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Les secrets de la Petite Italie: une mise en scène qui plombe la pièce

Cette pièce riche d'images et d'émotions et réunissant de bons comédiens, aurait pu devenir autre chose si elle n'avait pas été tenue en laisse par une mise en scène qui l'empêche de déployer ses ailes et nous renvoie constamment à l'ordinaire.
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Caroline Laberge

Après Mambo Italiano et Les chroniques de Saint-Léonard, Steve Galluccio est de retour sur la scène du Théâtre Jean-Duceppe avec son plus récent opus, Les secrets de la Petite Italie, un texte qui a le mérite de prendre son inspiration dans l'air du temps et de nous convier de nouveau à l'intérieur des drames d'une famille italienne encore plus colorée que nature.

Dans un décor évoquant, est-on en mesure de penser, un intérieur typique de ce quartier montréalais, intérieur qui n'est d'ailleurs pas si éloigné des décors dans lesquels évoluent bien des familles québécoises de souche, Tony (Roger Larue, toujours aussi bon, solide et convaincant) attend avec impatience sa femme Amanda, partie après le dîner pour faire des courses et qui n'est toujours pas revenue bien qu'il commence à se faire tard. Tony est en compagnie de son vieux père invalide, Lino, joué par Michel Dumont, parfait et totalement crédible dans ce rôle de vieux malcommode qui est Alzheimer seulement quand il le veut bien. Les deux hommes au fil d'un dialogue souvent très drôle, font la démonstration de leur totale incapacité à gérer le quotidien en l'absence d'Amanda et vont faire appel au fils de Tony, à la belle-fille, à la voisine, à l'amie pour tenter de localiser Amanda, celle qui s'occupe de tout et sans qui ils n'existent pratiquement plus.

Mais beaucoup de non-dit flotte sur ce microcosme de la communauté italienne. Et c'est l'apparition surprise du fils de Tony et petit-fils de Lino, Marco, devenu fille et petite-fille et s'appelant désormais Ivana, objet de scandale et de mépris, qui va cristalliser les antagonismes et permettre à de terribles secrets d'émerger.

Marie Michaud, la voisine et amie, est hilarante avec sa propension à tout sur-dramatiser et Danièle Lorain trouve un rôle à sa mesure en propriétaire du plus grand café de la Petite Italie. Davide Chiazzese et Pascale Montreuil, le fils et la belle-fille de Tony, sont un peu unidimensionnels avec leurs chicanes de couple qu'ils ne jouent que dans un seul registre. Et je ne suis pas sûre du choix de François-Xavier Dufour pour le rôle de Marco/Ivana. C'est lui, l'étranger dans le lieu clos de retour vingt ans plus tard, qui va tout faire déraper et provoquer la mise au jour de vérités que personne ne veut entendre et de secrets enfouis soigneusement depuis bien longtemps. Mais la transidentité de Marco/Ivana m'a semblé relever davantage du travesti que du transgenre. La femme qu'il incarne n'est pas vraiment crédible et serait davantage à sa place au Cabaret chez Mado que comme incarnation d'un passage crédible et réussi d'un sexe à l'autre.

Les dialogues révélateurs entre deux personnages qui surviennent de façon ponctuelle, auraient gagné à être mis en valeur par des éclairages délimitant l'espace.

Le choix du réalisme sans concession de la mise en scène enlève de l'épaisseur et de la profondeur à ce texte qui en est pourtant pourvu en dépit de quelques clichés. Les dialogues révélateurs entre deux personnages qui surviennent de façon ponctuelle, auraient gagné à être mis en valeur par des éclairages délimitant l'espace. Monique Duceppe a choisi de ne pas accorder tant d'importance que cela à ces révélations et aux comédiens qui nous les livrent et la scène demeure la même, avec les autres personnages en arrière-plan, qui font semblant d'être occupés ou intéressés et qui nous distraient de l'impact des propos sensationnels qui sont tenus. C'est une mise en scène qui manque de vision et de subtilité et qui n'exploite pas toutes les possibilités des ressorts dramatiques que la pièce de Steve Galluccio comporte. Des choix plus audacieux auraient permis à ce texte de prendre son envol et de gagner en ampleur et en retentissement. Tel qu'il est traité, ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas non plus très très bon. Cette pièce riche d'images et d'émotions et réunissant de bons comédiens, aurait pu devenir autre chose si elle n'avait pas été tenue en laisse par une mise en scène qui l'empêche de déployer ses ailes et nous renvoie constamment à l'ordinaire.

Les secrets de la Petite Italie : au Théâtre Jean-Duceppe jusqu'au 2 décembre 2017.

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