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«Chroniques d'un coeur vintage»: comédienne cachemire

Ce qui aurait pu être un autre rabâchage de lieux communs devient, avec style et aplomb, une apologie de la littérature, de cet univers où des écrivains disent mille fois mieux que nous ce que nous ressentons.
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Les allers-retours entre le micro et la table rouge, où sont éparpillés livres et carnets, sont calibrés de façon à conférer du dynamisme à ce discours qui ne serait pas déplacé dans un salon littéraire.
Annie Éthier
Les allers-retours entre le micro et la table rouge, où sont éparpillés livres et carnets, sont calibrés de façon à conférer du dynamisme à ce discours qui ne serait pas déplacé dans un salon littéraire.

Sur la scène de la Petite Licorne, la comédienne Émilie Bibeau se livre à l'autopsie de ses chagrins d'amour dans des chroniques d'abord livrées à l'émission Plus on est de fous plus on lit. Mais ce qui aurait pu être un autre rabâchage de lieux communs devient, avec style et aplomb, une apologie de la littérature, de cet univers où des écrivains disent mille fois mieux que nous ce que nous ressentons.

Tout tient dans le charisme et le charme émanant de la comédienne. Ce qui aurait pu devenir un exercice stérile ou une énumération pédante de noms d'auteurs et d'extraits de textes se transforme en une réflexion entremêlant des propos très personnels et des éléments salvateurs. Émilie Bibeau y rejoint Montesquieu, qui souligne que la littérature (je paraphrase) «est le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé».

Le plus intéressant est qu'elle s'est donné la permission de se livrer à cette réflexion, sans prétention aucune, avec humour et humilité, se frottant à de grands textes et y apportant son grain de sel.

Et le plus intéressant est qu'elle s'est donné la permission de se livrer à cette réflexion, sans prétention aucune, avec humour et humilité, se frottant à de grands textes et y apportant son grain de sel. Sa parole est contemporaine, moderne et pertinente. Il est clair qu'elle puise chez les écrivains la volonté et la force d'avancer, un petit miracle que l'on souhaite à tous.

La mise en scène fluide de Sophie Cadieux sait valoriser l'âme vibrante de la comédienne. Les allers-retours entre le micro et la table rouge, où sont éparpillés livres et carnets, sont calibrés de façon à conférer du dynamisme à ce discours qui ne serait pas déplacé dans un salon littéraire.

Émilie Bibeau lit formidablement bien, c'est senti, modulé, tendre et sarcastique. Elle se moque gentiment de Cioran, ce désespéré notoire, qu'elle qualifie de gai-luron de la philosophie, elle nous confie son admiration pour Roland Barthes et Sidney Crosby, pour Gaston Miron et Meredith de Grey's Anatomy.

Ses goûts sont éclectiques et cela rend d'autant plus attachante cette exploration de textes divers, d'écrivains, poètes, philosophes dissemblables, qui ont tous cependant en commun la volonté de donner un sens à ce qui semble insensé.

Émilie Bibeau a compris que les livres nous enseignent les sentiments, les passions, les vertus, les folies salutaires et les excès funestes.

La littérature débusque le mystère de ce qui est familier et nous confère un super-pouvoir. Émilie Bibeau a compris que les livres nous enseignent les sentiments, les passions, les vertus, les folies salutaires et les excès funestes. Et que le monde réel est là, à portée de nos yeux.

Chronique d'un cœur vintage: Théâtre La Licorne, jusqu'au 22 septembre 2018

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