Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
J'ai vuen avril de l'an dernier et j'étais sortie enchantée et conquise par le spectacle. Mais une deuxième fois signifie un regard plus aigu et les péripéties iconoclastes qu'ils vivent à Édimbourg un soir de solstice, pour être hilarantes n'en demeurent pas moins empreintes d'une urgence de vivre et d'un profond désespoir devant l'inéluctabilité du temps qui passe auxquels j'ai été particulièrement sensible cette fois-ci.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Suzane O'Neill

J'ai vu Midsummer en avril de l'an dernier et j'étais sortie enchantée et conquise par le spectacle. L'histoire d'Helena, cette avocate de 35 ans qui aime un peu trop le vin blanc et dont la vie est un scandaleux chaos et de Bob, un nounours mal-léché qui trempe dans des magouilles mafieuses est un plaisir à revisiter. Mais une deuxième fois signifie un regard plus aigu et les péripéties iconoclastes qu'ils vivent à Édimbourg un soir de solstice, pour être hilarantes n'en demeurent pas moins empreintes d'une urgence de vivre et d'un profond désespoir devant l'inéluctabilité du temps qui passe auxquels j'ai été particulièrement sensible cette fois-ci.

Traversé par un lyrisme ironique et gracieux, le texte de David Greig met en scène des personnages terrifiés de voyager en eux-mêmes pour comprendre leurs contradictions, leurs amours malheureuses, leur désir de solitude et leur peur de l'abandon. Ce qui m'a davantage frappé c'est la peur de la mort qui les habite, mais une peur qui se trouve heureusement désamorcée par la spontanéité romanesque qui traverse toute cette pièce agrémentée de neuf chansons. Comme le dit l'une d'entre elles, l'amour brise les cœurs et les rêves de jeunesse s'envolent: Bob ne se mettra pas au jogging et n'écrira pas de recueil de poésie qui lui apportera gloire et renommée. Helena ne concrétisera probablement pas ce diffus désir d'enfant qui surgit en elle de temps à autre. Et la grande force de ce texte c'est de parler de sentiments sans jamais être sentimental et sans jamais donner dans le mielleux dégoulinant. Rien de tel comme la lucidité, car, après tout, il y a peu de temps pour le bonheur, autant en prendre son parti.

La production de Midsummer est identique à ce que j'ai vu l'an dernier. Et je ne vois pas pourquoi on aurait changé quoi que ce soit à ce qui fonctionnait déjà très bien. La mise en scène de Philippe Lambert est au poil, utilisant l'espace réduit de la scène et les quelques accessoires pour nous faire voyager dans les différents lieux de la ville écossaise où notre couple improbable dépense avec une belle ardeur les quinze mille dollars que Bob s'est approprié d'une manière peu orthodoxe. Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant possèdent toujours cette complicité rieuse qui séduit le spectateur et qui transcende l'achoppement de leurs rêves dans la frénésie nocturne de la ville. Les chansons apportent juste ce qu'il faut, avec tendresse parfois, avec humour souvent à ce conte moderne où la belle et le Prince charmant ne répondent pas aux critères habituels et se révèlent réfractaires aux notions passéistes du romantisme.

Midsummer pourrait être qualifié d'hymne au hasard. Sous des apparences de légèreté tendre, David Greig fait le constat vif et original de la complexité des rapports entre les hommes et les femmes. Et de la question du bonheur, ce luxe douloureux.

Midsummer est présentée à La Licorne jusqu'au 23 mai 2013.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.