne sont pas reconnus ici. Nous savons aussi qu'ils fuient très souvent des guerres ou des dictatures et que le rêve de la plupart d'entre eux est de procurer une meilleure vie à leurs enfants. Mais je crois qu'on aurait pu traiter de tout cela au-delà du premier degré consternant dont Polyglotte est affligé. Parce que c'est primaire, lent, sans rythme aucun et franchement platte. Et il n'y a pas un mot, pas une allusion à l'intégration de ces personnes au sein de la société québécoise. Tout demeure au ras des pâquerettes, dans une désolante superficialité. Les comédiens, qui ne sont pas des professionnels, se débattent là-dedans et font ce qu'ils peuvent avec ce texte pauvre qui ne leur laisse aucune occasion de briller.

Les nouveaux Canadiens entonnent vers la fin le Ô Canada avec la trame sonore de Ginette Reno, un enregistrement trafiqué qui déforme la voix de la chanteuse et la rend chevrotante et décalée. C'est peut-être l'image du Canada que voulait donner Olivier Choinière, ce rêve d'immigrants qui se retrouvent dans une réalité qui ne correspond pas à ce qu'ils attendaient. Mais je ne sais pas s'il voulait dénoncer les politiques du Ministère de l'Immigration. En fait je ne sais rien, le propos de cette pièce m'a complètement échappé, je n'ai certainement rien appris que je ne savais déjà et ça ne m'a amenée nulle part.

Il y a dans le plus récent numéro de la revue Urbania, un texte d'une immigrante qui est devenue citoyenne canadienne. Je vous le recommande. C'est éclairant, plein d'informations et drôle et touchant en plus. Alors que Polyglotte c'est comme être assis dans un avion pendant huit heures à côté de quelqu'un qui vous rabâche constamment des choses que vous savez déjà.

Polyglotte : Une création de L'ACTIVITÉ, en coproduction avec le Festival TransAmérique, présenté au Théâtre Aux Écuries jusqu'au 3 octobre 2015.

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