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Le salaire minimum ou l'arrogance des riches

Décidément, Carlos Leitão et moi n'avons pas la même définition de ce qui est «» et «». Comment espérer que la situation des travailleurs et travailleuses qui vivent sous le seuil de la pauvreté s'améliore si ceux qui auraient la capacité de changer les choses ne voient pas de problème avec la situation actuelle?
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Le salaire minimum à 10,75 $ de l'heure est « approprié », affirme sans vergogne le ministre des Finances Carlos Leitão. Il n'y a donc « pas de problème à ce niveau-là », selon lui. Un salaire minimum annuel qui tourne autour de 20 000 $ « est à l'intérieur de ce qui est souhaitable », ajoute celui qui gagne autant en un mois et qui, dans son ancienne vie de banquier, en gagnait autant en quelques semaines. L'arrogance de certains riches n'a de toute évidence aucune limite!

À l'inverse, Carlos Leitão juge tout à fait approprié que des radiologistes, comme son collègue Gaétan Barrette, gagnent en moyenne 700 000 $ et plus, à même l'argent des contribuables. Il trouve tout à fait souhaitable que des patrons de grandes entreprises québécoises comme Bombardier gagnent 7 millions $ alors que son PDG, Alain Bellemare, soutire à l'État 1,5 milliard d'argent public pour éviter que son « fleuron » ne soit acculé à la faillite. Même si objectivement sa performance laisse à désirer, ce chef d'entreprise gagne en moins d'une journée ce que gagne en un an un travailleur au salaire minimum. C'est 350 fois plus d'argent, soit 3 500 $ de l'heure!

Pendant ce temps, les préposées aux bénéficiaires qui s'occupent de nos aînés peuvent bien gagner 11 ou 12 $ de l'heure, le ministre Leitão et son gouvernement n'en ont rien à cirer. Elles n'avaient qu'à choisir le bon métier... Le ministre trouve cependant approprié et souhaitable que les gens déjà riches continuent de s'approprier une part de plus en plus grande de la richesse collective.

Pour ne donner qu'un exemple, le salaire des médecins spécialistes a augmenté de 33 % en cinq ans et augmentera de façon encore plus considérable dans les prochaines années, alors que le salaire minimum n'a augmenté que de 9 %, ce qui couvre à peine l'inflation. Le plus inquiétant c'est que les propos de M. Leitão nous indiquent que les travailleurs et travailleuses au salaire minimum devront probablement se contenter de 20 cents de plus annuellement tant que le gouvernement libéral sera au pouvoir. Ils et elles sont condamnés à voir leur pouvoir d'achat et leurs conditions de vie faire du surplace.

Décidément, M. Leitão et moi n'avons pas la même définition de ce qui est « souhaitable » et « approprié ». Comment espérer que la situation des travailleurs et travailleuses qui vivent sous le seuil de la pauvreté s'améliore si ceux qui auraient la capacité de changer les choses ne voient pas de problème avec la situation actuelle?

L'augmentation du salaire minimum est une politique économique et sociale structurante qui permettrait de régler une partie des problèmes de pauvreté au Québec.

Le seul mérite du gouvernement Couillard est d'être clair sur ses intentions. Les travailleurs et travailleuses à bas salaire savent maintenant qu'ils ne peuvent compter sur le gouvernement actuel pour améliorer leur rapport de force à l'égard des patrons souvent millionnaires comme les dirigeants de Couche-Tard (dont le PDG gagne 15 millions $ annuellement!) et autres grandes firmes de commerce au détail, de restauration rapide ou d'hébergement pour personnes âgées. Pas surprenant que le sentiment d'injustice grandisse parmi la population.

La vérité c'est que si l'on augmentait le salaire minimum à 15 $ l'heure et qu'on diminuait de façon importante l'écart avec le salaire médian, ce sont un million de travailleurs et travailleuses québécois qui amélioreraient directement leurs conditions de vie. Du même coup, ils contribueraient davantage au trésor public ainsi qu'à la croissance économique par la stimulation de la consommation. Par ailleurs, ils dépendraient beaucoup moins des allocations de l'État.

Le seul véritable argument présenté par la droite pour s'opposer à l'augmentation substantielle du salaire minimum est celui de la peur. La peur de voir de nombreux emplois être perdus. Cependant, les faits sont têtus et démontrent le contraire. L'an dernier, l'Allemagne a instauré un salaire minimum alors qu'il n'y en avait aucun dans ce pays. À l'époque, les opposants brandissaient l'épouvantail des pertes d'emplois et prévoyaient une explosion du chômage. Il n'en fut rien. Encore cette semaine, les journaux européens titraient qu'aucune vague de licenciement n'avait eu lieu, faisant mentir les groupes patronaux et autres lobbies de droite qui déchiraient leur chemise devant une telle mesure.

L'augmentation du salaire minimum est une politique économique et sociale structurante qui permettrait de régler une partie des problèmes de pauvreté au Québec. Elle renverserait un tant soit peu la tendance à l'accumulation de la richesse par les gens déjà riches au détriment des travailleurs et travailleuses à petit salaire, ceux-là mêmes qui voient leur situation stagner ou se détériorer depuis trop longtemps et qui sont souvent forcés de vivre sous le seuil de pauvreté. Voilà ce qui serait approprié et souhaitable. C'est une question de dignité.

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