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Danz & Toot

La chorégraphie de Didy Veldman se révèle plus intéressante et plus riche que celle de Naharin. Le créateur israélien a tendance à se répéter dans sa gestuelle et cela donne une impression de stagnation sans compter qu'il y a une certaine facilité et beaucoup de prosaïques dans plusieurs scènes de. C'est très charmant de voir tout le monde se déhancher sur une musique entraînante, mais lorsque ça dure un peu longtemps on est pas loin du remplissage ou du manque d'inspiration.
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Serguei Endinian

J'adore voir des hordes de beaux jeunes gens pleins de vigueur et d'enthousiasme s'éclater sur une scène surtout lorsqu'ils semblent prendre autant de plaisir à nous divertir que nous à les regarder.

C'est ce qui se passe pour ce spectacle des Grands Ballets présenté au théâtre Maisonneuve de la Place des arts. Dans une scénographie dépouillée, les danseurs nous proposent deux pièces. La première, Danz, d'Ohad Naharin et la seconde, Toot, de Didy Veldman. Ce sont des reprises rassemblant diverses séquences d'œuvres chorégraphiques déjà existantes. Le résultat nous fait passer une excellente soirée, on en sort le sourire aux lèvres, car c'est rempli d'humour et de fantaisie avec tout de même un léger commentaire social.

La chorégraphie de Didy Veldman se révèle plus intéressante et plus riche que celle de Naharin. Le créateur israélien a tendance à se répéter dans sa gestuelle et cela donne une impression de stagnation sans compter qu'il y a une certaine facilité et beaucoup de prosaïques dans plusieurs scènes de Danz. C'est très charmant de voir tout le monde se déhancher sur une musique entraînante, mais lorsque ça dure un peu longtemps on est pas loin du remplissage ou du manque d'inspiration. Il n'y a rien non plus qui défie les lois de la gravité dans tout cela. C'est à la limite très sage avec la gestuelle/signature de Naharin caractérisée par son utilisation quasi tectonique des pieds et des jambes. Par contre le Toot qu'on nous offre après l'entracte se révèle une œuvre délicieusement fantasque et remplie de légèreté où le geste se fait éloquent. Quand je parlais de léger commentaire social, il est évident que l'on peut interpréter la danse de Toot avec ses danseurs maquillés comme des clowns blancs, comme une dénonciation de la conformité et une ode à l'individualisme. Mais on a pas besoin de commentaire existentiel ou d'interprétation psychanalytique pour apprécier cette pièce pleine de vie où les danseurs s'amusent visiblement beaucoup. Didy Veldman a créé la chorégraphie du ballet Le petit prince présenté par les Grands Ballets en 2011. Une chorégraphie qui m'avait semblé compassée et quelque peu étriquée. Rien de tel pour Toot où on trouve de bien jolis moments et des instants de grâce ancrés dans des allusions aux jeux des enfants. Il y a entre autres une scène (voir photo) où le haut du corps d'une danseuse disparaît littéralement sous un délire de ballons rouges. Elle va entamer un pas de deux avec son partenaire, pas de deux qui se révèle un peu difficile comme vous vous en doutez, mais qui laisse la porte ouverte à bien des fantaisies.

Un mot sur la musique dont le choix est des plus judicieux. Elle rachète en fait les moments un peu plus faibles du spectacle et on ne dira jamais son importance autant pour les danseurs afin de leur permettre de transmettre des émotions que pour les spectateurs qui peuvent mourir d'ennui, j'en suis témoin, à cause de la musique de Tchaikovski dans La belle au bois dormant. Danz & Toot ont choisi le rythme et le ludisme et ça va de Chostakovitch au thème d'Hawaï 5-0. Je suis tout à fait d'accord avec cet éclectisme.

Ce genre de spectacle, c'est ce que les Grands Ballets font de mieux : du contemporain joyeux fait sur mesure pour eux avec une touche d'irrévérence. Que la muse de la danse, Terpsichore, entende mes incantations et nous donne d'autres soirées comme celles-là, pleines d'ardeur et de plaisir.

Crédit photo : Serguei Endinian

Danz & Toot sont présentés à la Place des arts jusqu'au 23 mars 2013.

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