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J'avais des préjugés sur les mères qui travaillent... jusqu'à ce que je tombe enceinte

Avant d'avoir des enfants, j'étais très occupée. J'avais des semaines de travail extrêmement chargées, week-end compris, au service marketing d'un grand éditeur new-yorkais. Je pensais savoir ce que vivaient les mamans qui travaillaient.
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Avant d'avoir des enfants, j'étais très occupée. J'avais des semaines de travail extrêmement chargées, week-end compris, au service marketing d'un grand éditeur new-yorkais.

Je pensais savoir ce que vivaient les mamans qui travaillaient. Après tout, j'avais commencé à faire du baby-sitting à l'âge de treize ans, et vu ma sœur élever deux enfants. Je savais que c'était quelque chose de difficile, mais de gratifiant. Je pensais que les mères qui travaillaient pouvaient avoir le beurre et l'argent du beurre, et je disais à qui voulait l'entendre que je ferais un jour partie de ces femmes qui réussissent à combiner vie privée et vie professionnelle.

Avec le recul, je m'aperçois que je ne comprenais pas vraiment ce qu'implique la maternité, et que j'avais des préjugés.

Un jour, au bureau, la direction m'a demandé d'organiser, avec une collègue, un petit déjeuner professionnel et de faire une présentation PowerPoint à toute l'équipe. Nous devions arriver une heure plus tôt pour préparer la salle et répéter ce que nous allions dire. Le jour dit, je suis arrivée à l'heure. Jen, ma collègue, était en revanche introuvable. J'ai commencé à tout préparer en pestant silencieusement contre son manque de ponctualité.

L'heure de la réunion approchant, j'ai fini par l'appeler. Jen s'est excusée, et elle m'a dit qu'elle avait eu des problèmes pour emmener ses enfants à l'école mais qu'elle était maintenant dans le train. J'ai répondu que je l'attendais, mais je lui en voulais de m'obliger à m'occuper de tout à cause de ses enfants.

Maintenant que j'y repense, la journée de Jen a probablement été bien pire que la mienne. Elle avait non seulement dû se lever tôt et s'occuper de ses enfants, mais elle était en retard à sa propre réunion et s'inquiétait sûrement de la façon dont la direction interpréterait son retard. Moi qui habitais en centre-ville, je n'avais pas de train à prendre. J'ai depuis déménagé en banlieue, et je me rends compte du temps passé dans les transports, et de la facilité avec laquelle on peut rater son train.

J'avais cru la comprendre mais je m'étais trompée.

Les célibataires au bureau, dont je faisais partie, se plaignaient du fait que certaines mamans partaient à 17 h tous les soirs alors que nous devions rester jusqu'à 20 h. « C'est injuste ! », s'écriait-on. Ce que nous ne comprenions pas, c'est que la crèche fermait à 18 h et qu'en cas de retard, les parents devaient payer une pénalité. Ou que quand ces mères rentraient à la maison, c'était pour entamer une deuxième journée de travail en s'occupant des enfants avant de se remettre devant l'ordinateur pour boucler leurs dossiers jusque tard le soir. Tout cela pendant que nous autres célibataires sortions dîner ou prendre un verre...

Il y avait toujours quelqu'un pour dire : « Elle a qu'à prendre une baby-sitter. Comme ça, elle arrêtera de partir avant les autres », sans penser qu'il était important pour elle de profiter de ses enfants avant de les coucher à 19h. Ou qu'une baby-sitter coûte de l'argent et que le budget est déjà serré quand on a des enfants.

En tant que célibataire, j'étais très occupée, mais je n'étais responsable que de moi : ma carrière, mes hobbies, mes amis. Ce n'est qu'à la naissance de mon premier enfant que j'ai compris le sens de l'expression « une journée bien chargée ». Mes besoins sont passés au second plan parce que ma nouvelle priorité était de faire en sorte que mon enfant soit heureux, en bonne santé, et que je m'occupe bien de lui. Quand je me levais tôt, ce n'était plus à sept heures du matin, mais à deux et cinq heures, pour lui donner le sein, et je ne prenais que vingt minutes pour me préparer avant de partir (ce n'est qu'en arrivant au bureau que je me rendais compte que j'avais oublié de me maquiller). J'avais une nounou mais, à cause de mes horaires, je ne voyais mon bébé qu'une heure par jour. Pas vraiment le genre de mère que j'avais rêve d'être...

A force d'essayer de trouver un équilibre entre mon travail et mon enfant, j'étais de plus en plus stressée, mentalement et physiquement. Apparemment, je ne pouvais pas avoir le beurre et l'argent du beurre sans que quelqu'un y perde au change. Je me suis donc penchée sur nos comptes pour voir si je pouvais me permettre de travailler à temps partiel. Il faudrait réduire notre train de vie et se serrer la ceinture. Mais même si cette période d'incertitude a été effrayante, je savais au fond de moi que j'avais fait le bon choix.

J'ai fait le grand saut, et je me suis lancée dans une seconde carrière de rédactrice et correctrice freelance, afin de pouvoir travailler chez moi. Ca ne s'est pas fait sans difficultés mais j'ai acquis de l'expérience. A cette période, on découpait les bons de réduction, on achetait comptant et on a interrompu notre abonnement au câble. On a fait ce qu'il fallait pour franchir ce cap. Je sais que j'ai de la chance, et que tout le monde n'a pas la possibilité de faire ce que j'ai fait. Je sais aussi que rien n'est jamais acquis.

Depuis, j'ai créé un blog sur l'éducation des enfants et sur la culture. J'aime ce que je fais, et j'aime encore plus le fait de pouvoir organiser mes horaires pour m'occuper de nos deux enfants.

Je suis devenue une de ces mères chefs d'entreprise. Et je l'ai fait à ma manière.

Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post (Etats-Unis), a été traduit de l'anglais par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

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