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Papoul: les papas poules, il était temps!

est un spectacle adorable, visuellement très riche et qui véhicule un message très concret. Léopold S., 2 ans, a beaucoup aimé sa première expérience au théâtre. Il a été subjugué du début à la fin, comme le reste des enfants dans la salle, et les adultes aussi.
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Dans ma jeunesse, lors d'un projet étudiant d'été j'avais participé à une production de théâtre pour enfants. Le personnage principal était Joss Rantab, le chasseur de primes dans les boîtes de détersif; l'histoire était pas mal échevelée et malgré quelques trous dans la structure de cette pièce qui n'avait ni queue ni tête, avouons-le, nous obtenions beaucoup de succès auprès d'un jeune public avide de divertissements. Plus tard j'ai couvert un Festival de Théâtre pour enfants qui avait lieu au parc Lafontaine et j'ai amené régulièrement mes enfants à la Maison Théâtre. Maintenant, en compagnie de Léopold S., 27 mois, je poursuis la tradition.

Papoul est l'œuvre de Jasmine Dubé, fondatrice du Théâtre Bouches Décousues, un des moteurs de notre dramaturgie pour la jeunesse. Elle dit elle-même qu'elle a écrit Papoul et qu'après elle l'a désécrit. Car il n'y a pratiquement pas de paroles dans la pièce, des onomatopées, oui, des sons, de la musique, mais pas de dialogues. Tout passe par le visuel, la gestuelle, les expressions du comédien Charles Dauphinais et du contrebassiste Christophe Papadimitriou. L'histoire d'un papa-poule (un mélange de coq et de poule) qui s'occupe de ses enfants (d'adorales petits poussins) sous l'œil bienveillant du grand-père qui habite une horloge (ha!ha!).

Jadis, lorsque j'amenais mes fils au théâtre, il n'y avait pas de pièces qui traitaient de ce thème : quoi? Un père qui faisait tout dans la maison? Qui se lève à l'heure des poules (évidemment), qui prépare le déjeuner de sa smala, qui les mène à la garderie, qui va travailler, qui revient et prépare le souper, qui met les petits au lit, qui fait le ménage puisque sa journée de travail est loin d'être terminée, qui veut se détendre en regardant le hockey, mais qui doit se précipiter pour réconforter un poussin aux prises avec un mauvais rêve, qui enfin gagne son lit autour de minuit pour recommencer le lendemain? Ma vie quoi, et celle de la plupart des mères. Mais puisque le théâtre, au même titre que la littérature, est le miroir de la société, les choses changent, évoluent, un peu, lentement, sûrement j'espère.

Patrice Charbonneau-Brunelle a accompli un fantastique travail avec le décor et les costumes. Les vêtements du papa, qui évoquent à la fois le coq et la poule, se conjuguent dans un joyeux anthropomorphisme et la maison nous révèle tout au long des 45 minutes du spectacle, plein de surprises. Ce décor multifonctionnel recèle des trésors de portes, de trappes et de tiroirs que Papoul nous révèle avec une charmante exubérance. La maison de Papoul est aussi un personnage qui contribue à la bonne marche des activités de la maisonnée. Charles Dauphinais est un Papoul plein de charisme et d'humanité. Et Christophe Papadimitriou, le grand-père contrebassiste, semble observer tout cela d'un œil un peu étonné quoique complice. Le décor et les comédiens sont dominés par l'horloge, symbole du temps qui avance, des heures qui passent trop vite, de tout ce qu'il y a à faire dans une journée, et aussi symbole de cette enfance qu'on ne voit pas passer, obnubilés que nous sommes en tant que parents par la carrière et les obligations de toutes sortes. Mais voilà que nous découvrons un Papoul qui fait tout cela, qui lutte contre le temps qui lui manque, mais qui aime ses petits poussins par-dessus tout et qui n'a pas peur de le montrer.

C'est un spectacle adorable, visuellement très riche et qui véhicule un message très concret. Léopold S. a beaucoup aimé sa première expérience au théâtre. Il a été subjugué du début à la fin, comme le reste des enfants dans la salle, comme les adultes aussi. Le monde change, les amis. Il y en a des Papoul. Je souhaite d'ailleurs qu'il y en ait de plus en plus.

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