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Solidarité: il était une fois... la réalité

Au Danemark, la solidarité n'est pas juste un système politique ou administratif, mais un système de valeurs, qui fonde toute la vie en commun.
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Un ami bien intentionné me donne son avis sur le petit livre que je viens de publier, Heureux comme un Danois: "Oui, très sympa. Mais allez, entre nous: ton truc... c'est le pays des bisounours!" Le livre parle de dix clés qui peuvent expliquer le fameux bonheur danois. L'accès pour tous à l'éducation, l'importance accordée à l'équilibre entre vie privée et professionnelle, l'égalité homme femme... Ca, d'accord, mon ami veut bien y croire. Mais penser que les Danois sont contents de payer leurs impôts, alors qu'ils sont parmi les plus élevés au monde, non! Impossible: ça doit être un conte du bon Monsieur Andersen.

Justement pas: la solidarité au Danemark est une réalité, ancrée dans la vie quotidienne de plus de cinq millions de personnes. Oui, sept Danois sur dix trouvent que le niveau d'impôt qu'ils payent est juste par rapport aux services qu'ils reçoivent. Mais il ne faut pas se tromper sur le sens de cette solidarité au Danemark : ce n'est pas juste un système politique ou administratif, mais un système de valeurs, qui fonde toute la vie en commun.

La première de ces valeurs sur laquelle reposent toutes les autres, c'est la confiance.

Si vous allez prendre un verre un après-midi à Copenhague, vous verrez peut-être des poussettes à la porte du café... avec les bébés dedans. Les parents sont à l'intérieur à discuter tranquillement: personne n'imagine une seconde qu'il puisse arriver quoi que ce soit. Au Danemark, presque 80% des personnes font confiance aux autres (la moyenne mondiale est à 25%). La confiance des gens est aussi très forte dans les institutions, à près de 85%, et la corruption n'est même pas envisageable.

Le deuxième pilier de la solidarité, c'est, paradoxalement, l'autonomie et une grande liberté individuelle.

C'est parce que les gens s'assument eux-mêmes, et très tôt, qu'ils prennent conscience de leur rôle à eux, unique, dans la construction du projet commun. 70% des jeunes entre 13 et 17 ans ont un emploi à côté de l'école. Aller livrer des journaux à six heures du matin avant les cours ou faire des ménages le week-end ce n'est pas vraiment un conte de fées ; mais ce n'est pas un enfer non plus: pour les jeunes, c'est juste normal s'ils veulent se donner les moyens de vivre leur vie, de faire des choses qui leur plaisent sans avoir à demander d'argent ni aux parents ni à personne. Et ça reste toute la vie dans la mentalité danoise: ne pas compter sur les autres pour construire son propre chemin tout en ayant une certaine tranquillité d'esprit dans une société de confiance qui ne vous laisse pas tomber.

Enfin, il y une troisième valeur fondamentale qui marche avec les deux autres: la responsabilité.

Les Danois n'attendent pas "quelque chose" de l'État : ils attendent quelque chose... les uns des autres! Autrement dit, ils veulent bien s'engager dans le projet commun, mais à la condition que tout le monde participe, et respecte les règles du jeu. Par exemple, au Danemark, le niveau d'indemnisation chômage est plutôt confortable par rapport aux autres pays d'Europe. Mais pas question d'en "profiter": en septembre 2012, un jeune homme surnommé "Robert le Paresseux" s'en est bien rendu compte. Il a déclaré publiquement qu'il ne souhaitait pas accepter un travail inintéressant à ses yeux dans une chaîne de fast food et qu'il préférait finalement garder son assurance chômage. Il s'est mis toute l'opinion sur le dos! Cet impératif de responsabilité est valable bien sûr pour tout le monde. Il y a quelques semaines, une polémique a fait la une de l'actualité Danoise: notre ancien premier ministre, devenu chef du parti majoritaire de droite "Venstre" a scandalisé le pays parce qu'il a fait passer en note de frais professionnels des achats de vêtements (y compris des slips !!) sans les déclarer aux impôts comme des avantages en nature pour lui! Une majorité des Danois demande sa démission. Eh oui: en matière de solidarité et de responsabilité, la réalité dépasse parfois la fiction!

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