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La Resistenza, ou l'histoire de l'Italie théâtralisée

De Mussolini à Berlusconi, il n'y a qu'un pas. C'est en tout cas l'impression qui nous reste après avoir assisté à, un collage de textes de divers auteurs italiens mis en scène par Luce Pelletier.
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De Mussolini à Berlusconi, il n'y a qu'un pas. C'est en tout cas l'impression qui nous reste après avoir assisté à La Resistenza, un collage de textes de divers auteurs italiens mis en scène par Luce Pelletier.

Ce sont des citations de l'ex-président et magnat de la presse, Silvio Berlusconi, qui scandent le spectacle. On sait le considérable florilège d'inanités qui ont été proféré par ce personnage au cours des années, des remarques sexistes, racistes, des commentaires désobligeants, cruels, démontrant une totale absence de sensibilité ou de considérations pour le peuple italien. Et n'oublions pas les accusations qui ont été portées contre lui et qui laissent entrevoir des sommets de corruption, les relations sexuelles avec des mineures ne représentant qu'un détail parmi tant d'autres. À l'instar des empereurs romains, Berlusconi s'est pris pour un dieu évoluant au-dessus des lois auxquelles se conforme le commun des mortels.

La Resistenza fait partie du Cycle italien du Théâtre de l'Opsis, ces pièces traduites qui nous ont fait découvrir au cours des années des auteurs étonnants et importants auxquels nous n'aurions pas accès autrement. Cet ensemble de textes ratisse large, de Pline le Jeune à Primo Levi en passant par Casanova. Moi qui suis une admiratrice forcenée de la civilisation romaine, je ne peux qu'applaudir lorsqu'on me rappelle l'importance de ces institutions, de ces conquêtes, de cette langue latine qui constituent les fondements de ce que nous sommes. Et les choix d'Olivier Kemeid se révèlent judicieux comme tout.

Un amas de chaises empilées les unes par-dessus les autres compose le décor. À l'avant, les six comédiens vont incarner les protagonistes de divers événements historiques, anciens ou récents, qui ont marqué l'Italie et qui possèdent tous une résonnance universelle. De l'éruption du Vésuve qui a détruit Herculanum et Pompéi en 79 et qui fut rapportée de première main par Pline le Jeune au tremblement de terre du 6 avril 2009 à l'Aquila, on comprend que les catastrophes sont le terreau le plus fertile pour dénoncer les aberrations de la politique et la corruption du système. À Aquila, 308 personnes sont mortes des suites d'un tremblement de terre somme toute mineur. Si les immeubles se sont écroulés, c'est qu'ils avaient été construits sans respecter les normes afin de permettre un profit plus substantiel aux compagnies qui avaient obtenu les contrats. Un exemple parmi tant d'autres de l'avidité qui caractérise toutes les époques.

Les comédiens sont uniformément bons dans cette production, mais je veux souligner la présence lumineuse de Monique Spaziani qui domine la distribution. Elle est la plus gracieuse, elle est encore plus juste que juste, elle communique une ferveur inégalée, elle est merveilleuse.

Le seul moment du spectacle qui m'a semblé un peu long est l'extrait de La Dolce Vita de Fellini. Mais j'avoue que je n'ai jamais aimé le film. Autrement, ce collage de textes épars fonctionne très bien et nous fait voyager sans heurts de l'Antiquité à l'époque contemporaine en sortant des évidences et en nous faisant adhérer à une perspective où l'Histoire exerce sur le spectateur une fascination proche de l'envoûtement.

J'aurais aimé quelque chose sur le pourquoi du comment. Pourquoi les Italiens sont ainsi, toujours à un cheveu de l'anarchie, et comment ils font, malgré tout, et en toute connaissance de cause pour réélire des êtres corrompus jusqu'à la moelle. La fin du spectacle s'interroge un peu là-dessus quand même. Elle met en garde les Italiens de ne pas écouter le petit Berlusconi en eux. Parce qu'il est trop facile de se laisser enferrer dans d'effroyables machinations et de se laisser gouverner par des crétins.

La resistenza est présentée par le Théâtre de l'Opsis à la Cinquième salle de la Place des Arts jusqu'au 19 octobre 2013.

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