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Immigration et langue: les propositions incohérentes et irréalistes de la CAQ

D’où sort ce chiffre magique de 40 000?
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Combien de candidats immigrants seront prêts à venir au Québec, si tout ce qu’on leur accorde est un certificat d’accompagnement transitoire et qu’après quatre ans, ils peuvent être déclarés non admissibles à la résidence permanente?
Margolana via Getty Images
Combien de candidats immigrants seront prêts à venir au Québec, si tout ce qu’on leur accorde est un certificat d’accompagnement transitoire et qu’après quatre ans, ils peuvent être déclarés non admissibles à la résidence permanente?

Il y a quelques mois, le chef de la Coalition avenir Québec déclarait, sur les ondes de CBC, qu'en matière d'immigration, «nous avons trop mis l'accent sur la connaissance du français. (...) Le premier, et sans doute le seul critère, doit être la compétence, et satisfaire les besoins du marché du travail (...)» (notre traduction).

François Legault propose ensuite de réduire le seuil d'immigration à 40 000 par an. Si les besoins du marché du travail étaient vraiment prioritaires, ne devrait-il pas pour le moins envisager la possibilité de maintenir le taux actuel, si cela satisfaisait le marché du travail? D'où sort ce chiffre magique de 40 000?

Priorité au français ou aux compétences?

Selon la logique caquiste, la compétence des immigrants est prioritaire. Alors, si la grande majorité de ces immigrants qualifiés ne sont pas francophones, c'est pour ainsi dire secondaire: on leur donnera quatre ans (trois, jusqu'à récemment) pour apprendre le français et réussir un «test de base pour être capable de parler en français».

Une telle nonchalance témoigne du peu de sensibilité manifestée pour l'avenir du français.

Une telle nonchalance témoigne non seulement du peu de sensibilité manifestée pour l'avenir du français, mais elle introduit également une forte incertitude quant aux effets d'une politique d'immigration. Surtout lorsqu'on prend en compte deux autres «exigences» proposées par la CAQ, à savoir réussir un test portant sur la connaissance des «valeurs québécoises» et prouver que l'on a fait des efforts suffisants pour s'intégrer sur le marché du travail québécois.

Combien de candidats immigrants seront prêts à venir au Québec, si tout ce qu'on leur accorde est un certificat d'accompagnement transitoire (ce qui implique qu'on assimile les immigrants économiques à des travailleurs temporaires) et qu'après quatre ans, ils peuvent être déclarés non admissibles à la résidence permanente, et ce, sur la base de trois tests dont le contenu est imprécis? Que peut bien couvrir un test portant sur les «valeurs québécoises»? Quels seront les critères pour juger des efforts d'intégration sur le marché du travail?

En outre, la CAQ semble avoir oublié que c'est le gouvernement fédéral qui délivre les visas d'immigrant. Qu'adviendra-t-il des immigrants qui, après quatre ans de séjour au Québec, auront échoué à l'un ou à l'autre des autres tests imposés par un gouvernement caquiste?

L'efficacité de ces tests dépendra en fin de compte de la volonté d'Ottawa.

Ce dernier peut-il vraiment espérer que le gouvernement fédéral procédera à leur expulsion, alors que jusqu'à aujourd'hui, ce dernier n'a jamais expulsé un seul immigrant pour des raisons d'intégration linguistique ou économique ratée?

L'efficacité de ces tests dépendra en fin de compte de la volonté d'Ottawa. Le ministre fédéral de l'Immigration s'est d'ailleurs empressé de rappeler que la «proposition (de la CAQ) ne s'intègre pas dans l'entente actuelle», donc que l'Accord Canada-Québec relatif à l'immigration devra être renégocié, ce qui introduit une incertitude additionnelle pour les immigrants qui envisageraient de s'établir au Québec.

Ce texte est un extrait de «Le Démantèlement tranquille: le Québec à la croisée des chemins», sous la direction de Steve E. Fortin, Québec/Amérique, 2018

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