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«Coco»: on régresse, semble-t-il

Le tout est terriblement cliché et les personnages tels que définis, n'aident en rien à sortir de ces sentiers battus et répétitifs. C'est du théâtre Facebook.
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Lors de la représentation de Foirée montréalaise à La Licorne en décembre dernier, le texte de Nathalie Doummar ne m'avait pas convaincue. Avec Coco, toujours à la Licorne, elle ne m'a pas fait changer d'idée. J'ai retrouvé le même éparpillement, la même structure relâchée, les mêmes scories qui alourdissent un texte où on veut en dire trop et où on perd le spectateur en chemin.

C'est bien dommage. L'idée de départ, si elle n'a rien d'original, est néanmoins intéressante: cinq jeunes femmes qui se rappellent leur jeunesse, l'amitié qui les a toujours unies à travers les tempêtes de la vie, les divers événements qui les ont formées, les moments-phares qui éclairent une existence... Enfin, en principe.

Mais Nathalie Doummar part dans toutes les directions, adopte une chronologie plus ou moins éclatée où j'ai eu peine à retrouver le fil et s'attarde davantage à l'anecdote superficielle et, disons-le, parfois bien peu digne d'intérêt qu'aux relations tissées par ces femmes au cours du temps. Le cœur de la narration est cette Coco, Coralie, dont les amies vont lire des extraits du Journal, histoire de la comprendre et histoire de se comprendre elles-mêmes un peu mieux. Mais tout demeure désespérément en surface, il y a peu d'émotion et le fait que les moments, le temps soient mal définis ne nous aident en rien à accompagner ces personnages dans cette quête qui m'a semblé somme toute bien futile.

On les voit donc à différents stades de leur amitié: petites filles qui disent un nombre considérable de niaiseries sans intérêt, ados s'interrogeant sur la sexualité, les garçons, l'amour, jeunes femmes faisant face à de grands bouleversements émotifs, mais le tout est terriblement cliché et les personnages tels que définis, n'aident en rien à sortir de ces sentiers battus et répétitifs.

C'est du théâtre Facebook. Il y a la Bitch, Maggie (Marie-Soleil Dion), Viviane, la brave fille avec du cœur (Anne-Marie Binette, très bonne), Katia, la grande gueule et insécure notoire (Kim Despatis), Simone, la petite lesbienne qui ne dit pas 10 phrases et qui est complètement oblitérée (Sarah Laurendeau) et bien sûr, Coco jouée par Nathalie Doummar qui ment peut-être, qui invente peut-être aussi, qui se veut le point d'ancrage de cette petite communauté mais qui ne véhicule ni la force, ni le charisme auxquels on pourrait s'attendre.

Elles font montre d'une invraisemblable fragilité et on ne saura rien de leur vie au-delà de ces rencontres entre elles. Professions? Ambitions? Projets? Elles n'existent pas à l'extérieur de ce petit cercle fermé et pourraient être des participantes à Occupation double avec la nature des propos qu'elles tiennent et le narcissisme dont elles font preuve et qui est propre à leur génération. Et je me disais qu'en 2016 il y aurait peut-être d'autres façons de parler des relations entre les femmes en tâchant d'éviter les lieux communs dont on pourrait peut-être bien essayer de sortir, tabarnak.

C'est dans un chalet qu'elles se rencontrent et je dois dire que le décor est complètement vraisemblable et convivial avec les petits détails dont on se rappelle tous et qui donnent une touche réaliste à ce texte emberlificoté qui suffoque trop souvent à vouloir donner dans la signification.

À la mise en scène, Mathieu Quesnel a fait quelques choix audacieux, entre autres de faire parfois parler les comédiennes dans une pénombre plus ou moins accueillante, reflet m'a-t-il semblé, de leur recherche de la lumière et de la vérité. Mais cela donne aussi que l'on perd de temps à autres des répliques lorsqu'elles s'expriment sur un ton plus confidentiel. Il y a quelques scènes intéressantes, la première survenant 50 minutes après le début, suivie par un moment trivial et scatologique qui ne fait en rien avancer l'histoire.

Mais ce qui m'a frappée peut-être le plus c'est le malaise qu'expriment ces personnages féminins face à leur sexualité, mal définie, mal comprise, pas du tout assumée, un malaise qu'elles sont incapables d'exorciser et qui les fait demeurer, hélas, à la surface des choses dans des rapports prodigieusement simples et parfaitement compliqués dont on ne sent à aucun moment la portée.

Coco, une production du Théâtre Osmose, à La Licorne jusqu'au 12 février 2016.

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