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J'ai beaucoup ri à cette mouture et mon complice de ce soir-là aussi. Il ne faut pas chercher de profondeur ni de discours subversif dans ce genre d'exercice, mais l'humour parfois décapant sert aussi d'instrument de critique sociale.
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C'est comme ça. Le temps passe. Inéluctable. Une autre année se profile à l'horizon. Le temps des Fêtes et son cortège de dépenses, de préparation de bouffe et d'obligatoire exercice en diplomatie familiale approche à grands pas. On se demande toujours si on va passer au travers, si on va se rendre intact de l'autre côté du 31 décembre. Et à chaque année c'est le cas. On peut bien se vanter le reste de l'année de nos traditions et rituels de Noël, les mettre en branle et les concrétiser demande un effort considérable. Voilà pourquoi quand il y a des traditions qui ne nous demandent pas trop d'efforts, on ne devrait pas s'en priver. Le Bye Bye à la télévision est de celles-là et la Revue annuelle du Rideau vert en est une autre qui nous accompagne depuis 10 ans déjà.

J'ai beaucoup ri à cette mouture et mon complice de ce soir-là aussi. Il ne faut pas chercher de profondeur ni de discours subversif dans ce genre d'exercice, mais l'humour parfois décapant sert aussi d'instrument de critique sociale. Et de voir parodiés nos dirigeants, la corruption, les poursuites-bâillons et certains de nos travers comme société contribuent, j'ose le dire, à une certaine prise de conscience. Quand ce ne serait qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer...

La mise en scène d'Alain Zouvi est au quart-de-tour. Et les petites productions vidéo sont très bien faites (je me souviens d'une année où elles donnaient dans l'amateurisme). Les comédiens survoltés sont en parfait contrôle de ce délire scénique où les changements de costumes, de perruques et d'accessoires se succèdent à un rythme effréné. J'aime à imaginer les coulisses de ce spectacle où l'organisation doit être absolument impeccable et où tout s'accomplit dans une frénésie disciplinée.

On se moque allègrement des Résidences Soleil, de nos trois docteurs qui passent à la casserole, de Denis Lévesque interviewant Eugénie Bouchard et de sœur Angèle qui décide, elle aussi, d'avoir un food-truck où elle proposera une portion de gâteau des anges au porc effiloché pour 14$. Jean Airoldi fait un tour dans l'Unité 9 afin de relooker Shandy, Suzanne, Élise et Henriette Boulier. L'hilarité s'ensuit. On découvre que l'austérité imposée par nos gouvernements est un excellent moyen de contraception et on a droit à un Justin Trudeau plus vrai que nature qui nous parle de sa vision (!) du Canada, un pays avec des gens, des chiens, des chats et des petits lapins. Un sketch sur La Voix avec des imitations (réussies) d'Éric et Pierre Lapointe traîne un peu et pourrait être resserré. On rend hommage à Gilles Latulipe qui retrouve au paradis ses amis et complices de toujours et la divine Suzanne Champagne incarne (peut-être pour la dernière fois) sa Pauline Marois plus vraie que nature. Ici, je me suis dit qu'il était dommage pour la comédienne de perdre un personnage si riche en potentiel humoristique. Comme il a été dommage de voir Jean Drapeau, Jean Chrétien, Brian Mulroney et tant d'autres quitter leurs fonctions. Mais je sais que Suzanne Champagne n'est pas la femme d'une seule imitation et qu'elle va continuer à nous faire rire avec son immense talent.

D'ailleurs ils sont tous talentueux, ces spécialistes des revues annuelles. Et on dirait que la petite nouvelle, Julie Ringuette, a fait cela toute sa vie. Épaulés par des auteurs solides, les comédiens se déchaînent sur scène avec une assurance qui n'a d'égale que le plaisir qu'ils semblent y trouver. Et je ne peux qu'admirer l'énergie qu'ils y mettent.

Je me demande ce que l'on ressent lorsqu'on se voit caricaturé sur la scène de la sorte. Le soir de la première au Rideau vert, tout le jet-set montréalais se trouvait là : Jean-François Lisée, Charles Tisseyre, Denis Coderre, les comédiennes d'Unité 9, etc. etc. Il n'y a évidemment rien de bien méchant dans l'ironie fantasque des sketchs, sauf peut-être le segment quelque peu venimeux sur l'ex-lieutenant-gouverneur Lise Thibault qui avait des accents de RBO. Mais ça me rappelle que l'Histoire est remplie de ce genre de balivernes. Dans la Rome antique, Martial se moquait de tout et de tous dans ses Épigrammes. Le Rideau vert peut donc se réclamer d'une longue tradition.

2014 Revue et corrigée, au Rideau vert jusqu'au 4 janvier 2015.

Revue et corrigée 2014

Revue et corrigée 2014

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